L’épandage d’herbicides dans des forêts publiques de la C.-B. soulève de l’inquiétude


Parmi les espèces de plantes que ce plan de gestion de cinq ans décrit comme nuisibles se trouvent notamment la ronce parviflore, la ronce élégante et le sureau rouge, qui sont toutes des baies traditionnellement utilisées par les Premières Nations de la région.

Angelina Hopkins Rose et Ronnie Dean Harris avec leur fils.

Depuis qu’Angelina Hopkins Rose et Ronnie Dean Harris ont leur fils, ils parcourent ensemble la forêt à la recherche de baies pour en faire des confitures, dont leur enfant raffole.

Photo : offert par Angelina Hopkins Rose

Angelina Hopkins Rose, de la Première Nation St’át’imc, et son conjoint Ronnie Dean Harris, des Premières Nations Stō:lo, St’át’imc et Nlaka’pamux, dont les territoires traditionnels sont visés par la proposition d’épandage, s’inquiètent.

Ils expliquent qu’ils récoltent et utilisent souvent ces baies.

« Il s’agit de nourritures et de plantes médicinales que les peuples salish ont utilisées pendant des milliers d’années et qu’ils utilisent et récoltent encore.  »

— Une citation de  Angelina Hopkins Rose

Le couple, avec leur fils, remonte souvent les chemins forestiers de la région à la recherche de fruits avec lesquels ils peuvent faire de la confiture.

Une main tient une poignée de baies.

Parmi les baies jugées nuisibles par BC Timber Sales, on retrouve notamment la ronce parviflore, la ronce élégante et le sureau rouge.

Photo : offert par Angelina Hopkins Rose

Nous avons une carte qui nous sert à marquer là où se trouvent les plantes médicinales, les parcelles où poussent les fruits, pour que nous puissions retourner au même endroit, explique de son côté Ronnie Dean Harris.

Inquiétudes liées au glyphosate

La Première Nation Nlaka’pamux, située près de Lytton, a d’ailleurs exprimé ses inquiétudes quant à l’utilisation du glyphosate sur son territoire et demande à BC Timber Sales de reconsidérer l’ébauche de plan.

L’utilisation du glyphosate a été reliée à des impacts négatifs sur le territoire traditionnel des Nlaka’pamux, allant de la contamination des plantes traditionnelles au déclin des populations de saumon, écrit la directrice générale du conseil tribal de la nation Nlaka’pamux, Debbie Abbott, dans un courriel.

Le professeur en gestion environnementale à l’Université Simon Fraser Ken Lertzam souligne que le glyphosate est souvent utilisé au Canada, à la fois dans le secteur agricole et dans le secteur forestier.

Le glyphosate fait un bon travail pour contrôler les espèces visées, mais il fait aussi un bon travail pour toucher les espèces qui ne sont pas visées dans un spectre plus large. Ce n’est pas sélectif, explique-t-il.

Il ajoute qu’une manière de réduire le besoin de contrôle forestier serait de reboiser rapidement et agressivement avant que d’autres espèces puissent se développer.

De son côté, le ministère des Forêts souligne que le glyphosate demeure un outil important pour permettre aux conifères de pousser et ainsi assurer la pérennité de l’approvisionnement en bois.

Les effets du glyphosate sur la santé humaine ont été vérifiés par des agences de réglementation internationales, incluant Santé Canada, avec la conclusion générale que l’exposition au glyphosate ne pose pas de risque de cancer ou génotoxique pour les humains, écrit le ministère dans une déclaration.

Le processus de consultation publique remis en question

Angelina Hopkins Rose et Ronnie Dean Harris remettent surtout en question ce qu’ils considèrent être un manque de transparence de la part de la province dans son processus de consultation publique.

Ils déplorent le fait que peu de gens autour d’eux et de membres de leurs communautés étaient au courant du nouveau plan de gestion proposé, même si un avis a été publié dans le journal Hope Standard.

L'avis du plan de gestion des espèces nuisibles.

L’avis pour le plan de gestion des espèces nuisibles est paru à la fin du mois de février dans le Hope Standard, le journal de Hope en Colombie-Britannique.

Photo : offert par Angelina Hopkins Rose

Selon la loi, un avis doit être publié deux fois dans un journal local pour remplir les conditions nécessaires à la consultation publique. La loi ne fait mention d’aucune obligation de faire la promotion d’un tel plan sur internet.

Nous demandons au moins 60 jours de plus [de consultation] pour informer nos communautés et peut-être faire pression sur l’agence pour obtenir une carte détaillée des endroits où ils comptent épandre avant que cela ne se produise, indique Ronnie Dean Harris.

Des groupes environnementaux qui demandent à la province de cesser l’utilisation d’herbicides dans les forêts, comme Stop the Spray BC et Stand.earth, ont fait écho à cette demande.

La province n’a pas encore indiqué si elle prolongera ou non la période de consultation publique au cours des prochaines semaines.



Reference-ici.radio-canada.ca

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