Pourquoi les poulets prêts-à-manger sont-ils moins chers que les poulets frais?


En considérant le coût des épices qui ont servi à la marinade, le coût de la cuisson, celui de l’emballage et celui de la main-d’œuvre, il peut sembler difficile de comprendre pourquoi la volaille déjà apprêtée est vendue moins cher que celle que l’on trouve au comptoir des viandes fraîches.

Les grandes chaînes d’alimentation n’ont pas souhaité donner leur recette, mais Radio-Canada a pu percer une partie du mystère grâce au témoignage d’une petite enseigne ontarienne.

Une question de taille

Selon Rowe Farms, une épicerie ontarienne qui vend des poulets rôtis depuis une quinzaine d’années, le prix d’une volaille déjà préparée est peut-être moins élevé, mais sa taille est généralement plus petite.

Par exemple, les poulets crus de la section réfrigérée pèsent très souvent entre 1,6 kg et 1,8 kg, alors que les poulets destinés à la rôtissoire pèsent environ 1,2 kg.

Par ailleurs, les poulets rôtis doivent avoir à peu près la même taille pour cuire uniformément dans une rôtissoire d’épicerie, explique pour sa part Casey Owens, de l’Université de l’Arkansas, aux États-Unis.

La professeure de sciences avicoles ajoute qu’en cas de trop grande disparité de taille, les poulets plus petits risquent de trop cuire, alors que les plus gros pourraient sortir du four encore cru, car le temps d’exposition au feu et la température atteinte ne suffiraient pas à les cuire suffisamment.

Donc le choix de destiner les petits poulets à la rôtissoire répond aussi, d’une certaine manière, à un impératif de sécurité alimentaire, tranche-t-elle.

Des poulets nature exposés dans un magasin.

Le fait que les poulets non cuits coûtent plus cher que les poulets prêts-à-manger s’explique aussi par la taille : les poulets destinés à la rôtissoire sont généralement plus petits afin de cuire suffisamment et de manière uniforme.

Photo : Radio-Canada / (Shannon Scott/CBC)

L’impact des habitudes de consommation

La disparité de prix peut également s’expliquer par une autre astuce commerciale bien rodée : présenter au bon endroit une offre de produit adaptée pour inciter le client à acheter plus.

Le poulet rôti se présente, à cet égard, comme un produit idéal, note Casey Owens. Elle avoue elle-même que ses obligations familiales et son mode de vie lui laissent peu de temps pour rentrer à la maison et rôtir un poulet. En acheter un précuit s’avère donc être une bonne affaire pour elle.

En mettant en évidence le poulet prêt-à-manger sur leurs rayons, les épiceries aussi font des affaires d’or, car en plus de la volaille, les clients risquent de se laisser tenter par d’autres produits d’accompagnement.

« Un poulet rôti au four est une option de souper rapide et facile et les clients vont probablement remplir leurs paniers avec d’autres articles pendant qu’ils achètent un poulet. C’est une situation gagnant-gagnant. »

— Une citation de  Barb Munro, conseillère en communications d’une entreprise de Calgary

Vendre à perte pour nourrir la poule aux oeufs d’or

Ce marché du poulet rôti est d’autant plus juteux qu’il incite des épiciers à vendre leur volaille rôtie à perte, tant que cela incite les clients à acheter d’autres articles.

« Lorsque les gens sont pressés, ils prennent beaucoup de raccourcis mentaux [et] ne prennent pas le temps de comparer les prix. »

— Une citation de  Andreas Boecker, économiste en alimentation à l’Université de Guelph en Ontario

Bien connue des Nord-Américains, l’enseigne Costco déclare avoir vendu, à elle seule, 106 millions de poulets rôtis dans le monde au cours de l’année 2021.

Selon les producteurs, le poulet est, depuis des années, la viande la plus consommée au Canada et aux États-Unis.

Avec les informations de Danielle Nerman et de l’émission The Cost of Living



Reference-ici.radio-canada.ca

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