La Ville de Trois-Pistoles mise en demeure


En novembre dernier, la Ville a mis à jour son règlement sur le déneigement. Désormais, en hiver et pendant une bonne partie du printemps, le chemin du Havre sera barré à son extrémité avec des blocs de béton et ceux-ci seront cadenassés, selon ce que stipule le règlement.

Si le chemin n’a jamais été déneigé, il demeurait toutefois praticable en véhicule. Certains propriétaires embauchaient même des déneigeurs pour pouvoir passer quelques jours au chalet.

C’est toutefois impossible cette année, puisqu’un monticule de neige et de glace édifié par la Ville bloque l’accès à la cinquantaine de propriétaires.

Un arrêt stop ensevelis par la neige.

Amoncellement de neige qui bloque l’accès au chemin du Havre. Les propriétaires de chalet verront l’accès bloqué jusqu’au 1er mai, comme le stipule un nouveau règlement.

Photo : Radio-Canada

Quand sciemment une municipalité met des obstacles aux services de sécurité incendie et ambulance, j’ai de la misère avec cela, mentionne l’un d’eux, Yves Lavoie.

Le Montréalais a tout de même tenu à se rendre à son chalet, à la marche, ce qui n’est pas possible pour tout le monde, notamment pour ceux qui habitent loin de l’intersection.

Un homme devant un chalet enneigé.

Yves Lavoie, l’un des 50 propriétaires de chalets du chemin du Havre, à Trois-Pistoles

Photo : Radio-Canada

Rencontré sur place, un autre propriétaire, Francis Paquet, range ses raquettes dans son véhicule garé en bordure de la rue.

Il est venu lui aussi faire le tour du propriétaire pour voir si tout allait bien. Si la rue est [dégagée] à la mi-avril, pourquoi on ne pourrait pas accéder à nos chalets?, se demande-t-il.

L’homme de Joliette avait prévu des travaux sur son chalet ce printemps. Il devra attendre. Car même si la montagne de neige fond, les blocs de béton eux, demeureront sur place jusqu’en mai.

On aurait évité au mois de mai de déranger tous nos voisins avec les pelles mécaniques, dit-il.

Un chemin avec un peu de neige.

Comme on le voit sur cette photo, n’eût été de l’obstacle à l’entrée de la rue, il aurait été possible de circuler en voiture à quatre roues motrices sur une partie du chemin.

Photo : Radio-Canada

Que dit la loi ?

Cependant, les villes disposent d’un pouvoir assez étendu concernant la voirie locale, y compris le droit de bloquer des rues.

Par contre, les municipalités ne peuvent pas enclaver un immeuble. C’est pourtant ce qui est en train de se passer, soutient Guyleine Bureau, qui passe ses étés à Trois-Pistoles depuis 10 ans.

La Montérégienne a envoyé une mise en demeure à la Ville cet automne.

La Ville de Trois-Pistoles a illégalement privé notre cliente de la jouissance de sa propriété tout en posant un risque pour la sécurité en cas d’un incendie, peut-on lire dans le document signé par son avocat, dont Radio-Canada a obtenu copie.

En guise de réponse, les avocats de la Ville ont nié, par écrit, tout agissement volontaire pour bloquer le passage.

Un réponse pour le moins étonnante, juge Mme Bureau.

Le règlement adopté le 15 novembre dernier par la Ville de Trois-Pistoles stipule en effet que dès qu’il y aura 10 centimètres de neige, le chemin du Havre sera barré à son extrémité avec des blocs de béton et ceux-ci seront cadenassés.

Est-ce que c’est parce qu’ils ne sont pas au courant du règlement qui est en vigueur? Ou bien ils ne veulent juste pas en parler pour ne pas mettre le spotlight là-dessus parce que c’est un règlement qui n’est peut-être pas légal en bout de ligne?, se questionne-t-elle.

Bloqué pour protéger les propriétaires

Des chalets en bord de mer en hiver.

Des chalets sur le chemin du Havre, à Trois-Pistoles.

Photo : Radio-Canada

Le maire de Trois-Pistoles considère de son côté que le dossier a pris des proportions exagérées.

Philippe Guilbert maintient que c’est pour le bien des propriétaires que le chemin a été bloqué. C’est pour empêcher aux gens d’avoir accès à la rue l’hiver avec un camion pour aller voler les chalets. C’est déjà arrivé dans le passé, explique-t-il.

Le maire ajoute que le chemin a toujours été fermé, même s’il n’était pas physiquement bloqué. On était dans une situation qui pouvait nous causer quelques problèmes, parce qu’on n’avait pas de règlement par rapport à cela.

Philippe Guilbert, qui a entamé son mandat quelques jours avant l’adoption de ce règlement, espère pouvoir s’entendre avec les propriétaires. Il veut éviter une judiciarisation du dossier.

Pour sa part, Guyleine Bureau ne veut pas troubler la quiétude de ce qu’elle qualifie de petit havre de paix. Elle ne veut surtout pas que son litige avec la Ville se transpose dans le voisinage.

C’est une démarche personnelle, ce n’est pas tout le monde qui veut emprunter le chemin du Havre en hiver, précise-t-elle.



Reference-ici.radio-canada.ca

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