Travail sécuritaire NB refuse d’indemniser une femme atteinte du syndrome post-COVID-19 | Coronavirus


Et voilà maintenant un an qu’elle est incapable d’entrevoir un retour au travail. Le Nouveau-Brunswick, ne reconnaissant pas le syndrome post-COVID-19, refuse sa demande d’indemnisation à long terme.

« Aujourd’hui, je sens tellement que j’ai tout perdu. J’ai perdu confiance en moi, parce que j’ai tellement développé des choses que je connais pas de moi-même. »

— Une citation de  Sonia Aubé

Maladie contractée au travail

Nous sommes en janvier 2021, en plein cœur d’une éclosion de COVID-19 au Manoir Belle Vue, à Edmundston. Le personnel a un urgent besoin de renfort. Faisant partie de l’équipe provinciale de la gestion des éclosions, l’équipe PROMPT, Sonia Aubé est dépêchée au foyer de soins en vitesse.

Le 31 janvier, à peine 10 jours plus tard, elle et d’autres collègues sont contactés par la santé publique du Nouveau-Brunswick. On l’informe qu’elle a été en contact étroit avec un cas de COVID-19, et on lui demande de s’isoler. Le lendemain, les symptômes de la maladie apparaissent.

J’ai eu tous les symptômes : la perte de goût, la perte d’odorat, la fatigue extrême, les douleurs musculaires, la toux, la fièvre, la diarrhée, souligne Sonia Aubé.

Une fois sa quarantaine terminée, elle tente un retour au travail. Moi je pense que je suis correcte. Je retourne travailler, j’essaye de retourner travailler, et ça a pas fonctionné du tout, s’attriste-t-elle.

Elle est d’ailleurs hospitalisée peu de temps après. Aux urgences, le médecin qui l’examine avance qu’elle souffre d’un syndrome post-COVID-19 probable. C’est toutefois le 27 avril que sa médecin de famille, qui la suit depuis 10 ans, confirme qu’elle en est atteinte.

Elle vit maintenant avec des pertes de mémoire et un brouillard mental, communs chez les personnes souffrant de la « COVID longue », qui l’empêchent de se concentrer et de s’adonner à des tâches complexes.

« Il faut que j’évalue qu’est-ce que je fais dans une journée pour être capable d’effectuer une telle activité, ou une telle responsabilité. »

— Une citation de  Sonia Aubé

Des « études robustes » manquantes

Dans une réponse qui lui a été acheminée le 29 novembre dernier, Travail sécuritaire NB reconnaît qu’elle a contracté la COVID-19 sur son lieu de travail. Une décision qui lui a d’ailleurs valu une compensation financière de trois mois, jusqu’en juin 2021.

Sonia Aubé consultent des documents à son bureau.

Le Nouveau-Brunswick, contrairement à l’Alberta et au Québec, ne détient pas à ce jour de cliniques pour le traitement du syndrome post-COVID-19.

Photo : Radio-Canada

Ce même document conclut toutefois qu’elle ne souffre pas du syndrome post-COVID-19, mais bien d’un trouble dépressif majeur, qui lui avait été diagnostiqué avant son infection au coronavirus.

À la lumière des connaissances scientifiques actuelles, aucune étude robuste n’appuie l’existence de ce syndrome. Les cas seraient anecdotiques, soutient-on dans la réponse de Travail sécuritaire NB.

Dans un échange de courriels avec Canadian Broadcasting Corporation, Travail sécuritaire NB soutient ne pas faire la distinction entre la COVID-19 et le syndrome post-COVID-19 dans l’analyse des dossiers. En date du 11 janvier 2022, 83 demandes associées à une infection au coronavirus sur le lieu de travail avaient été acceptées, mentionne la porte-parole Laragh Dooley.

Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick affirme que les répercussions à long terme de la COVID-19 sont encore largement méconnues. Il y a des efforts de recherche aux échelles mondiale, fédérale et provinciale afin de répondre à plusieurs questions qui demeurent en suspens.

Les autorités régionales de santé publique de la province ont toutefois crée un registre avec des patients du Nouveau-Brunswick pour mieux en cerner ces effets à long terme.

Face au refus de Travail sécuritaire NB de l’indemniser, Sonia Aubé assure qu’elle et sa médecin de famille se sont fermement engagées à ne pas baisser les bras.

Avec des informations de Mario Mercier et de Vanessa Blanch, de CBC



Reference-ici.radio-canada.ca

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