Le record de Joé Juneau : la faute à Adam Oates


On ne se le cachera pas, il y a des bouts dans la saison où c’est plate, ajoute-t-il. Hon. Blasphème diraient certains.

Entre ses longues journées comme entraîneur et ses visites dans les communautés autochtones, l’ex-hockeyeur de Pont-Rouge manque de temps.

À l’approche des séries, concède-t-il, l’intérêt croît. Exemple : suivre le Canadien l’été dernier, c’était le fun.

Tant mieux, mais si on lui passe un coup de fil, ce n’est pas tant pour mesurer la pertinence d’un classique Coyotes-Sharks du 30 mars, c’est simplement parce que son nom a été mentionné à plusieurs reprises ces derniers jours dans les différents reportages sur les Panthers et même, aussi, sur le Canadien.

Mardi soir, contre le CH justement, Jonathan Huberdeau, de 26 ans son cadet (et visiblement celui de ses soucis), a égalé le record de passes en une saison par un ailier gauche dans la LNH détenu depuis 1993 par Juneau lui-même.

Un joueur en blanc sourit avant une mise au jeu.

Jonathan Huberdeau a 70 passes cette saison

Photo : Getty Images / Sean M. Haffey

Huberdeau en totalise présentement 70, comme son compatriote, et a 16 matchs pour le dépasser. Une formalité qui pourrait être réglée dès jeudi quand les Panthers recevront la visite des Blackhawks de Chicago et de Jonathan Toews, dont ce sera le 1000e match dans la ligue par ailleurs.

Le nom de Juneau en a fait sourciller plus d’un. D’abord car il a joué au centre presque toute sa vie au point où RDS ne l’a même pas inclus dans son tableau sur le record en question lors de la diffusion du dernier match. Ensuite, parce que de bons ailiers gauches, il y en a eu quelques-uns depuis. Et même avant.

Je me demandais après toutes ces années comment ça ce record-là tenait toujours, lâche Juneau.

Après avoir terminé ses séances d’enseignement (sur glace) à Saint-Marc-des-Carrières, une petite bourgade située sur la Rive-Nord dans la région de la Capitale-Nationale qui a vu naître Chantal Petitclerc, Juneau rectifie les faits.

Certes, il a joué au centre toute sa vie, sauf deux fois. Trois en fait. À sa dernière année dans le midget AAA, et à Boston et à Washington, quand Adam Oates lui a demandé de jouer avec lui au sein du même trio.

Ça a commencé quand Juneau est débarqué auréolé d’argent olympique à Boston après les Jeux d’Albertville en 1992. Le jeune Joé de 24 ans, meilleur marqueur du tournoi olympique, est tombé dans l’œil d’Oates.

À moment donné, Adam Oates voulait avoir un fabricant de jeux avec lui. Il en avait parlé à Rick Bowness, qui était d’accord. Oates était venu me voir et m’avait dit qu’il avait parlé avec le coach pour m’essayer à gauche. Il voulait voir si ça m’intéressait. C’est sûr que pour un jeune joueur, tu lui offres de jouer avec un gars de la trempe d’Adam Oates, déjà reconnu comme un des meilleurs fabricants de jeux dans la ligue…Ça a commencé comme ça, explique l’ancien numéro 90 du Tricolore.

Et ça a pas mal commencé. Dix-neuf points en 14 matchs pour conclure la campagne 1991-1992. Fructueuse, l’association se poursuivra l’année suivante, même si Bowness quitte Boston pour Ottawa.

En 1992-1993, Cam Neely est blessé et un certain Dmitri Kvartalnov le remplace à l’aile droite avec Oates et Juneau. Kvartalnov ne jouera que 112 matchs dans la LNH, mais 73 cette année-là au cours de laquelle il enfile 30 buts.

Si Cam avait été là, probablement que ç’aurait été encore mieux…sans rien enlever aux joueurs avec qui j’ai joué, fait valoir Juneau.

N’empêche qu’en compagnie du Russe Kvartalnov, Oates et Juneau réussissent la saison de leur vie, le premier récoltant 142 points, dont 45 buts, et le second, 102 points.

« C’est le fun quand tu regardes ça. Tu as dû faire de bonnes choses pour que la meilleure saison d’Adam Oates ne soit pas avec Brett Hull, mais avec Joé Juneau. »

— Une citation de  Joé Juneau

Juneau amasse 66 passes la saison suivante, pendant laquelle il sera cédé aux Capitals de Washington, et rate 10 matchs en raison d’une triple fracture de la mâchoire. Plus jamais il ne respirera à cette altitude par la suite.

Huberdeau, pour sa part, a eu comme partenaires principaux Anthony Duclair et Sam Bennett cette saison. De bons joueurs, mais pas d’Auston Matthews dans le lot non plus.

Aujourd’hui, bien que surpris que ce record méconnu ait perduré pendant presque trois décennies, Juneau se dit très content pour Huberdeau.

Je sais à quel point ça peut être difficile d’avoir du succès dans la meilleure ligue au monde. Tant qu’à être le nouveau détenteur du record, j’espère que ça durera aussi longtemps et même plus longtemps que moi, lance-t-il, bon joueur.

Si jamais le record est à nouveau battu prochainement, juste lui envoyer un petit texto pour le tenir au courant. 

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey



Reference-ici.radio-canada.ca

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