Le CSCN envisage de poursuivre la province pour obtenir de nouvelles écoles


Le récent budget provincial ne prévoit aucun nouvel investissement en infrastructure pour les conseils scolaires francophones de l’Alberta. Lors de la rencontre de mercredi, le conseiller Étienne Alary a souligné que la province avait pourtant dégagé des sommes pour investir dans les écoles à charte.

La province a financé la construction ou le remplacement de 5 écoles francophones de 2019 et 2021.

« C’est scandaleux. C’est le mot qui me vient en tête quand je vois les annonces qui ont été faites en immobilisation. »

— Une citation de  Étienne Alary, conseiller scolaire

La motion, qui a été adoptée à l’unanimité, demande à la direction générale d’explorer toutes les avenues possibles, incluant les avenues juridiques, pour faire avancer les dossiers des immobilisations et du financement du CSCN.

Le conseiller Steve Daigle, qui a déposé la motion, a affirmé que le gouvernement provincial ne comprend pas le jugement de la Cour suprême de 2020 sur l’éducation francophone en Colombie-Britannique.

La cour avait donné raison au Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique qui voulait forcer la province à investir davantage dans l’éducation en français.

En se basant sur l’article 23 de la Charte des droits et libertés, la cour avait réaffirmé le droit des enfants francophones à recevoir une éducation de qualité équivalente à celle des enfants anglophones.

La cour a aussi jugé que la population francophone de la province justifiait la construction de 8 nouvelles écoles.

C’est ce principe d’égalité qui n’est pas respecté par l’Alberta, selon la présidente du CSCN, Tanya Saumure. Elle croit que le système scolaire francophone accuse un retard important.

Il faudrait financer au moins un projet par année, idéalement deux ou trois, mais au moins un par année, explique-t-elle.

L’école Michaëlle-Jean est sur un terrain qu’on loue à Edmonton Catholic. C’est une école 7e à 12e année, mais qui est construite pour le junior high. Le gymnase n’est pas équivalent. L’infrastructure n’est pas équivalente, la cour d’école n’est pas équivalente, souligne-t-elle.

« On a le droit d’opérer nos propres écoles sur nos propres terrains. C’est ça l’équivalence réelle. »

— Une citation de  Tanya Saumure, présidente du Conseil scolaire Centre-Nord

Le CSCN a adopté son nouveau plan d’immobilisation. Étant donné l’absence d’investissement provincial, les priorités en matière de construction et de rénovation d’écoles sont essentiellement les mêmes que l’année dernière.

Le conseil demande en priorité de nouvelles infrastructures pour remplacer les écoles Michaëlle-Jean et Gabrielle-Roy. Il demande aussi la modernisation de l’école Boréal, à Fort-McMurray.

Le CSCN promet de tenir les parents au courant des prochaines étapes. Le gouvernement de l’Alberta accorde une grande importance à l’éducation francophone et est déterminé à améliorer l’accès à l’éducation francophone, répond pour sa part la porte-parole du ministère de l’Éducation, Katherine Stavropoulos.

Longue route pour faire appliquer le jugement

Près de deux ans après le jugement rendu par le plus haut tribunal du pays, les démarches se poursuivent pour concrétiser la construction de nouvelles écoles en Colombie-Britannique.

Les décisions des tribunaux sont souvent peuplées de zones grises, rappelle le professeur de sciences politiques Rémi Léger, de l’Université Simon-Fraser.

La cour rend une décision et nous donne des leviers, explique-t-il. Ensuite, une fois la décision rendue, c’est le travail de la communauté d’utiliser ces leviers afin de retourner dans le politique et de négocier.

Le processus politique n’est cependant pas toujours suffisant et il peut devenir nécessaire de retourner devant les tribunaux pour faire respecter les jugements précédents.

Les enseignes de l'école francophone Michaëlle-Jean à Edmonton.

Le CSCN demande la construction d’un nouveau bâtiment pour remplacer l’école francophone Michaëlle-Jean à Edmonton.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

Il ajoute qu’il est tentant, pour certains gouvernements provinciaux, de reléguer les revendications francophones au bas de la liste des priorités.

Les ressources sont limitées. Quand on répartit la tarte et qu’on arrive aux écoles de la minorité francophone, il reste des miettes. Si on veut plus de miettes, ça veut dire qu’il faut couper ailleurs, et ça, les gouvernements [ne] veulent pas ça.

Le CSCN doit cependant s’armer de patience s’il choisit l’avenue juridique, prévient la directrice générale de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique, Marie-Andrée Asselin.

Il faut de la patience et du travail ardu parce que ce sont des causes fastidieuses avec toutes sortes d’embûches qui peuvent être mises sur notre chemin. C’est pour ça que ça a pris 10 ans [en Colombie-Britannique].



Reference-ici.radio-canada.ca

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