Que deviendra Justin Barron?


Mais le premier a joué 923 matchs dans la LNH et le second 250. Justin Barron, car c’est de lui qu’il s’agit ici, en a disputé trois. Il devra attendre encore un peu avant de recevoir les clés de la ville.

Barron, obtenu dans l’échange d’Artturi Lehkonen au Colorado, demeure un espoir de grande qualité au potentiel fort intéressant. Un véritable signe de renouveau à Montréal, en plus de venir combler un besoin criant sur le flanc droit de cette défense en pleine transformation.

Que deviendra Justin Barron, donc?

Cette question, c’était pour l’effet de toge. Nous n’avons pas réellement la prétention de pouvoir y répondre. Diantre, des recruteurs passent des années à espionner de jeunes joueurs et se trompent plus souvent qu’autrement. Alors, imaginez…

Un joueur de hockey, son développement, sa maturité, son professionnalisme, sa capacité d’adaptation, tout ça évolue constamment. Voilà pourquoi il convient de gérer les attentes. Autant de l’espoir en question que de l’auteur ici, qui tente de l’analyser. Cette mise en garde bien établie, voyons plutôt.

D’abord, il y a consensus dans le milieu, il s’agit d’une belle prise pour le CH, ce qui n’étonnera personne. Mais l’un des hommes de hockey consulté en a remis une couche.

« J’étais avec notre directeur général adjoint récemment et il disait que dans le milieu, le monde trouvait que c’était très cher payé pour Lehkonen. Tant mieux pour Montréal. »

— Une citation de  Un dépisteur à propos de l’échange Barron-Lehkonen

À la base, l’Avalanche visait plus haut. Selon de nombreux reporters bien branchés, Claude Giroux figurait au haut de leur liste. Chaque fois que les décideurs rayaient un nom de leur liste, ils se rapprochaient de Montréal, mais l’offre sur la table ne bougeait pas.

Colorado avait le choix de deuxième tour et Barron pour d’autres joueurs. Ils essayaient, ils essayaient. À un moment donné, ils se sont rendus à Lehkonen. Ils ont appelé en disant voici ce qu’on a. Ce n’est même pas Montréal qui l’a demandé […] (Kent) Hughes a dit : “Go”, a ajouté notre homme.

Voilà pour la petite histoire.

Les atouts

C’est un patineur élite, tout le monde s’accorde là-dessus, estime un recruteur d’une équipe de l’Ouest.

Il peut patiner toute la journée et pas se fatiguer. À son année de repêchage, il avait eu son caillot sanguin, il était revenu et avait joué trois matchs en trois soirs au Québec. Comme ça faisait un bout [qu’on l’avait vu], beaucoup de recruteurs l’avaient suivi et je pense qu’il a joué au-dessus de 20 minutes chaque soir et il n’avait pas l’air fatigué pantoute, explique-t-il.

Les partisans du Canadien ont pu en voir un échantillon dimanche de cette belle fluidité, cette élégance même.

Barron a obtenu 18 minutes de glace, en soi pas mal pour ses débuts avec le Tricolore, mais il a surtout passé 2 min 49 s sur la patinoire pendant la prolongation. Il l’a amorcée également. Même si le contexte facilite le développement pour Martin St-Louis, ça en dit long, selon notre recruteur.

Les trois dépisteurs consultés s’entendent généralement sur tout ce qui touche à ses aptitudes athlétiques. La gestion des attentes diffère.

Un sens du jeu correct, sans plus. Peut-être sa plus grande lacune, disent-ils. Ça achoppe parfois pour ce qui est de l’anticipation en défense.

Pour le reste, il est tellement intelligent avec de bonnes habiletés que c’est un bon joueur de hockey. Pour la Ligue nationale, ce n’est pas un gars extraordinaire, mais c’est un gars qui va jouer, affirme un dépisteur d’une formation de l’Est.

Pendant les quatre années de Barron dans la LHJMQ, il l’a côtoyé souvent. En plus de ses qualités physiques indéniables, il évoque un jeune homme très articulé, très intelligent, excellent à l’école.

Ce sur quoi je ne suis pas vendu à 100 %, note l’un d’entre eux, c’est son jeu défensif. J’ai toujours trouvé qu’il perdait des gars dans sa zone et ça me fatiguait un peu.

Il va falloir qu’il travaille encore sur sa défense, sa mobilité en patin arrière et en espaces restreints… comme tous les défenseurs de 20 ans, ajoute un autre.

Les attentes

Il faut tempérer avec ce genre d’espoir, affirment nos trois experts.

Dans un monde idéal, il est perçu comme un possible quatrième défenseur, mais ce n’est pas gagné non plus.

« Ce n’est pas une supervedette. C’est un bon joueur solide dans la Ligue nationale, mais avec les limites qu’il a, je pense qu’il est plus troisième que deuxième duo. Peut-être deuxième duo sur une équipe de milieu de classement. Mais quand le Canadien va avoir une meilleure équipe dans pas longtemps, il faudrait qu’il joue sur le troisième. »

— Une citation de  Un dépisteur d’une équipe de l’Est au sujet de Justin Barron

Ils mettent tous en garde contre son instinct offensif, qu’il possède jusqu’à un certain point, mais n’en fera jamais un grand producteur.

Ce n’est pas un quart-arrière, a été dit par tous. Éventuellement, un peu de temps de glace au sein d’une deuxième vague de supériorité, mais sans plus.

Barron est né un 15 novembre et a donc amorcé sa carrière junior à l’âge de 15 ans. Les recruteurs ont eu trois ans pour le scruter à la loupe avant son repêchage, en 2020. Le Néo-Écossais est quand même sorti au premier tour, 25e au total, un classement moins élevé que ce que bien des gens attendaient un an auparavant. On en parlait même comme possible top 10, voire top 5.

Il y avait un biais.

C’est le problème des gars qui arrivent des Maritimes et sont reconnus comme LE meilleur joueur. Il avait déjà le physique. Il patinait bien par en avant. Il était assez habile avec la rondelle, ce qui fait qu’il dominait assez facilement dans les Maritimes. Tout le monde est porté à les surévaluer un peu. D’un coup, à 16 ans, il joue et le coach les protège un peu. Nous, on ne les scrute pas à fond à 16 ans. On les regarde, on fait quelques rapports. Il a des outils d’un bon joueur de hockey. Là, il arrive à 17 ans, 18 ans dans son cas, et il joue contre les meilleurs de l’autre côté. Quand il commence à jouer contre les meilleurs, tu dis finalement, il est bon, mais pas si bon, explique notre homme de l’Est.

Il joue à 16 ans, il patine comme le vent, c’est incroyable, c’est une beauté à voir patiner, c’est de l’or, lance un autre espion. Il est mobile, bouge les pieds, il glisse. Tu vois ça junior, il a 16 ans et en plus, c’est un late, donc il est jeune. Tu te dis, ça n’a pas de bon sens, il est le plus jeune joueur de la ligue quasiment, il est 6 pi 2 po (1,88 m), il patine comme le vent, il lance fort. Tu es vraiment excité. Tu te dis que dans trois ans, ça va être une machine. Là, les attentes peuvent juste être déçues. C’est presque impossible de les rehausser après. La deuxième année, tu te dis qu’il est encore bon. La troisième année tu commences à lui trouver des trucs. Finalement, il ne dirigera pas mon avantage numérique, il n’est peut-être pas si élite offensif que ça. Tu te mets à te poser des questions. C’est souvent à cause des attentes.

Un match entre des joueurs de hockey du Canada et de la Suède.

Justin Barron (au centre) jouant pour le Canada au tournoi de la coupe Hlinka-Gretzky le 11 août 2018 à Edmonton.

Photo : La Presse canadienne / Codie McLachlan

Ce dépisteur ajoute avoir été sidéré par la qualité de son jeu au mondial junior en 2021. D’un joueur un peu éparpillé qui tentait de tout faire sur la glace avec les Mooseheads de Halifax, il a trouvé un jeune espoir en pleine possession de ses moyens, calme et responsable.

Il s’est renseigné. André Tourigny, entraîneur de la formation à l’époque, a rencontré Barron avant le début du tournoi. Les responsabilités étaient claires : il allait former un duo avec Kaiden Guhle (tiens, tiens) pour affronter les meilleurs joueurs adverses. Jamie Drysdale et Bowen Byram s’occuperaient des attaques à cinq, Barron n’avait qu’à se concentrer sur sa tâche. Les résultats ont été probants.

Si tu lui dis : “deuxième duo, bouge les rondelles par en avant, mets-toi pas la pression de produire, une fois de temps en temps une deuxième vague d’avantage numérique, mais sans plus”. Ça marche. C’est vraiment une belle acquisition, d’ajouter ce dépisteur.

L’un de nos interlocuteurs voit Barron prêt à faire le saut dès l’an prochain. Un autre lui donnerait deux ans dans la Ligue américaine.

« Minimum. Joue des matchs, trompe-toi, fais ci, fais ça. Un défenseur, tu le montes trop vite, il se fait brûler. Quand je vois du monde qui le met avec Guhle sur un deuxième duo l’année prochaine… Tu penses que Montréal a été faible cette année? Attache ta tuque, ça va être un désastre. »

— Une citation de  Un dépisteur de l’Ouest

Il y a autant d’opinions que d’experts. Mais la patience semble être le mot d’ordre. Jolie vertu. On dit d’ailleurs d’elle, et de la longueur de temps, qu’elles font plus que force ni que rage. Allez savoir.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment