Les caribous au cœur d’un bras de fer entre Québec et Ottawa


François Legault a rappelé que le dossier du caribou relevait d’un champ de compétence provinciale. Le gouvernement fédéral, peut-être qu’ils n’ont pas d’autre chose à s’occuper et ils viennent se mêler du dossier, a répondu le premier ministre québécois.

François Legault, premier ministre du Québec, debout derrière un lutrin.

Mercredi à Gaspé, François Legault a maintenu que le dossier du caribou relevait d’un champ de compétence provinciale.

Photo : Radio-Canada

Le chef du gouvernement provincial se dit conscient de la situation précaire des caribous en Gaspésie mais essaye de trouver un équilibre entre la protection de l’habitat de l’espèce en péril et la conservation des emplois du secteur de la forêt. Il soutient que des solutions seront apportées à l’occasion de la Commission indépendante sur le caribou forestier et montagnard, actuellement en tournée de consultation à travers le Québec.

Réplique du gouvernement fédéral

Du côté d’Ottawa, le jeu de chaise suscite l’incrédulité. C’est très bien qu’on parle à d’autres ministres, mais ce dossier-là passe par moi, n’en déplaise au premier ministre Legault, rappelle Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique.

Steven Guilbeault devant un micro.

Steven Guilbeault rappelle qu’il est responsable du dossier et pourrait recommander l’intervention d’Ottawa si aucune solution n’est mise sur la table rapidement (archives).

Photo : La Presse canadienne / Chad Hipolito

Par ailleurs, au cabinet du ministre, on se dit étonné de voir les ministres Pierre Dufour, des Forêts, de la Faune et des Parcs, et Benoît Charette, de l’Environnement, être écartés des discussions.

Steven Guilbeault a contredit les affirmations de François Legault, lors d’une entrevue dans l’émission Au cœur du monde mercredi. Il maintient que c’est bien le devoir du gouvernement fédéral d’assurer la protection du caribou forestier.

« Je ne peux pas faire ces négociations-là tout seul. Et curieusement, je suis capable de le faire avec un paquet d’autres provinces. »

— Une citation de  Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement

Le gouvernement fédéral dit mener des négociations avec l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique, trois provinces où on retrouve une activité forestière probablement aussi importante que celle du Québec, a affirmé M. Guilbeault en entrevue.

La patience du ministre à l’égard de Québec arrive à sa limite. Steven Guilbeault avait donné jusqu’au 20 avril, pour obtenir des réponses satisfaisantes en matière de mesures pour protéger l’habitat des caribous. Pour l’heure, son cabinet confirme qu’il n’a rien reçu.

Au-delà de la date butoir, Ottawa pourrait recommander au gouverneur d’imposer un décret afin de protéger l’habitat de l’animal sur le territoire du Québec. Ce mécanisme est prévu à la Loi sur les espèces en péril du Canada. Il constituerait une intervention inédite du fédéral sur le territoire provincial.

Le milieu forestier redoute une intervention d’Ottawa

Dans une lettre envoyée au premier ministre le 14 avril, le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) dit redouter les conséquences négatives de décisions unilatérales qui pourraient être prises par Ottawa pour protéger le caribou. Ainsi, l’industrie demande à François Legault de négocier de manière constructive avec Ottawa afin d’en arriver à une entente pour la protection des espèces en péril.

Si l’industrie forestière a des pratiques qui sont durables du point de vue de la protection du caribou, elle n’a pas à s’inquiéter, assure Steven Guilbeault. Le ministre rappelle que son souhait n’est pas de mettre fin à cette industrie mais d’assurer un meilleur équilibre.

Le Conseil compte faire connaître ses propositions pour aider l’espèce en péril, lors des audiences de la Commission indépendante sur le caribou forestier et montagnard. Le conseil dit souhaiter une solution équitable, qui aiderait à la fois les caribous et l’industrie et procure du travail à 140 000 personnes au Québec.

Le Conseil de l’industrie forestière n’a pas voulu accorder d’entrevue pour expliquer son point de vue.

D’après les informations de Jean-François Deschênes



Reference-ici.radio-canada.ca

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