Norbourg , un rare thriller financier québécois, prend l’affiche vendredi


Norbourg est un objet cinématographique plutôt rare au Québec, un thriller financier se déroulant presque à huis clos dans les tours à bureau du centre-ville de Montréal, un peu à l’image de films américains comme Le loup de Wall Street (2013) ou La casse du siècle (2015).

Le film est réalisé par Maxime Giroux – connu notamment pour avoir tourné Félix et Meira (2014) – à partir d’un scénario de Simon Lavoie, qui a commencé à travailler sur le projet il y a près de 10 ans.

Au-delà des faits plus spectaculaires de l’affaire – 130 millions de dollars dérobés à 9000 victimes – relayés en boucle dans les nouvelles à l’époque, le scénariste voulait lever le voile sur les dessous du scandale et sur son architecte principal, méconnu du public, Éric Asselin.

Retourner sa veste deux fois plutôt qu’une

Éric Asselin était un enquêteur de la Commission des valeurs mobilières du Québec (CVMQ), ancêtre de l’Autorité des marchés financiers. Dans le cadre de son travail, il a passé une bonne partie de sa vie à voir passer des sommes d’argent faramineuses, sans jamais pouvoir y toucher; un terreau fertile pour la cupidité.

J’ai découvert cet être caché dans l’ombre, calculateur, dont les motivations, comparativement à Vincent Lacroix, sont beaucoup plus ancrées dans une espèce d’amertume et de frustration, explique Vincent-Guillaume Otis, qui ne connaissait pas non plus l’histoire d’Éric Asselin avant d’être approché pour l’incarner à l’écran.

Bien que M. Asselin était le véritable cerveau derrière la fraude mise en œuvre par Vincent Lacroix et son entreprise de gestion de fonds de placement Norbourg, il a été épargné par la justice parce qu’il a changé de camp au dernier moment, trahissant son complice après avoir trahi sa profession.

Il a joué ses cartes de façon très intelligente tout au long du processus, explique Vincent-Guillaume Otis. Vincent Lacroix, lui, était plutôt naïf. C’était un peu comme une game de poker pour lui, il s’amusait.

«Norbourg», un film sur le pire scandale financier du Québec

Les victimes de fraude en trame de fond

Film plus cérébral que sentimental, Norbourg s’intéresse d’abord au côté technique des magouilles financières élaborées par Lacroix et Asselin. Évidemment, les quelque 9000 victimes de fraude ne sont pas oubliées, mais elles ne sont pas nécessairement au cœur de l’intrigue.

Le réalisateur espère toutefois que son œuvre pourra déculpabiliser les personnes qui s’en veulent d’être tombées dans le panneau. Ce n’est pas de votre faute si vous vous êtes fait flouer. Vous avez probablement eu honte de vous être fait dérober 15 000 $, 50 000 $, 200 000 $, mais dans les faits, c’était impossible de savoir que ça allait arriver, résume-t-il en s’adressant aux victimes.

C’était même impossible pour la Caisse de dépôt et Desjardins, tout le monde a fait confiance à cet homme-là, qui était un charmeur.

François Arnaud abonde dans le même sens. C’est d’ailleurs pourquoi le Vincent Lacroix qu’il incarne à l’écran est loin de l’homme abattu qu’on a pu voir aux nouvelles lors de son arrestation au milieu des années 2000.

On a l’image de Vincent Lacroix la queue entre les jambes, alors qu’il s’est déjà fait arrêter […] ll a pris du poids, il ne dort plus. Mais le Vincent Lacroix qu’on aborde dans le film est au sommet de son ascension, il est confiant, charismatique et convaincant, explique-t-il.

C’est important pour honorer les victimes de montrer un Vincent Lacroix qui a ses qualités-là, sinon on ne comprend pas. Si on montre un Vincent Lacroix qui est évidemment un escroc et un bon à rien, on ne comprend pas pourquoi les gens se sont fait berner.

Ce texte a été écrit à partir d’entrevues réalisées par Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.



Reference-ici.radio-canada.ca

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