CHSLD Herron : Anglade accuse Legault d’avoir « fabriqué un mensonge »



Les partis d’opposition ne comprennent pas comment la ministre des Aînés, Marguerite Blais, et l’ex-ministre de la Santé Danielle McCann ont pu dire qu’elles ont pris connaissance de la crise au CHSLD Herron le 10 avril dans le journal The Gazette, alors qu’elles ont eu un état de la situation très préoccupant le 30 mars.

Dans un courriel « URGENT », déposé en preuve à l’enquête de la coroner, qui n’avait jamais été porté à la connaissance du public, on lit qu’il n’y a presque plus de personnel pour prendre soin des 154 résidents.

Le bureau du premier ministre affirme que cette information n’est jamais remontée jusqu’à lui, car le message contenait aussi un aspect rassurant : le CIUSSS indiquait prendre le contrôle du CHSLD privé.

On nous prend pour des valises, a réagi la cheffe libérale Dominique Anglade. Elle ne croit pas possible que l’information ne soit pas arrivée aux oreilles de François Legault.

« Ça ne se peut pas que le bureau du premier ministre n’ait pas été au courant. Moi, comme ministre, j’ai appelé mon premier ministre pour bien moins que ça un soir de semaine, pour bien moins que ça. »

— Une citation de  Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Lors de son témoignage devant la coroner, le 14 janvier dernier, Mme Blais avait déclaré : Herron, on a appris ça surtout par l’article de journal, on ne connaissait pas l’ampleur de la situation.

Quant à Danielle McCann, elle a déjà affirmé n’avoir jamais été au courant du départ du personnel avant le texte de The Gazette.

Le député du Parti québécois Pascal Bérubé accuse les deux ministres d’avoir menti à l’Assemblée nationale et à la coroner Géhane Kamel, qui enquête sur les décès en CHSLD survenus lors de la première vague de la pandémie.

Le gouvernement s’est assis sur ces informations pendant 10 jours, s’est-il exclamé, avant d’ajouter : Je ne sais pas si quelqu’un fait ses boîtes aujourd’hui, mais j’invite des personnes à la réflexion.

« Écoutez, c’est grave. […] Imaginez l’impact si on avait agi rapidement sur ce qui s’est passé à Herron. »

— Une citation de  Pascal Bérubé, député du Parti québécois

De son côté, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a invité Mme Blais à faire un examen de conscience.

Ça fait des années qu’elle est en politique québécoise et qu’elle répète sur toutes les tribunes qu’elle veut défendre les aînés. Bien comment ça, elle a appris ce qui se passait au CHSLD Herron, puis elle n’a rien fait?

Ça chauffe à la période de questions

Mardi, la cheffe libérale est revenue à la charge à l’Assemblée nationale. Ce qu’ils nous ont fait, bien, ils nous ont fabriqué un mensonge, a-t-elle affirmé.

François Legault a jugé la cheffe libérale irresponsable dans ses propos. Il rappelle que lui et ses collègues ont travaillé jour et nuit pour minimiser les dégâts dans les CHSLD durant la première vague.

« Sincèrement, est-ce que quelqu’un pense que si on avait été au courant de ce qui se passait de terrible [au CHSLD Herron], on n’aurait rien fait? »

— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

Quant à la ministre des Aînés, elle a rappelé qu’elle et son équipe avaient été rassurés par la prise de contrôle du CHSLD par le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Une information aussi contenue dans le fameux courriel qu’elle a reçu dans la nuit du 29 au 30 mars.

Je n’ai pas à être sur la défensive, j’ai fait tout ce que j’étais capable de faire, a déclaré Marguerite Blais. Quand un établissement [le CIUSSS] nous dit qu’il prend en charge un CHSLD privé, on le croit.

La coroner jugera de la responsabilité du CIUSSS, a dit le premier ministre, en nommant la PDG Lynne McVey.

Il est important de rappeler que la vaste majorité des décès enregistrés au CHSLD Herron sont survenus après le 29 mars, donc après la prise de contrôle par le CIUSSS.

Des documents déposés devant la coroner ainsi que des témoignages ont fait état que les aînés ont continué de manquer de soins pendant au moins une semaine.

Pourquoi l’information n’est-elle pas remontée aux oreilles du gouvernement? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de suivi des ministres pour vérifier si la situation continuait d’être alarmante? Ces questions demeurent sans réponse.

Avec La Presse canadienne



Reference-ici.radio-canada.ca

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