Le film québécois La contemplation du mystère récompensé en France


À la première du film au FNC [Festival du Nouveau Cinéma] l’automne dernier, je me réjouissais de la forte présence de certain·es de mes étudiant·es et ancien·es étudiant·es en cinéma, et de l’accueil enthousiaste qu’ils et elles lui ont fait, a indiqué par écrit Albéric Aurtenèche, qui est chargé de cours en Film Production à l’Université Concordia.

Que cela se répète avec le jury jeune à Dieppe, des lycéen·nes également issu·es d’une classe de cinéma, me réjouit tout autant.

Mettant en vedette Emmanuel Schwartz, Gilles Renaud et Sarah-Jeanne Labrosse, La contemplation du mystère raconte la quête d’un fils (Éloi) qui tente de faire la lumière sur l’accident de chasse qui a coûté la vie à son père. Son investigation le mènera sur la piste du Monarque, un cerf mythique détenant un pouvoir potentiellement divinatoire.

Tourné en bonne partie dans les forêts de la Montérégie et de l’Estrie, le film est truffé d’imageries surréalistes et oniriques, et puise notamment son inspiration dans le folklore du terroir québécois et dans les mythes autochtones.

Le mystère qu’il faut voir dans le récit est celui qui obsède profondément Éloi, et qui m’obsède également : celui de l’existence humaine et de son apparente contingence. Le contempler, c’est accepter que l’on ne peut le résoudre, explique le cinéaste.

« C’est accepter, aussi, que d’autres que soi le résolvent à travers des croyances qui leur appartiennent, lesquelles ne sont ni inférieures, ni supérieures à la posture agnostique. »

— Une citation de  Albéric Aurtenèche

Liens étroits avec le Canada

Le Festival du Film Canadien de Dieppe, qui vient de clore sa neuvième édition, a distribué une dizaine de prix lors de sa cérémonie de clôture, dimanche.

Le Grand prix du Jury a été remis au drame psychologique All My Puny Sorrows, de Michael McGowan, une adaptation du roman du même nom de l’écrivaine canadienne Miriam Toews. L’actrice principale du film, Alison Pill, a quant à elle été sacrée du Prix d’interprétation féminine.

Le trophée du meilleur acteur a été remporté par Steve Laplante, pour son travail dans Babysitter, de Monia Chokri. Le Prix du public a été décerné à Yan England et Antoine-Olivier Pilon, respectivement réalisateur et acteur principal de Sam, un drame sportif qui se déroule dans le monde de la natation.

Les gagnants et gagnantes ont été sélectionnés par un jury formé de six membres, dont deux comédiennes québécoises, Suzanne Clément et Danielle Fichaud.

La Normandie a de nombreux liens historiques avec le Canada en général, précise Albéric Aurtenèche au sujet de ce festival plutôt singulier. Que ce soit par les origines d’une part importante des colons qui ont fait la Nouvelle-France, ou par le raid de Dieppe de 1942 qui a coûté la vie à des centaines de Canadiens francophones et anglophones.

Le festival cherche à honorer ces liens et à faire découvrir un cinéma généralement peu diffusé en France, tout en mettant de l’avant les cultures autochtones qui sont partie prenante de notre histoire, dit-il.

L’événement cinématographique a en effet fait la part belle aux artistes canadiens d’origine autochtone. Le Prix de la ville de Dieppe a été décerné à Wildhood, de Bretten Hannam, le récit d’un jeune homme mi’kmaw dont le voyage pour retrouver sa mère est lié à un éveil à la sexualité. L’acteur Phillip Lewitski, qui incarne l’un des deux protagonistes du film, a par ailleurs été décoré du Prix révélation.

Enfin, le Prix Jean Malaurie – du nom du célèbre ethnohistorien et écrivain français – a été remis à Bootlegger, de l’artiste d’origine anichinabée et française Caroline Monnet. Son premier long métrage dresse le portrait d’une communauté autochtone qui tente d’assumer son indépendance, à travers le thème de la prohibition de l’alcool.

Une femme et un homme posent pour les caméras lors d'un festival de film se déroulant à l'extérieur.

Caroline Monnet et Albéric Aurtenèche lors du Festival du Film Canadien de Dieppe

Photo : Festival du Film Canadien de Dieppe

L’hybridité comme inspiration

Pouvant être qualifié de film de genre, avec son atmosphère empruntant au thriller et parfois même au cinéma d’horreur, La contemplation du mystère est essentiellement une œuvre personnelle. Elle met en scène la dualité de mon identité, dit son auteur.

Pour les Français, par défaut, je suis Québécois. Mon accent est trop hybride pour qu’ils y reconnaissent mes origines françaises. Tout au plus, ils diront que j’ai “moins l’accent” que mes compatriotes.

Le récit accorde une place importante à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Hubert, une véritable association québécoise de plein air, fondée en 1975. Dans le film, les membres de cet Ordre se complaisent dans des rites pseudoreligieux, lors de cérémonies guindées dans une église.

Tout ce cérémonial entourant la chasse, bien que je l’aie connu à Montréal, est beaucoup plus familier des Français que des Québécois. Pour autant, le film n’a pas moins déstabilisé le public de Dieppe, explique Albéric Aurtenèche.

La contemplation du mystère est disponible en vidéo à la demande (Nouvelle fenêtre)



Reference-ici.radio-canada.ca

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