Le dernier bénéficiaire de la seule maison de transition du genre en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a quitté les lieux vendredi matin.
La maison d’hébergement qui offre, entre autres, un programme de désintoxication de 13 semaines aux hommes ayant séjourné en centre de détention ne parvient pas à recruter le personnel nécessaire pour offrir ses services de réhabilitation.
Quatre des dix postes étaient non pourvus, certains depuis juillet. Le centre étaient à la recherche d’un cuisinier, d’un conseiller clinique, d’un intervenant communautaire et d’un coordonnateur de suivi.
La pénurie de main-d’œuvre et de logement de même que l’écart des conditions de travail offertes dans le milieu communautaire par rapport au secteur public sont en cause selon la direction de l’organisme.
La directrice générale, Lorraine Michaud, explique que le manque de personnel engendrait une surcharge de travail insoutenable pour le reste de l’équipe.
Nous travaillons avec les services correctionnels québécois et canadiens et nous avons des normes de conformité à respecter
, explique Mme Michaud. Quand les employés sont en surcharge de travail, l’application de ces normes-là devient difficile à respecter. En prévention, tant pour les employés que les résidents, on a décidé de fermer parce qu’on n’aurait pas voulu échapper un gars.
Quatre des six résidents du centre de Maria ont été déménagés à Rivière-du-Loup, dans une maison de transition également sous la gouverne d’Arc-en-soi. Le centre bas-laurentien accueille habituellement des délinquants sexuels alors que celui de Maria se spécialise auprès de la clientèle aux prises avec des problèmes de dépendance aux drogues.
La directrice mentionne que les bénéficiaires qui arrivent de Maria pourront malgré tout continuer à suivre leur programme de désintoxication avec la même employée grâce à la visioconférence.
Le programme va continuer où ils étaient rendus, c’est dans le respect de l’être humain et on ne voulait pas que les gars soient pénalisés en raison d’une décision administrative
, souligne Lorraine Michaud. On ne voulait surtout pas que les gars retournent en détention.
Une réouverture en octobre?
La directrice du centre résidentiel communautaire Arc-en-soi espère être en mesure de recruter une équipe complète pour rouvrir le 1er octobre.
« Je veux que le centre rouvre le plus rapidement possible, mais pas à n’importe quel prix. Je veux de la main-d’oeuvre compétente, je sais qu’il y en a, mais il faut aller les chercher. »
Mme Michaud est consciente que le défi sera de taille.
On est bien conscient que cette fermeture risque de nous faire perdre d’autres employés
, admet la directrice. Il y en a déjà un qui nous a dit qu’il ne reviendra pas, donc ça fait déjà un cinquième poste à pourvoir. C’est sûr que plus vite qu’on va rouvrir plus on a de chances de garder notre personnel.
L’organisme communautaire entend tout de même profiter de la pause engendrée par la suspension des services pour mieux rebondir
et procéder à une restructuration.
Le recours à une firme spécialisée en ressources humaines pour optimiser les efforts de recrutement fait partie des solutions envisagées.
La directrice générale souhaite également que des Gaspésiens se joignent au conseil d’administration. Pour l’instant, seuls des résidents du Bas-Saint-Laurent administrent l’organisme dont le siège social est à Rivière-du-Loup.
On a besoin de personnes de la communauté au conseil d’administration, ne serait-ce que pour nous réseauter, pour nous aider à la recherche de main-d’œuvre et qui pourrait nous guider
, croit Lorraine Michaud,
Les députés veulent plus d’argent pour le milieu communautaire
Le député de Bonaventure, Sylvain Roy, déplore la fermeture de la maison de transition de Maria qu’il attribue surtout à un sous-financement des organismes communautaires.
C’est un autre chapitre de ruptures de services dans les différents organismes communautaires qui n’arrivent pas à rivaliser avec les conditions de travail de l’État
, estime-t-il. L’État délègue à ces organisations-là ses fonctions en n’offrant pas des ressources dignes de ce nom.
« L’État doit conventionner, soutenir et financer ces organisations-là pour qu’il y ait de l’équité dans le traitement salarial et les conditions de travail. »
La députée fédérale d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia, Kristina Michaud, espère une réouverture rapide de la maison de transition de Maria. Elle entend aussi militer pour rehaussement du financement du milieu communautaire.
C’est certain que c’est un combat à mener et je vais le faire parce que c’est un organisme qui a sa place, c’est le seul du genre dans la région
, affirme Mme Michaud. Personnellement, je crois beaucoup à la réinsertion sociale, il faut être capable d’offrir une deuxième chance à ces gens-là en Gaspésie.
Les deux députés entendent discuter de la situation du centre résidentiel Arc-en-soi avec les ministères provinciaux et fédéraux concernés
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