L’invasion de vers de terre dans les forêts canadiennes serait liée au déclin des insectes


L’étude publiée cette semaine dans le journal scientifique Biology Letters révèle que les insectes sont moins présents dans les zones forestières avec plus de lombrics envahissants.

Selon ses auteurs, parallèlement au changement climatique, à l’évolution de l’utilisation des sols et aux pesticides, les invasions de vers de terre seraient en fait un élément sous-estimé dans le déclin généralisé des insectes.

Le biologiste et écologiste au Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité et à l’Université de Leipzig, Malte Jochum, s’attendait à cette conclusion lorsqu’il a dirigé cette étude dans une forêt de trembles à l’ouest de Calgary. Pourtant, le scientifique dit avoir été impressionné par l’ampleur de l’impact des vers de terre sur l’écosystème.

Il y avait en moyenne 61 % moins d’insectes individuels, 18 % moins d’espèces et une réduction de la masse totale d’insectes de 27 % aux endroits avec une plus grande masse de vers de terre.

C’est fascinant de voir comment une invasion souterraine peut avoir un tel impact pour les animaux au-dessus du sol, a déclaré Malte Jochum.

Des personnes marchent sur un sentier avec le mont Baldy et le lac Barrier en arrière-plan.

Les chercheurs ont étudié l’impact des vers de terre à une station de recherche de l’Université de Calgary, près du lac Barrier et du mont Baldy.

Photo : Malte Jochum

Des effets boule de neige ont pu être observés dans tout le réseau alimentaire, même parmi les organismes qui n’ont pas de relation directe de prédateur, de proie ou de compétition avec les vers de terre.

Autre observation, certains organismes comme les araignées ou les parasitoïdes ont augmenté en nombre, et ce constat laisse toujours les scientifiques perplexes.

Fonte du pergélisol

L’invasion de vers de terre est généralisée dans le continent américain et augmente dans le nord à mesure que le pergélisol dégèle.

L’ampleur de ce phénomène est énorme et va probablement s’étendre avec les changements climatiques, souligne Malte Jochum. Selon lui, il n’y a aucune raison de penser que d’autres écosystèmes réagiraient différemment dans la même situation. Il demande donc aux gens de faire attention lorsqu’ils jardinent ou pêchent, parce qu’ils pourraient potentiellement transporter des vers de terre dans de nouveaux endroits.

On dirait que les personnes vivant en Amérique du Nord ne savent pas que les vers de terre n’ont pas leur place à cet endroit, a-t-il fait savoir. Je crois qu’il est important de le rappeler.

Les débuts de l’invasion

Pendant l’ère glaciaire, la majorité de l’Amérique du Nord était couverte d’une épaisse couche de glace. Quand celle-ci a commencé à se retirer, les organismes, par exemple les plantes ou les insectes, ont commencé à recoloniser le terrain, note Ed Johnson, coauteur de l’étude et professeur émérite à l’Université de Calgary.

Le système s’est réorganisé de lui-même sans [les vers de terre]. Et quand ils sont arrivés, le système s’est à nouveau réorganisé, explique-t-il.

Un arbre avec un ruban rouge.

Une forêt typique de trembles et de peupliers dans la zone d’étude. La bande rouge sur l’arbre signale un emplacement examiné.

Photo : Malte Jochum

Des chercheurs ont constaté une invasion de vers de terre dans la forêt de trembles entourant un terrain d’observation de l’Université de Calgary dans les années 1980, mentionne Ed Johnson. Il soupçonne qu’ils se trouvaient dans cette région de Kananaskis, dans les montagnes Rocheuses, le long du lac Barrier, depuis les années 1960.

Les vers de terre, dont plusieurs ne provenaient pas de l’Amérique du Nord, sont d’abord apparus près de cabanes, de lieux de pêche ou dans les endroits marqués par le passage de chevaux, un signe, selon lui, qu’ils auraient été apportés par des humains.

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Avec des informations d’Emily Chung



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