Nazanin est libre. Mais à quel prix ? | Le spectateur


La libération de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, aux côtés de sa co-détenue Anoosheh Ashoori, a suscité énormément d’éloges et de joie à un moment où la nouvelle ressemblait à un flot incessant de misère. Comment ressentir autre chose que de la joie à la sortie d’une jeune maman après six ans loin de son enfant ? Ces Britanniques libérés ont enduré une situation inimaginable, souffrant de conditions horribles dans l’une des dictatures les plus notoires du monde.

Mais lorsque ces effusions de soulagement et de jubilation passent, un sérieux examen de la manière dont le ministère des Affaires étrangères a obtenu leur libération doit avoir lieu. Le gouvernement britannique a versé 400 millions de livres sterling à un régime horrible avec au mieux une réclamation douteuse à l’argent (bien que le gouvernement insiste bizarrement sur le fait que le paiement n’a rien à voir avec la libération des deux prisonniers). La demande iranienne était basée sur un contrat entre le MoD et le dernier Shah, qui a passé une commande de 1 500 chars Chieftan avant d’être évincé lors de la révolution islamiste de 1979. Le principal char de combat britannique a évolué deux fois depuis l’accord, mais les mollahs meurtriers prétendre avoir hérité de l’ordre.

Ceux qui célèbrent aveuglément la libération de Zaghari-Ratcliffe devraient peut-être écouter les familles des autres victimes des révolutionnaires iraniens. Ebrahim Raisi, qui a été élu président de l’Iran en août dernier, aurait siégé à une soi-disant «commission de la mort» qui a condamné des milliers d’opposants politiques à un sort cruel sur des accusations sans fondement. Les répressions meurtrières de l’État ont sévi sous son règne – maintenant, son gouvernement bénéficiera d’une bouillie d’argent britannique.

Alors, où les nouveaux fonds de l’Iran seront-ils dirigés ? Les possibilités sont larges. Peut-être que le Corps des gardiens de la révolution islamique profitera d’un rafraîchissement de ses coffres. Cette semaine encore, le CGRI a revendiqué la responsabilité d’une attaque à la roquette dans le nord de l’Irak. En 2020, des missiles d’une milice soutenue par l’Iran ont frappé la même région, tuant un soldat britannique. Il est possible qu’ils bénéficient désormais d’un nouveau stock d’armements avec de l’argent signé par la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.

Les rapports suggèrent que dans les dizaines de réunions britanniques et iraniennes, un pacte a été conclu pour garantir que l’argent ne sera dépensé que pour des causes humanitaires. Aucun mot n’a été donné sur la manière dont cela sera assuré ou sur le prix que Téhéran paiera s’il rompt cet accord. Mais il est peu probable qu’il subisse beaucoup de contrecoups si l’argent va à des projets plus néfastes. C’est un régime qui a agi avec une agression extrême sans même le moindre risque de représailles occidentales. Le bombardement par drone d’un porte-conteneurs dans le détroit d’Ormuz en août dernier, qui a fait la mort d’un ressortissant britannique, n’a suscité qu’une condamnation verbale.

Mais même en ignorant les maux particuliers de ce régime, l’accord que Truss a conclu avec Téhéran pour la libération de Zaghari-Ratcliffe reste une grave erreur stratégique. En signant le gros chèque en échange d’otages, le gouvernement a démontré qu’il est prêt non seulement à négocier avec les terroristes, mais à céder à leurs demandes. Que feront-ils lorsqu’un autre régime despotique décidera d’accuser sans fondement un Britannique d’espionnage ? Le ministre des Affaires étrangères utilisera-t-il tous les leviers du gouvernement pour assurer leur retour en toute sécurité, ou va-t-il simplement se rendre au Trésor et lui demander de faire disparaître tous les problèmes ?

Il existe une méthode alternative. En 1979, lorsque le Shah a été déposé, la Grande-Bretagne a signé la Convention des otages de l’ONU. Le traité engageait le Royaume-Uni et 38 autres signataires à punir la prise d’otage, à poursuivre un preneur d’otage même si aucun autre État ne demande l’extradition pour le même crime. De toute évidence, cela ne va pas assez loin, et la Grande-Bretagne devrait chercher un ajout au traité qui reconnaisse la prise d’otages au niveau de l’État et énonce des sanctions claires pour les gouvernements qui cherchent à emprunter cette voie.

L’Iran espère obtenir le soutien de l’Occident pour relancer son accord sur le nucléaire, saccagé par l’ancien président américain Donald Trump. Peut-être, dans le cadre de notre part du marché, pourrions-nous demander à Téhéran de cesser de détenir arbitrairement nos citoyens pendant des années sur de fausses accusations ?

Liz Truss se réjouit des applaudissements pour avoir obtenu la libération de deux Britanniques. Mais peut-elle rassurer le public sur le fait que d’autres prises d’otages par l’État n’auront pas lieu ? Ou peut-elle promettre que Téhéran n’utilisera pas l’argent des contribuables britanniques pour financer sa campagne de terreur ? Il est peu probable qu’elle puisse faire l’un ou l’autre. Le ministre des Affaires étrangères a cédé aux demandes iraniennes sans grand résultat. Ce n’est pas une success story de la diplomatie britannique, c’est une capitulation embarrassante.



Reference-www.spectator.co.uk

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