Presque 200 ans d’histoire à préserver au Musée régional de Rimouski


Ce carnet de santé doit permettre de circonscrire les travaux à apporter à la structure pour que sa longévité et son caractère patrimonial soient préservés.

Selon la directrice générale du Musée, Daisy Boustany, cette analyse doit se faire en deux étapes. La première consiste en la réalisation d’un carnet de santé par observation. Une analyse technique doit suivre pour évaluer la structure en profondeur.

Daisy Boustany.

La directrice générale du Musée régional de Rimouski, Daisy Boustany, explique que le carnet de santé est la première étape du projet de réaménagement éventuel des lieux.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Mme Boustany explique que l’état de santé du bâtiment n’a pas été effectué depuis les rénovations majeures effectuées il y a 30 ans.

On ne connaît pas, en ce moment, l’état général, la santé structurelle, mécanique du bâtiment. Et, on a des symptômes visibles qui nous permettent de croire qu’il y a des problèmes, poursuit-elle.

La directrice générale cite en exemple la condensation qui se forme autour de certaines fenêtres et qui crée des accumulations d’eau ou de glace.

De la condensation et un cerne d'humidité près de l'une des fenêtres du musée.

Des signes de condensation et d’accumulations d’eau sont visibles aux abords des fenêtres.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Elle parle aussi du froid ambiant qui règne dans le bâtiment puisque les murs de pierres sont difficiles à isoler. Le système de climatisation qui maintient un environnement adéquat pour la préservation des œuvres commence aussi à montrer des signes d’essoufflement, selon Mme Boustany.

L’équipe du Musée manque également d’espace pour entreposer sa collection. Des boîtes s’entassent notamment dans un corridor situé aux abords des espaces de rangement.

Des boîtes s'empilent dans un corridor.

Le Musée manque également de place pour ranger toutes les œuvres de sa collection.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Ces quelques exemples ne représentent que les marques de détérioration visibles du bâtiment. Daisy Boustany s’attend à ce que d’autres problèmes soient décelés lors des différentes analyses associées à la réalisation du carnet de santé.

Près de 200 ans d’histoire

L’église a une grande valeur patrimoniale même si elle n’est pas officiellement citée comme telle par Québec, estime la responsable de l’inventaire du patrimoine bâti à la Société rimouskoise du patrimoine, Laurence Deslauriers-Chouinard.

Il y a la pente du toit qui est très caractéristique. Il y a les fenêtres en œil de bœuf aussi, à l’avant. Puis, la pierre des champs, en fait. Il n’y en a pas énormément à Rimouski qui sont en pierres des champs comme celui-ci, explique-t-elle.

Une fenêtre ronde dans une cage d'escalier.

Certains des éléments architecturaux du musée lui procurent son importance patrimoniale.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Le bâtiment a eu plusieurs fonctions à travers le temps.

C’est un bâtiment qui a eu des fonctions vraiment importantes dans une communauté pendant très longtemps, que ce soit une église, ça a été un lieu d’enseignement pendant plus de 100 ans. Puis, aujourd’hui même, avec le musée à l’intérieur, ça prolonge un peu cette mission-là d’enseignement, soutient Laurence Deslauriers-Chouinard.

Elle précise que l’église de pierres a, à l’origine, été construite pour remplacer l’église de bois qui servait jusque là aux Rimouskois, mais qui était devenue trop petite avec le temps.

Elle a servi de lieu de culte pendant plusieurs décennies jusqu’à ce qu’elle soit désacralisée en 1862 au profit de la nouvelle cathédrale, poursuit-elle.

L'église de pierres au centre-ville de Rimouski.

L’église de pierres des champs qui abrite le musée a été bâtie entre 1823 et 1824.

Photo : Radio-Canada / Alain Fournier

L’église a ensuite été utilisée comme école par le séminaire. Les Sœurs du Saint-Rosaire se sont aussi servi du bâtiment comme lieu de résidence jusqu’en 1907.

Les Sœurs de la Charité ont par la suite pris le relais et ont réaménagé une école dans l’ancienne église et pour y résider.

Laurence Deslauriers-Chouinard explique que, lors de la conversion de l’église en couvent par les Sœurs, le toit avait été modifié pour qu’il soit plat et pour qu’un troisième étage puisse être aménagé.

Du crépi a aussi été appliqué sur les pierres des champs qui composent le revêtement extérieur du bâtiment. L’objectif, à l’époque, était sûrement de tenter d’améliorer l’étanchéité du bâtiment au vent.

Une photo d'archives d'église convertie en couvent.

Lors de son occupation par les Sœurs, l’église a été transformée en couvent. Un troisième étage a été ajouté en passant à un toit plat. Du crépi a aussi été appliqué par-dessus la pierre des champs pour tenter d’isoler le bâtiment.

Photo : Musée régional de Rimouski

Selon Mme Deslauriers-Chouinard, de nombreux documents d’archives relatent le froid qui régnait dans l’église.

Elle estime que l’église ancienne a une importance sentimentale pour les Rimouskois.

« Malgré le fait que c’est un endroit difficile à habiter, il y a eu peu de périodes d’inoccupation dans le bâtiment, ce qui indique quand même son importance pour la communauté. »

— Une citation de  Laurence Deslauriers-Chouinard, responsable de l’inventaire du patrimoine bâti à la Société rimouskoise du patrimoine

Laurence Deslauriers-Chouinard souligne aussi que l’église fait partie des quelques édifices du centre-ville qui ont survécu au grand feu de 1950 qui a ravagé la majeure partie du centre-ville.

La quasi-totalité des bâtiments du centre-ville de Rimouski ont été rasés par l'incendie.

Une vue aérienne du centre-ville de Rimouski, après le grand feu de 1950. En haut à gauche, la cathédrale de Rimouski est visible de même que l’église convertie en couvent.

Photo : Musée régional de Rimouski

Le bâtiment a ensuite été converti en musée en 1972. Des rénovations majeures ont suivis, notamment pour remettre l’église dans son état original.

D’autres rénovations sont effectuées en 1992 pour que le bâtiment réponde aux normes muséologiques.

Des projets à venir

L’équipe du Musée souhaite maintenant ajouter une nouvelle page à l’histoire de l’église.

Elle aimerait réaménager les espaces pour les mettre au goût du jour, après avoir effectué l’analyse de l’état de lieux et les travaux nécessaires à sa mise à niveau.

Le réaménagement des espaces pour les rendre plus conviviaux, plus accueillants. Et, éventuellement, ajouter de l’espace stockage, des besoins qui peut-être demanderont un agrandissement, affirme Daisy Boustany.

Un plafond cathédrale dans une salle d'exposition.

L’une des salles d’exposition du musée. La structure en bois du toit de l’église est bien visible.

Photo : Radio-Canada / Alain Fournier

Elle explique que la façon d’aménager les musées était différente il y a 50 ans.

Les expositions qu’on allait visiter, on passait de salle en salle, puis une fois qu’on avait fait le circuit, bien la visite était terminée. Aujourd’hui, on conçoit les musées comme des tiers lieux, comme des espaces collectifs qu’on habite, dans lesquels on vit. La médiation a pris beaucoup de place. Les visites éducatives aussi, poursuit la directrice général du Musée.

« Les espaces doivent s’adapter éventuellement à cette nouvelle conception-là du rôle du musée dans sa société. »

— Une citation de  Daisy Boustany, directrice générale du Musée régionale de Rimouski

Une exposition permanente pourrait éventuellement être installée dans l’une des salles du musée.

Une fenêtre ronde et une fenêtre ovale ornent la façade avant de l'église.

La forme des fenêtres représente l’un des aspects qui caractérisent cette église.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

La Ville de Rimouski a offert une aide financière de 20 000 $ au Musée pour la réalisation de la première analyse visuelle associée au carnet de santé.

Le Musée doit maintenant trouver du financement d’abord pour compléter cette étude et, ensuite, procéder aux travaux pour que cette église puisse continuer longtemps à faire partie du paysage de Rimouski.

Selon Mme Boustany, l’organisme sans but lucratif ne reçoit pas d’aide financière dédiée à l’entretien du bâtiment patrimonial.



Reference-ici.radio-canada.ca

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