Québec demande aux résidences de refaire bouger d’urgence les aînés


Selon nos informations, la directive qui s’adresse à tous les types de milieux de vie et d’hébergement (résidence privée pour aînés, Centre d’hébergement et de soins de longue durée, RI-RTF) sera envoyée au réseau d’ici lundi.

Cette consigne s’ajoute aux assouplissements dans les mesures de prévention et de contrôle des infections, annoncés mercredi.

Le mal à abattre, c’est le déconditionnement, notamment physique, conséquence de l’inactivité et de la sédentarité.

« Bien que ses effets soient généralement réversibles, il arrive que ce ne soit pas le cas et que le cumul de certaines complications puisse mener à une hospitalisation. Il importe donc d’agir rapidement. »

— Une citation de  Directive du ministère de la Santé et des Services sociaux

Des sources dans le réseau de la santé trouvent que la directive arrive tard.

Déjà, des établissements n’ont pas attendu les consignes du ministère pour agir, car ils sont trop inquiets des conséquences physiques qu’ont subies les aînés. Certains ont été isolés dans leur chambre pendant plusieurs semaines.

Des kinésiologues appelés en renfort, mais trop peu nombreux

Certains aînés sont fortement atteints par la perte d’autonomie causée par l’isolement à la chambre et la diminution des sorties, admet le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches.

L’établissement vient de conclure un contrat avec l’entreprise Nautilus, dont on connaît les centres d’entraînement, pour recourir aux services de 10 kinésiologues dans les CHSLD de la région.

« Il nous importait donc d’agir rapidement pour contrer ce déconditionnement physique, car nous avons constaté d’urgents besoins en la matière, en suivi de notre cinquième vague qui a été particulièrement éprouvante pour les aînés de nos milieux de vie. »

— Une citation de  Mireille Gaudreau, porte-parole du CISSS de Chaudière-Appalaches

En vertu de l’urgence sanitaire, le CISSS a conclu le contrat de gré à gré, d’une durée de six mois, pour un montant de 650 000 $.

Les professionnels sont déjà mobilisés dans les CHSLD depuis quelques jours, explique la porte-parole Mireille Gaudreau. Il fallait agir dans les plus courts délais possibles, dit-elle. Dans ce type de situation, chaque journée est importante si on souhaite limiter au maximum les pertes de capacités physiques des aînés qui peuvent être, malheureusement, irréversibles.

Le CISSS admet avoir besoin de 30 autres kinésiologues pour pallier ses besoins, et ne pas les avoir encore trouvés. Des postes à pourvoir ont été affichés.

Des aînés méconnaissables après leur isolement

À l’Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, la Dre Émilie Breton constate les répercussions de l’isolement à la chambre d’aînés fragiles habitant en RPA.

« Les conséquences sont facilement identifiables : dénutrition, amaigrissement, détérioration des fonctions cognitives et détérioration de leur équilibre. »

— Une citation de  Dre Émilie Breton, gériatre au CIUSSS de l’Estrie-CHUS et au CSSS-IUGS

Ce sont toutes des conséquences qui pourraient être évitées par l’activité physique et la socialisation, ajoute la médecin.

À l’aide de fonds de recherche, son équipe a engagé des kinésiologues, elle a élaboré un programme d’exercices à faire dans une chambre par des patients âgés en réadaptation et en isolement 10 ou 14 jours.

Les données recueillies depuis le lancement du programme en novembre 2020 montrent que les symptômes dépressifs étaient moindres chez les aînés qui avaient bénéficié de visites de kinésiologues à leur chambre.

Des exercices à faire par les aînés

Un des outils de remobilisation que nous affectionnons particulièrement est le pédalier, dit la Dre Émilie Breton, car il est facile à déplacer et à désinfecter.

Au CISSS de Chaudière-Appalaches, on essaie de proposer des exercices individuels ou de groupe qui seront reproductibles par l’équipe et dans certains cas par les proches aidants par la suite.

Un exemple d'exercice à faire par les aînés.

Un exemple d’exercice à faire par les aînés.

Photo : Radio-Canada / Capture d’écran/Annexe de la directive

Dans sa directive, le ministère suggère lui-même certains exercices simples à faire et veut sensibiliser les responsables d’établissement et le personnel à la nécessité de procurer aux aînés un accompagnement individualisé par un intervenant habilité, si possible.

Une liste d'instructions.

Un exemple d’exercice pour les aînés

Photo : Radio-Canada / Capture d’écran/Annexe de la directive

Le ministère demande aux établissements d’effectuer une ronde, en personne ou par téléphone, pour inciter les usagers ou les résidents à bouger.

Même en ce qui concerne les aînés encore isolés dans leur chambre à cause de la COVID-19, Québec demande aux milieux d’hébergement d’encourager l’exercice physique dans l’unité locative ou à la chambre, en fonction des capacités physiques de la personne.

Nouveauté : il sera permis de sortir du lieu d’isolement en appliquant des mesures supplémentaires d’adaptation propres à chaque milieu de vie, dans le respect des mesures de prévention et de contrôle des infections.

Si l’autonomie ou la mobilité de l’aîné s’est détériorée durant l’isolement, le ministère demande de veiller à ce qu’un professionnel, un physiothérapeute ou un ergothérapeute par exemple, évalue la réadaptation de l’aîné.



Reference-ici.radio-canada.ca

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