Près de 2 musulmans sur 3 ont été victimes d’islamophobie au Manitoba



Dans 73 % des cas, les actes ou paroles islamophobes ont eu lieu dans des lieux publics.

Cependant, le rapport montre également que l’école, le milieu de travail et l’espace virtuel sont d’autres lieux où du racisme religieux se manifeste fréquemment.

En parallèle des données collectées, l’Association islamique du Manitoba met en lumière plusieurs témoignages, qui sont quasi tous ceux de jeunes filles ou femmes portant le hijab, surreprésentées parmi les victimes.

L’enquête rapporte le témoignage édifiant d’un parent, resté anonyme, qui explique le harcèlement physique et mental que sa fille a subi de la part d’un professeur lorsqu’elle n’avait que 10 ans.

« Il lui a demandé, ainsi qu’à son amie (toutes deux portant le hijab), ce qui se passerait s’il retirait leurs hijabs. Il se mit à les harceler pendant la journée, tirait sur leurs hijabs. Il a fini par pousser l’amie de ma fille […] et sa tête a failli heurter le mur. Il a également tiré les cheveux de ma fille alors qu’il passait devant son bureau. »

— Une citation de  Témoignage d’un parent cité dans le rapport de l’Association islamique du Manitoba

Selon le rapport, les jeunes filles musulmanes ne sont donc pas seulement confrontées à l’islamophobie de la part des autres élèves, mais aussi de la part des éducateurs.

On s’attendait à ce que l’école soit l’endroit où toute la communauté soit éduquée à la tolérance et à l’acceptation de l’autre, a déclaré le porte-parole francophone de l’association, Cheikh Oild Moulaye.

Les personnes noires musulmanes sont également surreprésentées parmi les victimes d’islamophobie. Alors qu’elles ne représentent que 26 % de l’étude, 60 % ont subi des actes de racisme religieux.

Un racisme qui continue une fois que ces filles deviennent des femmes

Selon l’expérience des femmes portant le hijab, il est beaucoup plus difficile de se faire embaucher. C’est l’Islam qui est visé et malheureusement les femmes sont plus victimes, car elles sont facilement identifiables, déduit le porte-parole.

L’un des témoignages mis en avant par le rapport explique qu’une femme, anonyme, portant le foulard a tenté de trouver infructueusement un emploi pendant près de deux ans, avant de retirer son foulard et de trouver un travail en seulement quelques semaines.

Ce témoignage est corroboré par la présidente du Canadian Muslim Women’s Institute, basé à Winnipeg, Yasmin Ali. La première question que posent les immigrants et les réfugiés est comment puis-je obtenir un emploi? Les musulmans visibles et principalement les femmes sont les individus les plus ciblés par toutes les formes d’islamophobie, souligne Yasmin Ali.

À cet égard, l’organisme aimerait que des incitatifs soient mis en place pour récompenser les employeurs qui démontrent un engagement envers une main-d’œuvre et un lieu de travail inclusifs.

Éduquer la communauté à réagir aux actes islamophobes

Le président de l’Association islamique du Manitoba, Idris Elbakri, explique que les actes d’islamophobie ne sont pas toujours très impressionnants. Il s’agit souvent de micro-agressions.

Nous tentons de donner des outils à nos amis et nos alliés dans la communauté pour identifier ces micro-agressions et y réagir, explique-t-il.

Selon le rapport, cette entraide de la communauté manitobaine serait facilitée par la mise en place d’une série de recommandations.

Pour les enfants de la maternelle à la 12e année, l’association préconise notamment d’équiper les bibliothèques scolaires de livres sur la culture musulmane et l’Islam, de fournir un espace sécuritaire de prière, d’incorporer la culture et l’histoire des civilisations musulmanes dans les programmes scolaires et de permettre de petits aménagements de l’emploi du temps pour les événements religieux, tels que le ramadan.

L’organisme souhaite également que de meilleurs mécanismes soient développés pour améliorer le signalement des crimes haineux et faire en sorte de proposer un réglement qui ne passe pas forcément par le système judiciaire, qui peut être intimidant pour les victimes.

Pour Cheikh Oild Moulaye, ce rapport est un outil pour interpeller les politiciens et la communauté et montrer que l’islamophobie existe. C’est le problème de tous !

Avec les informations de Radjaa Abdelsadok



Reference-ici.radio-canada.ca

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