Trois ans après être arrivée, elle dit qu’elle n’est pas parvenue à trouver du travail à cause de la barrière linguistique.
Fatou Mahamat est arrivée au Canada en 2019, après avoir passé cinq ans dans des camps de réfugiés.
Elle a quitté son pays, la République centrafricaine, en 2014 pour fuir une guerre civile entre chrétiens et musulmans.
Elle raconte qu’à son arrivée au pays, les autorités lui offrent de s’installer à Toronto. Elle exprime alors des réticences puisqu’elle veut vivre dans une communauté francophone.
Elle demande d’aller au Québec. On lui présente une autre option : Fredericton. On lui explique que la capitale néo-brunswickoise est bilingue.
« [On m’a dit:] il y a tout en français et il y a tout en anglais, c’est 50-50 […] C’est comme ça qu’on est venu. »
Fausse représentation?
Fatou Mahamat a l’impression qu’on lui a menti. Elle n’est toujours pas parvenue à trouver un emploi ni à développer un cercle social pour s’intégrer.
Elle dit être bloquée parce qu’elle ne parle pas anglais.
Si tu veux travailler, le premier problème c’est par rapport aux langues. Si tu ne parles pas bien en anglais, si tu ne l’écris pas bien, pour moi, c’est un problème
, relate-t-elle.
« C’est ça que j’ai regretté : d’être ici, au lieu d’être du côté francophone. »
L’Acadie a besoin de nouveaux citoyens
Le témoignage de Fatou Mahamat tombe alors que la Société nationale de l’Acadie (
SNA) vient de déposer un mémoire au gouvernement fédéral sur l’immigration et la rétention des immigrants francophones en Acadie.Martin Théberge, le président de la très dommage et désolante
.
Malheureusement, je ne peux pas dire que je suis surpris
, ajoute-t-il.
L’Acadie doit trouver une façon de garder ses nouveaux arrivants selon lui. Il faut que cette personne-là puisse être reconnue une nouvelle citoyenne francophone et acadienne du Nouveau-Brunswick
.
« En Acadie, plus qu’ailleurs au Canada, les immigrants viennent et partent. »
Afin de freiner le déclin démographique des communautés franco-minoritaires, la Fédération des communautés francophones et acadienne (
FCFA) du Canada estime qu’il faut une proportion de 20 % d’immigrants francophones à l’extérieur du Québec d’ici 2036.Les cours d’anglais comme solution?
Martin Théberge propose une solution qui peut d’abord sembler à contre-courant.
Selon lui, il faut offrir des cours d’anglais aux nouveaux arrivants francophones pour faciliter leur intégration dans les communautés franco-minoritaires.
Les recherches démontrent très bien que les cours d’anglais aident la personne à s’intégrer économiquement, mais cette personne ne va pas nécessairement adopter l’anglais comme langue permanente ou comme langue d’usage
, affirme-t-il.
« Plusieurs pourraient dire : “Ah ben là, elle va s’assimiler, elle va aller dans la communauté anglophone”. Ce n’est pas le cas. »
Fatou Mahamat parle déjà plusieurs langues, dont l’arabe. Elle reconnaît que son intégration est bloquée par sa faible connaissance de l’anglais.
Elle a suivi des cours, mais quand tu es déjà une grande personne, vraiment, ce n’est pas facile
.
Elle envisage de déménager au Québec. Elle hésite toutefois puisque ses trois enfants vont à l’école en français et sont bien.
« C’est ce que je pense, pour l’année prochaine : d’aller à côté de Montréal pour trouver du travail. »
Fatou Mahamat dit ne pas avoir d’amis à Fredericton depuis trois ans. Pour trouver une personne que tu peux connecter, c’est difficile.
Cependant, la communauté francophone existe dans la capitale. Elle raconte qu’elle aurait aimé qu’on la guide vers elle à son arrivée. Ça me fait plaisir de les rencontrer!
Martin Théberge, de la Société nationale de l’Acadie, a remarqué de telles lacunes dans l’intégration.
Il déplore le manque de communication entre les organismes acadiens, qui sont prêts à appuyer l’intégration des nouveaux arrivants, et l’administration de l’immigration. Oui, il y a des fonds. Oui, les organismes existent, mais ce lien-là ne se fait pas toujours.
Selon lui, trop de nouveaux arrivants se retrouvent prisonniers des rouages administratifs.
Fatou Mahamat raconte qu’elle a travaillé avec l’Je travaillais sur l’éducation, de la petite enfance jusqu’au secondaire
, mentionne-t-elle.
Avant la guerre, elle tenait une boutique en République centrafricaine.
Son souhait dans l’immédiat, c’est de se trouver un travail en français, dans la capitale de la province bilingue qui l’a accueillie.
Reference-ici.radio-canada.ca