REM de l’Est : la Ville doit participer à la prise de décisions, insiste Plante


En marge d’une conférence de presse sur le projet de revitalisation de la rue Saint-Denis, Mme Plante a souligné que des discussions sont en cours avec le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), mais n’a pas fait état d’un quelconque progrès.

Pour ce qui est du comité conjoint, je dirais même du bureau de projets conjoint que nous souhaitons, il y a des discussions en ce moment, a-t-elle indiqué. Je salue l’ouverture.

Mais j’ai envie de dire que la situation actuelle démontre à quel point il y a une problématique : c’est que la Ville de Montréal ne soit pas partie prenante au niveau décisionnel pour ce qui est du REM, a-t-elle ajouté.

Selon la mairesse, le projet envisagé ne peut être géré comme le REM original, qui va traverser l’Ouest de l’île en empruntant notamment des empreintes ferroviaires déjà existantes et le pont Champlain. Le REM de l’Est, rappelle-t-elle, va plutôt passer dans les rues de quartiers résidentiels de la métropole.

« Si la CDPQ veut faire un REM 2.0 en utilisant les mêmes procédées que le REM 1.0, la Ville dit : “bien non, on doit être autour de la table, parce que ça se passe dans nos rues, dans nos quartiers, ça passe devant le quartier chinois, ça passe dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, où il y a plein de familles”. Alors, c’est important qu’on soit là. C’est le message que j’ai porté et j’espère qu’on sera entendu. »

— Une citation de  Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse a réitéré ses craintes que CDPQ Infra ne construise le REM de l’Est dans un premier temps, en laissant la Ville se débrouiller seule par la suite pour effectuer les nécessaires travaux d’intégration urbaine qui devront avoir lieu.

Une voie ferroviaire. En arrière-plan, le centre-ville de Montréal.

Dans une entrevue accordée mercredi à Radio-Canada, le porte-parole de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix, n’a pas donné signe d’une entente imminente sur un rôle accru pour la Ville de Montréal. On considère que la Ville de Montréal est à la table présentement, a-t-il dit.

Selon M. Lacroix, plus d’une centaine de rencontres de comités incluant la Ville ont eu lieu pour discuter de l’ensemble des sujets clés, sans compter des discussions au sein d’un comité stratégique et d’un comité d’experts indépendants qui doit se prononcer sur l’intégration et l’architecture.

Ces lieux d’échange existent, ils sont sur une base régulière, et il y a une écoute de notre organisation par rapport à ce que la Ville de Montréal dit, a résumé le porte-parole de CDPQ Infra. L’appui de la Ville de Montréal est essentiel pour la suite du projet.

Ce sont des comités consultatifs auxquels on participe avec grand intérêt. On y met toute l’énergie, a rétorqué la mairesse Plante à ce sujet. Mais moi, je parle d’un comité décisionnel qui va nous permettre d’avancer ensemble ce grand projet.

« Il y a deux semaines, on a appris que le tracé sur la rue Sherbrooke était maintenant sur Souligny. On l’a appris la veille. C’est majeur. […] On avait fait cette suggestion un an auparavant. Pour moi, c’est une preuve tangible qu’on n’est pas à la table décisionnelle. »

— Une citation de  Valérie Plante, mairesse de Montréal
Une voie ferroviaire. En arrière-plan, le centre-ville de Montréal.

Le REM de l’Est doit circuler sur cette voie ferroviaire, dans le secteur qui se trouve près des rues Dickson et de l’avenue Souligny.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La chose que je veux éviter, c’est qu’on grimpe un REM, et après ça on s’occupe de l’aménagement, a aussi souligné la mairesse de Montréal. Je ne veux pas une ville en chantier pendant 10 ans. C’est non. Alors, il faut que ça se fasse conjointement. Et vraiment il faut qu’on soit autour de la table décisionnelle.

La mairesse Plante a par ailleurs salué l’engagement du gouvernement Legault à débourser des sommes importantes pour s’assurer que le REM de l’Est soit bien intégré dans le tissu urbain de Montréal. Pour moi, c’est une excellente nouvelle et je salue l’ouverture du gouvernement du Québec, a-t-elle dit.

À l’Assemblée nationale, les partis d’opposition ont continué d’attaquer le gouvernement Legault sur ce projet. Ils l’accusent de faire la sourde oreille face aux doléances exprimées plus tôt cette semaine par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

L’organisme a souligné que le projet tel que conçu ne ferait qu’attirer des Montréalais qui prennent déjà le transport en commun, risquant de cannibaliser la ligne verte du métro et le train de Mascouche, et qu’il ne répond que partiellement aux besoins des quartiers nord et est de Montréal.

L’Autorité régionale de transport métropolitain a suggéré à Québec d’envisager des options qui permettraient un projet mieux ancré dans un principe de complémentarité avec l’écosystème de transport collectif existant, ainsi qu’une meilleure adéquation entre les besoins de déplacement, les milieux urbains traversés, le mode proposé et les coûts d’investissement.

« Le REM menace notre parc Morgan », peut-on lire sur pancarte accrochée sur un poteau dans un parc.

Dans le quartier de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, des citoyens craignent que le REM de l’Est ne menace le parc Morgan, situé le long de la rue Notre-Dame Est.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Pressé de refaire ses devoirs et d’écouter les critiques, le premier ministre François Legault a répété qu’il croit au projet. Il a affirmé que certains aménagements auront lieu et qu’il serait ajusté, voire bonifié, afin de permettre un développement extraordinaire dans l’est de Montréal.

Il n’a cependant pas répondu clairement à la question de la chef du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, qui lui demandait précisément si la Ville de Montréal pourrait participer à la prise de décisions.

Il faut distinguer deux choses. La Caisse va réaliser le projet, mais pour dessiner le projet, on a accepté, effectivement, que la mairesse, représentante de la Ville de Montréal, soit dans un comité pour redessiner le projet, a-t-il répondu, sans donner plus de détails.

Il a par ailleurs minimisé les commentaires de la mairesse de Montréal, qui a déclaré à Radio-Canada mercredi qu’elle se sentait acculée au pied du mur par le gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec dans ce dossier.

Ce que la mairesse trouve, c’est que certains dirigeants de la Caisse sont un peu durs dans les négociations. […] Donc, les remarques de la mairesse, c’était sur certains dirigeants de la Caisse, ce n’était pas sur le gouvernement. Ça va très bien entre le gouvernement de la CAQ et la mairesse, a déclaré François Legault.



Reference-ici.radio-canada.ca

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