Ressources d’urgence pour sans-abris à Montréal : 165 places de moins depuis la fin mars


Un total de 165 places ont cependant disparu à la fin mars, les organismes qui en étaient responsables étant incapables de continuer à offrir ces services. C’est le cas à l’Accueil Bonneau, dans le Vieux-Montréal, où une halte d’une capacité d’une cinquantaine de places avait été ouverte, en février, en plus du centre de jour qui, lui, demeure ouvert.

Le service était assuré par des employés en heures supplémentaires, qui sont maintenant épuisés, selon la directrice-générale, Fiona Crossling. Impossible donc, de continuer. C’est un choix déchirant, c’est horrible, mais on ne joue pas à ça. Si la même demande lui est formulée de nouveau l’année prochaine, la réponse sera négative, affirme-t-elle.

La fermeture de ces 165 places d’urgence se fait sentir dans les autres organismes. Ils sont partis dans la rue, peut-être dans d’autres ressources, dit Mme Crossling.

Plusieurs semblent s’être tournés vers la Mission Old Brewery, dont la halte restera ouverte jusqu’au 30 juin. On avait huit personnes hier soir, qui s’étaient mises devant la porte pendant quatre heures en attendant de rentrer, raconte James Hughes, président et chef de la direction de la Mission.

Les organismes proposent une offre de services toute l’année.

L’itinérance ne se termine pas le 31 mars et ne commence pas le 1er décembre. Cette logique des mesures hivernales, on doit tourner la page, ça ne marche pas, affirme James Hughes.

En juin 2021, les huit principaux organismes qui oeuvrent dans le domaine de l’itinérance ont proposé un plan qui consisterait à rendre permanents les services et les ressources temporaires hivernales.

Le plan Un pas de plus… vers la fin de l’itinérance suggère la création de 600 places d’hébergement d’urgence et de 150 places en halte-accueil, disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. De cette façon, des intervenants auraient le temps de travailler avec les personnes en situation d’itinérance pour les sortir de la rue. Le nombre de places diminuerait d’année en année, à mesure que les sans-abris se trouveraient des logements.

Tania Charron dans les locaux d'une halte-chaleur.

Tania Charron, directrice générale de Ricochet et d’AJOI

Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

Cet hiver, on a réussi à loger cinq personnes, seulement de janvier à mars, témoigne Tania Charron, directrice générale de Ricochet et de AJOI, des organismes de l’ouest de l’île dont les haltes de Pierrefonds et de Lachine accueillent une soixantaine de personnes chaque jour. On a des intervenantes qui font du soutien résidentiel, qui les accompagnent auprès des propriétaires, pour la signature du bail et faire leur budget, pour trouver des appartements et s’y maintenir.

Dans d’autres villes et d’autres pays, quand on investit dans des services d’urgence, on voit que le nombre de personnes en situation d’itinérance augmente, explique Fiona Crossling, de l’Accueil Bonneau. Quand on prend ce même argent et qu’on l’investit dans des logements et dans l’accompagnement qu’il faut pour sortir les gens de la rue, ça réduit de façon drastique le nombre de personnes en situation d’itinérance et ça coûte énormément moins cher à l’État.

Le CIUSSS du Centre-Sud de l’île de Montréal semble vouloir s’inspirer de cette proposition. Notre souhait, c’est d’avoir une offre de services bonifiés 24/7, indique le porte-parole Jean-Nicolas Aubé. Le CIUSSS dit vouloir profiter de la prolongation de l’offre de services jusqu’à la fin juin pour évaluer les besoins et planifier les services à plus long terme.

Éviter la formation de campements de fortune

Dans l’ouest de l’île, Tania Charron souhaite que les organismes situés en banlieue ne soient pas oubliés. Sinon, les gens se déplacent vers le centre-ville, là où il y a des ressources. Et quand les ressources débordent au centre-ville, c’est là qu’on voit l’apparition de campements et de toutes sortes de solutions d’urgence que les gens créatifs inventent pour survivre.

Des chaises disposées en rang devant des cubicules.

Il a fallu construire des cubicules à la halte-chaleur de Lachine.

Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier

La halte-chaleur de Lachine accueille 24 personnes chaque nuit dans un sous-sol d’église où il a fallu aménager une nouvelle douche et construire des cubicules. Les locaux sont rares, rares, rares, explique Tania Charron. Ça nous a pris trois mois pour trouver cet endroit-là, avec l’aide de l’arrondissement. À Pierrefonds, on va être obligés de quitter les locaux qu’on occupe présentement et on ne trouve aucun autre local.

Mais au-delà de l’espace, c’est la main-d’oeuvre qui est difficile à trouver et à financer, explique Mme Charron. On accueille les personnes dans l’état où ils viennent. Ils peuvent être intoxiqués ou avoir des problèmes de santé mentale, alors ça nécessite de deux à trois intervenants compétents sur place.

Les deux ressources d’urgence de Lachine et de Pierrefonds pourront poursuivre leur mission encore quelques mois, grâce à d’autres sources de financement.



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment