Les athlètes des petites communautés des T.N.-O. se sentent désavantagées


Jackie Whelly entraîne presque chaque jour six athlètes à Fort Simpson en vue des Jeux d’été du Canada qui auront lieu en août. Et elle tente de faire en sorte que ses jeunes joueuses de soccer ne voient pas sa frustration.

« Le système est fait de telle sorte qu’elles ne peuvent pas montrer ce dont elles sont capables parce que, à chaque fois, les qualifications ont lieu à Yellowknife. »

— Une citation de  Jackie Whelly entraîneuse de soccer à Fort Simpson

Jackie Whelly cite notamment les frais pour se déplacer dans la ville pour les qualifications et les camps d’entraînement en cas de sélection. Selon l’entraîneuse, le coût des voyages n’est pas le seul problème auquel doivent faire face les sportifs des petites communautés.

Les filles à Yellowknife ont l’option de faire des entraînements en plus, durant l’été. Donc elles tissent déjà des liens, dit-elle des relations qui s’établissent entre les joueuses et les entraîneurs qui, en général, vivent aussi à Yellowknife.

Les entraîneurs ont déjà une idée de qui ils voudraient voir dans leur équipe.

Difficile de prôner l’égalité des chances

Pendant ses six années comme entraîneuse, Jackie Whelly affirme qu’avant ce jour, aucune de ses athlètes n’avait été sélectionnée pour faire partie de l’équipe des Territoires du Nord-Ouest. Cette année marque donc un tournant, croit-elle, mais elle ajoute que c’est toujours un défi d’encourager ses joueuses à se lancer dans le processus de qualifications.

Elles ne veulent pas s’y plier parce qu’elles pensent que l’équipe est déjà choisie. Et c’est difficile pour moi de les contredire et de leur dire que tout le monde a une chance égale, quand régulièrement elles ne sont pas sélectionnées, et que l’équipe est constituée uniquement de sportives venant de Yellowknife.

Jaicee Tsetso, âgée de 16 ans, est l’une des six joueuses de Fort Simpson qui a décroché son ticket pour l’équipe des Territoires du Nord-Ouest. Elle affirme que pour se rendre aux camps d’entraînement, elle va devoir récolter beaucoup d’argent, mais elle dit aimer l’opportunité de se rendre dans d’autres communautés.

Une jeune fille sourit à la caméra.

Jaicee Tsetso dit aimer se rendre à Yellowknife pour participer aux camps d’entraînement et ne veut pas que cela change, mais elle reconnaît que les joueuses de soccer de la ville qui font partie de l’équipe des Territoires du Nord-Ouest peuvent participer à de petits tournois que les joueuses de Fort Simpson ne peuvent pas reproduire.

Photo : Avec la permission de Jaicee Tsetso

Elle admet cependant que les sportives de Yellowknife ont accès à des opportunités différentes.

« Il y a de petits tournois de temps en temps, mais nous, à Fort Simpson, on ne peut pas vraiment faire ça, car il n’y a pas assez de monde. »

— Une citation de  Jaicee Tsetso, joueuse de soccer originaire de Fort Simpson

Elle pense que l’opportunité de s’entraîner plus souvent aiderait à bâtir des liens entre coéquipiers.

Brittany Kendo, une autre athlète de Fort Simpson sélectionnée pour l’équipe territoriale, pense de son côté que ses homologues de Yellowknife peuvent s’entraîner plus souvent, car elles ont accès à plus d’installations sportives.

Le défi de rendre le sport équitable

Rendre les opportunités sportives plus équitables au territoire est la priorité de Sport North, selon son directeur général, Bill Othmer. Il affirme que la problématique se trouve à l’ordre du jour de toutes les rencontres du comité des jeux multisports de l’organisme.

Sport North travaille à élaborer un manuel de politiques multisports pour tenter de résoudre ce problème, indique Bill Othmer. Il espère que le document sera finalisé avant les Jeux d’hiver de l’Arctique 2023. Il devrait permettre d’établir des politiques normalisées pour la participation aux Jeux d’hiver de l’Arctique, aux Jeux d’été du Canada et aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord, a-t-il ajouté. 

Bill Othmer ajoute que Sport North travaille aussi à mettre en place un programme de subventions pour la sélection des équipes. Même si pour le moment, aucune enveloppe financière n’y est attachée, le programme aiderait les organismes sportifs territoriaux à proposer des moyens uniques de sélectionner des équipes pour les prochains Jeux d’hiver de l’Arctique.

Par exemple, ils pourraient désigner un entraîneur qui se rendrait dans les communautés pour repérer les athlètes, ou ils pourraient organiser un camp régional, selon Bill Othmer.

Le manuel de politique et le programme de subventions ne répondent cependant pas à la plupart des défis auxquels les athlètes des petites communautés sont confrontés. 

Il y aura toujours des obstacles […] L’accès aux programmes, aux services, à l’équipement, aux choses de ce genre, dont nous avons besoin en tant qu’acteurs sportifs, doit être examiné et amélioré, c’est certain.

Avec les informations de Liny Lamberink

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Reference-ici.radio-canada.ca

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