Les papiers hygiéniques au banc d’essai


Les fabricants l’ont bien compris et offrent aux consommateurs de nombreuses variétés. L’épicerie a recensé pas moins de 30 produits différents sur le marché. Des papiers doux, résistants et même écologiques. De quoi rendre le consommateur confus!

Parmi les 31 produits testés, trois grandes familles de papier hygiénique émergent :

  • La fibre vierge ou mixte : 24
  • La fibre recyclée : 5
  • La fibre de bambou : 2

Des tests mécaniques

L’épicerie a demandé à une équipe du Département de génie chimique de Polytechnique Montréal de tester les 31 produits pour évaluer leur performance.

Des paquets de papier de toilette sur un chariot.

Trente et un produits de quinze marques différentes ont été testés par les laboratoires de Polytechnique Montréal.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Les différents papiers ont subi trois tests :

  1. taux d’absorption
  2. résistance aux déchirures
  3. vitesse de dégradation dans l’eau

C’est presque étonnant : tant sur le plan de la capacité d’absorption que de la résistance, les papiers hygiéniques ne présentent pas de grandes différences.

Sur l’ensemble de nos rouleaux, les différences n’étaient pas majeures d’un point de vue mécanique, explique le professeur titulaire au Département de génie chimique de Polytechnique Montréal, Jason R. Tavares. Ce n’est pas un papier qui est particulièrement fort, c’est un papier qui est destiné à se dégrader rapidement par la suite.

Par contre, certains papiers ont montré une certaine résistance lors du test de dégradation dans l’eau. Pour l’analyse, les échantillons étaient placés dans un bécher équipé d’un agitateur magnétique. L’eau est ainsi agitée pour reproduire l’effet d’une toilette.

Dans certains cas, ça prenait de 5 à 20 secondes, mais pour d’autres, il a fallu interrompre après 10 minutes puisqu’il n’y avait toujours aucune dégradation, constate Jason Tavares.

Du papier de toilette dans un bécher rempli d'eau.

Les papiers de toilette ont subi un test de dégradation dans l’eau.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

C’est le cas du Charmin Ultra Strong, fait de fibres vierges, et du Silk’n Soft, composé de fibres de bambou. Pour le professeur, ces papiers pourraient rester intacts dans la tuyauterie et mener à des blocages.

Bonne note cependant du côté des papiers faits de fibres recyclées qui se dégradaient particulièrement rapidement.

Selon les trois tests de Polytechnique Montréal, les quatre papiers hygiéniques les plus performants sont :

  • Le choix du président – Max douceur
  • Cottonelle – Ultra ComfortCare
  • Cashmere – UltraLuxe
  • Cashmere – Ultra 3
Des paquets et des rouleaux de papier de toilette.

Selon les tests de Polytechnique Montréal, ces quatre papiers hygiéniques sont les plus performants.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Les papiers verts plus écologiques?

La grande majorité des papiers hygiéniques sont fabriqués à partir de fibres vierges. Ce qui ne veut pas dire qu’on abat des arbres juste pour fabriquer du papier toilette. L’industrie utilise plutôt les résidus des coupes, qui ont moins de valeur sur le marché.

C’est sûr que d’optimiser les résidus de bois pour en faire du papier toilette, ça peut paraître louable, constate la directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS, Louise Hénault-Éthier. Mais on peut se questionner sur la logique de vouloir encore exploiter des fibres issues de l’industrie forestière pour faire un produit qui est vraiment à usage unique.

Parce que la demande de produits écologiques est plus forte, les marques offrent des versions de papiers hygiéniques faits de fibres recyclées. Un défi pour les fabricants, car ces fibres, faites de papiers et de cartons postconsommation, sont plus courtes. Leur raffinage est plus complexe et il est difficile d’atteindre le confort attendu par le consommateur.

Pour les choisir, le consommateur peut se fier à certains logos comme le FSC (Forest Stewardship Council) et l’Ecologo. Par contre, les deux autres certifications, Rainforest Alliance et Sustainable Forestry Initiative, sont controversées et peu fiables, selon plusieurs ONG écologistes.

Le logo FSC sur un emballage de papier de toilette.

Le FSC certifie autant les fibres vierges venant de forêts bien gérées que des fibres recyclées, ou encore un mélange des deux.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Selon Louise Hénault-Éthier, le logo FSC est reconnu dans le monde comme étant un des organismes de certification les plus crédibles en matière de foresterie.

Le FSC certifie autant les fibres vierges venant de forêts bien gérées que des fibres recyclées, ou encore un mélange des deux.

L’Ecologo est une autre certification crédible, selon la directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS. C’est quand même une norme à travers laquelle on va chercher à atteindre le maximum de performance dans l’industrie pour différents critères, que ce soit la consommation d’eau, la consommation de produits chimiques, les émissions de gaz à effet de serre, explique Louise Hénault-Éthier, qui encourage les consommateurs à se tourner vers les produits faits de fibres recyclées.

« Ecologo, c’est une norme assez robuste à laquelle le consommateur peut se fier. »

— Une citation de  Louise Hénault-Éthier, directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS
Le logo Ecologo sur un emballage de papier de toilette.

La certification Ecologo est une norme qui se penche sur la consommation d’eau, la consommation de produits chimiques et les émissions de gaz à effet de serre des différents produits.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Et le bambou?

Les vertus écologiques de ce type de plantation sont intéressantes, selon Louise Hénault-Éthier. Il a l’avantage, notamment, de pousser 20 fois plus vite que les arbres de la forêt boréale. Mais il y a un gros bémol : Il vient de très loin et c’est la chaîne d’approvisionnement qui est difficile à analyser dans ce cas-ci, reconnaît la spécialiste.

Le papier hygiénique fait de fibres de bambou de la marque Silk’n Soft, par exemple, est fabriqué en Chine.

Question de prix

On observe une très grande variation quant au prix des papiers hygiéniques. Pour le vérifier, le consommateur n’a pas d’autres choix que de regarder le nombre de feuilles par rouleaux (qui varie d’une marque à l’autre), de le multiplier par le nombre de rouleaux et de diviser ce nombre par le prix. Pas simple!

L’épicerie a donc fait ces calculs :

Mais si, outre le prix, les questions environnementales pèsent davantage dans le choix du consommateur, les papiers faits de fibres recyclées sont les suivants :

  • Cascades Fluff – Enviro
  • Cashmere – EnviroPlus
  • le Choix du président – Vert
  • Compliments – Pensons vert
  • Sélection – Le tout doux éco

Question de confort

Pour conclure cette analyse, nous avons demandé à des finissantes et une enseignante du Centre des textiles contemporains de Montréal de nous donner leur avis sur la douceur des papiers. Une comparaison bien subjective, mais les étudiantes ont tout de même ressenti plusieurs différences sur le plan de la texture des papiers.

Elles ont analysé les quatre papiers considérés comme les plus performants par Polytechnique Montréal ainsi que les cinq produits faits de fibres recyclées.

Leur choix s’est porté sur :

  • Cottonelle Ultra Comfort Care, 5 ¢ / 10 feuilles
  • Compliments Pensons vert , 3 ¢ / 10 feuilles
Des paquets de papier de toilette.

Ces deux produits se distinguent pour leur douceur.

Photo : Radio-Canada / L’épicerie

Le bidet, l’option économique?

Selon les calculs effectués par L’épicerie, en fonction des 31 produits analysés, il en coûte à chaque Canadien autour de 100 $ par année de papier hygiénique. Ainsi, un bidet à 100 $ est rentabilisé en un an.

Le reportage de Denis Gagné, Gildas Meneu et Dany Croussette est diffusé à L’épicerie le mercredi à 19 h 30 et le dimanche à 13 h 30 à ICI TÉLÉ. Le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 16 h 30 à ICI RDI.



Reference-ici.radio-canada.ca

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