« On essaie de rester forts pour eux » : une Ukrainienne à Moncton se confie | Guerre en Ukraine


Lorsque Maryna Kurlish a appris que le pays était envahi par la Russie, elle s’est mise à crier.

Je ne pouvais pas m’arrêter, c’était plus fort que moi, dit-elle. C’est de la peine que tu ne peux pas imaginer.

C’est que les parents et la grand-mère de Maryna Kurlish sont actuellement dans leur maison de campagne de Khotianivka, en banlieue de Kyiv.

Comme l’armée ukrainienne a fait exploser un pont de la région pour empêcher l’invasion russe dans la capitale, ses proches ne peuvent plus se rendre dans leur résidence principale de Kyiv, où se trouvent leurs passeports et autres documents officiels.

Maryna Kurlish est en contact avec son père et sa mère de trois à cinq fois par jour depuis le début de l’invasion.

On essaie de rester forts pour eux, déclare-t-elle.

Deux femmes à une manifestation de soutien à l'Ukraine. Elles tiennent une affiche sur laquelle est écrit, en anglais: « If you left (sic) Ukraine fall, who will be next?»Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Si le monde laisse l’Ukraine tomber aux mains des Russes, « qui seront les prochains? » demandent Maryna Kurlish (à gauche) et son amie, qui ont manifesté le 5 mars 2022 à Moncton.

Photo : Radio-Canada / Sarah Déry

Bien qu’il n’y ait pas de soldats ukrainiens ou d’affrontements en ce moment à Khotianivka, le village reste en état d’alerte.

Ils attendent, dit Maryna Kurlish.

Parallèlement, la résistance ukrainienne, qui a reçu des armes, patrouille les champs de la région pour débusquer des espions.

« Je ne comprends pas qu’est ce qu’ils [les Russes] vont faire après. Ça me fait peur. Parce que s’ils détruisent tellement les villes, il y a tellement de haine. Je ne comprends pas comment ils veulent diriger ce pays. Qu’est-ce qu’ils vont faire? »

— Une citation de  Maryna Kurlish

Le père de Maryna Kurlish est médecin. Il ne pratique pas, mais se dit prêt à mettre la main à la pâte si le besoin se fait ressentir.

Tout le monde sait qu’il est médecin et arrive n’importe quand chez lui. Il peut aider, mais il n’y a pas de bataille en ce moment, explique-t-elle.

Au Canada depuis 2014

Maryna Kurlish et son conjoint ont quitté Louhansk il y a cinq ans pour s’établir au Canada.

Un autel avec une flamme, un drapeau ukrainien et une figurine d'ange.

Maryna Kurlish a fait un petit « coin de l’espoir » dans son salon dès le premier jour de l’invasion en Ukraine par les Russes.

Photo : Radio-Canada

En 2014, la guerre du Donbass a éclaté à l’est de l’Ukraine et le mari de Mme Kurlish a reçu l’ordre du gouvernement de s’y rendre, afin de protéger cette partie du pays.

Il y avait une lettre pour mon mari dans lequel il y avait l’information qu’il devait aller dans l’armée, se souvient-elle.

Cependant, les parents du mari de Maryna Kurlish habitaient le Donbass. S’enrôler était donc, pour lui, synonyme d’attaquer la région dans laquelle habitaient ses propres parents.

C’était un gros dilemme pour notre famille, qu’est ce qu’on devait faire. On a décidé d’immigrer, raconte-t-elle.

Retrouvailles avec une partie de la famille

Maryna Kurlish rappelle qu’il y a depuis un moment déjà beaucoup de tensions en Ukraine.

Une femme triste devant une pancarte amateure sur laquelle de nombreuses informations sur l’Ukraine sont écrites.

Maryna Kurlish parle tous les jours avec ses proches restés en Ukraine.

Photo : Radio-Canada

Quelques-unes de ses amies lui avaient même écrit avant l’invasion de la Russie pour lui demander comment elle avait elle-même quitté le pays, en 2014.

La majorité des amies de Maryna Kurlish ne quitteront toutefois pas l’Ukraine. Ses parents et sa grand-mère, qui refusent de déménager au Canada. Papa a dit qu’il faut reconstruire l’Ukraine, qu’il va travailler, relate-t-elle.

« Chaque minute, ils ont peur. Ils veulent quitter, mais il y a tellement d’espoir et d’honneur que tu es Ukrainien. Même nous, on sent ça ici. »

— Une citation de  Maryna Kurlish

D’autres membres de la famille de Mme Kurlish ont néanmoins quitté le pays. Ils sont en Roumanie et aimeraient, éventuellement, venir la rejoindre au Nouveau-Brunswick.

Maryna Kurlish affirme avoir reçu beaucoup de soutien de la communauté depuis le début des affrontements dans son pays natal.

Elle est aussi reconnaissante des dons de médicaments et de nourriture faits par des citoyens canadiens aux sinistrés de son pays.

La gloire à l’Ukraine, conclut-elle.

Avec des renseignements de Janic Godin



Reference-ici.radio-canada.ca

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