Victoria, l’une des capitales provinciales les plus blanches du Canada | Le Mois de l’histoire des Noirs dans l’Ouest canadien



J’ai eu un choc en arrivant ici, lance Pulchérie Mboussi, la directrice générale du Centre Issamba.

Originaire du Cameroun, elle s’est d’abord installée à Québec en 1992 avant de poser ses valises à Victoria il y a 12 ans. Celle qui a traversé le Canada d’un océan à l’autre ne s’attendait pas à voir si peu de personnes issues des communautés noires.

Tu vas à Montréal, tu vas à Toronto, tu y vois de la diversité. Je me disais : “en Colombie-Britannique, il fait chaud donc c’est sûr qu’il y a beaucoup plus de communautés. Mais quand je suis arrivée à Victoria, c’était vraiment choquant.

En 2016, moins de 1,5 % de la population victorienne était noire

Si les données du dernier recensement ne seront publiées qu’au mois d’avril, en 2016, seul 1,31 % des résidents de Victoria étaient des personnes noires, selon Statistiques Canada. Ce qui représente le plus bas pourcentage de personnes de cette communauté dans une capitale provinciale au pays.

À titre comparatif, en 2016, 15,5 % des résidents de Regina étaient issus des communautés noires, 6,4 % à Ottawa et 1,69 % à Fredericton.

Selon Pulchérie Mboussi, les coûts élevés à Victoria et la quasi-absence de représentativité à Victoria ont poussé bon nombre de ceux qui ont tenté de s’y ancrer à en repartir.

J’en ai connu qui était ici, et qui sont partis à Vancouver ou retourner dans l’Est, dit-elle.

L’absence de sentiment d’appartenance

La cause de cette fuite ? L’absence de sentiment d’appartenance.

Tu peux venir ici, avoir le plus bel emploi, tout! Mais si tu ne sens pas que tu appartiens à cette place, tu vas toujours pensé que tu es de passage, indique Pulchérie Mboussi.

Pour ces raisons, le professeur en justice sociale et résolution des conflits interculturels à l’Université de Victoria, Moussa Magassa, n’envisageait pas poser durablement ses valises à Victoria lorsqu’il y effectuait ses études.

À l’époque, la diversité si on parle de la diversité raciale, c’était un noir que je voyais une fois par mois.

Et au-delà du manque de représentativité, il indique qu’il y faudrait plus d’inclusion.

Victoria, comme vous voyez, c’est une belle ville. Tout le monde est gentil. On rencontre des gens, ils vous disent bonjour et ils sourient. Mais cela n’empêche que quand nous parlons de la diversité, ce n’est pas seulement voir la diversité. C’est aussi l’inclure. C’est l’accepter et je pense qu’il reste beaucoup à faire.

Pour changer ce paradigme, le centre Issamba a lancé un sondage auprès des communautés noires de la Colombie-Britannique. L’objectif : connaître leurs défis et leurs besoins.

Les résultats du sondage ont permis l’élaboration d’un rapport qui fait état de près de 92 recommandations au gouvernement provincial concernant, entre autres, l’éducation, l’accès au logement ou encore à l’emploi

Est-ce que c’est normal que dans une place de 2000 employés ou même 100 employés tu voies juste un noir?

Déconstruire le racisme et la discrimination

L’association interculturelle du Grand Victoria et le partenariat local pour l’immigration s’attellent depuis plus d’un an à faire tomber les barrières.

Dans les rues de la capitale, une campagne publicitaire se veut un moyen de pousser les entreprises à créer des milieux de travail équitables.

Nous avons reçu une très bonne réponse de la part de la communauté. Nous avons été contactés par de nombreuses institutions et organisations pour faciliter cette conversation et la faire avancer, explique Florentien Verhage, la coordinatrice du partenariat local pour l’immigration.

Elle précise que l’association a également lancé deux programmes de formation à l’antiracisme en milieu professionnel et travaille à déconstruire l’idée que certains se font du racisme et de la discrimination.

Très souvent, les gens pensent au racisme et ils pensent à la haine, à des actes de domination qui sont méchants. Et personne ne se rend compte que le racisme peut se cacher derrière un sourire, et que les gens peuvent sourire et exclure des gens, raconte Florentien Verhage.

Moussa Magassa est du même avis.

La solution, c’est le système, les politiques, la culture que l’on doit essayer de changer. Non pas essayer d’ouvrir des petites portes ici et là en pensant qu’en amenant un noir qui à la réception, on a accompli tout.

Impliquer les différents paliers gouvernementaux

Le professeur estime que les différents paliers gouvernementaux doivent plus s’impliquer.

On a besoin d’action. Actuellement la secrétaire parlementaire est en train de travailler sur un politique antiraciste ce qui est super, mais ce n’est pas suffisant, dit-il.

Selon lui, il faudrait mettre des politiques en place contre le racisme.

C’est des lois, des politiques qui sont très fermes et très claires comme quoi le racisme ne doit pas être toléré. Et que surtout, ce n’est pas seulement qu‘on dit qu’on ne le tolère pas, mais surtout qu’il y est des processus pour l’adresser.



Reference-ici.radio-canada.ca

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