Trois fois rien et la carrière florissante d’Antoine Bertrand en France



Trois fois rien est le cinquième film français dans lequel Antoine Bertrand joue, mais c’est la première fois qu’il incarne un premier rôle. La comédie dramatique suit l’histoire de Casquette, Brindille (Philippe Rebbot) et La Flèche (Côme Levin), trois hommes sans domicile fixe qui vivent au jour le jour dans le bois de Vincennes, à Paris.

Leur avenir semble soudainement bien plus rose lorsque le trio gagne un pactole au loto, mais encore faut-il qu’ils puissent encaisser l’argent, ce qui ne s’avèrera pas une mince affaire, puisqu’ils n’ont ni adresse domicile, ni carte d’identité valide et ni  compte bancaire.

La comédie a été réalisée par la réalisatrice française Nadège Loiseau, qui avait déjà travaillé avec le trio d’acteurs pour son film précédent, Le petit locataire (2016). On est tombés en amour les quatre ensemble pendant le premier film. Elle a écrit Trois fois rien pour nous, explique Antoine Bertrand.

Un regard humain sur l’itinérance

L’acteur souligne le pari relevé par Nadège Loiseau de parler d’itinérance sous le voile de l’humour, sans pour autant tomber dans la maladresse.

C’est une comédie, mais on bascule aussi dans la vérité de ces gens-là, dans la tragédie de ce qu’ils vivent, toujours avec un regard assez ludique, un regard d’enfant. C’est toujours d’égal à égal, et parfois même on se met en dessous [des personnages], ce qui fait qu’ils deviennent magnifiques, explique-t-il.

Quand j’ai commencé à travailler le rôle, je me suis mis à regarder [les personnes itinérantes]. J’ai réalisé que ça faisait 44 ans que je regardais ailleurs […], mais on est tous à deux ou trois mauvais moves d’être dans la rue.

Une deuxième carrière à 44 ans

Si l’acteur est de plus en plus sollicité en France, il affirme que cela ne découle pas nécessairement d’un plan de match établi à l’avance. Il n’a d’ailleurs pas d’agent dans l’Hexagone, confiant ses mandats à l’agente québécoise Micheline St-Laurent.

J’y vais un peu en dilettante […] Quand je fais mes affaires là-bas, je travaille aussi fort qu’ici, mais je n’ai pas l’ambition d’une carrière là-bas. Je sais que c’est ici que ça se passe pour moi, résume-t-il en faisant référence au Québec.

Il affirme toutefois que la France lui permet de changer d’air, créer de nouvelles amitiés et raconter de nouvelles histoires. Le fait d’alterner, ça me perment [aussi] de ne pas trop écoeurer le monde avec ma face ici, ajoute-t-il.

« C’est rare dans la vie qu’on te donne une deuxième chance comme ça à 44 ans. Si je retournais au secondaire en sachant tout ce que je sais [maintenant], j’embrasserais probablement plus de filles. »

— Une citation de  Antoine Bertrand

L’accent québécois, loin d’être un boulet

Quant à l’effet de l’accent québécois sur sa carrière, Antoine Bertrand affirme que ça n’a jamais été un point d’accroche jusqu’ici dans son aventure française. Son personnage de Casquette dans Trois fois rien est Québécois et s’exprime avec l’accent qui vient avec, mais l’acteur a adopté l’accent français par le passé, dans Demain tout commence, un film avec Omar Sy.

Selon lui, la question de l’accent dans le milieu du cinéma en France est rarement aussi importante qu’on pourrait le croire. C’est ce que j’aime là-bas, c’est que personne ne m’a parlé de [mon accent], c’est vraiment un non-sujet, explique-t-il, ajoutant qu’il prévoit continuer de garder son accent québécois à l’avenir, même si le contexte du film s’y prête moins.

Ça me rend fier d’amener notre culture là-bas, en leur montrant autre chose qu’un gars qui arrive à dos d’orignal avec une ceinture fléchée en train de jouer de la cuillère.

Ce texte a été écrit à partir d’une entrevue réalisée par Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.



Reference-ici.radio-canada.ca

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