Lors de la conférence de presse coïncidant avec la publication du rapport, l’ancien sergent mohawk Derek Aronhia:Nens Montour a ainsi relaté sa période d’instruction au sein des Forces armées canadiennes. Celle-ci a rapidement tourné court, au point où il s’est ensuite engagé avec les Marines aux États-Unis.
J’ai toujours été intéressé par l’armée
, a indiqué ce natif de Kahnawake au sud de Montréal. Il entreprend son instruction en tant que fantassin au Royal Montreal Regiment en 1989. Il était donc en formation dans les Forces armées canadiennes au moment de la crise d’Oka l’année suivante.
« J’ai entendu les membres de mon unité dire “espérons qu’on sera envoyés là-bas pour tuer ces sauvages”. Ça a changé ma perception au sujet du racisme et de la discrimination et j’ai fini par m’engager dans le corps des Marines aux États-Unis. »
Un témoignage qui concorde avec ceux reçus lors des travaux du groupe consultatif du ministère de la Défense nationale sur le racisme systémique et la discrimination, qui évoque un environnement toxique dans les milieux de travail militaires et civils
.
Si cette toxicité n’est pas rapidement maîtrisée et éliminée, ses répercussions persisteront pendant des années et entacheront la réputation de l’Équipe de la Défense au point de repousser les Canadiens et les Canadiennes à se joindre à ses effectifs. Les données de recrutement suggèrent que c’est déjà le cas
, mentionnent les quatre auteurs du rapport, dont fait partie M. Montour.
Si démographiquement, les Autochtones sont plus jeunes que la moyenne canadienne, ils sont sous-représentés au sein de l’armée. Ils totalisent 3,8 % des effectifs au sein des Forces armées canadiennes et 3,4 % au sein du Ministère de la Défense nationale alors qu’ils représentent 4,9 % de la population canadienne.
« Les programmes destinés aux peuples autochtones ressemblent presque à un effort pour les faire entrer afin qu’ils et qu’elles puissent ensuite être assimilés au moule militaire traditionnel sans autre considération pour leur diversité culturelle. »
Des officiers à 95 % blancs
Les soldats autochtones ont en outre peu de chances d’accéder à des postes d’officiers qui sont accaparés par des personnes blanches dans 95 % et plus des cas. Au Canada, cette situation n’est pas propre à l’armée, mais elle y est toutefois plus criante que dans bien des secteurs.
La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a assuré être résolue à déployer tous les efforts nécessaires pour faire des forces armées et de son ministère un endroit inclusif.
« Je sais ce que c’est que d’être une femme racialisée dans une grande organisation et de faire face à la discrimination et au racisme systémique. »
Elle a notamment promis la mise sur pied d’un plan d’action pour mettre en œuvre les 13 axes de recommandations du rapport.
Parmi ceux-ci, le troisième concerne uniquement les peuples autochtones. On y recommande notamment d’engager la discussion au sujet des terres saisies pour l’aménagement d’installations militaires et de revoir les références militaires problématiques (drapeaux d’unité, monnaies commémoratives, etc.) n’exprimant que la perspective colonialiste
.
Un haut-gradé autochtone devient commandant
Dans le prochain plan d’action, des paramètres précis seront mis en place et suivis régulièrement, afin de faire de l’armée un lieu exempt de discrimination, a promis la ministre Anand. Le groupe consultatif a en effet mis en relief l’impossibilité d’obtenir des réponses précises sur la mise en place des quelque 258 recommandations déjà préconisées depuis 20 ans.
Le bureau de l’ombudsman du ministère de la Défense et des Forces armées canadiennes a mené sa propre étude sur les efforts des ne seraient pas beaux à voir
, selon le porte-parole du bureau de l’ombudsman, Andrew Bernardo.
Selon la ministre Anand, la volonté de changement est là, même si les problèmes ne seront pas réglés du jour au lendemain
. La semaine dernière le Ministère de la Défense nationale a annoncé que le lieutenant-général Jocelyn Paul, membre de la Première Nation Huronne-Wendat, dirigera dès cet été l’Armée canadienne. Il est originaire de Wendake.
Ce dernier n’était toutefois pas disponible pour des entrevues, indique une porte-parole des
FAC.
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