« Le Principe de Joyce doit être considéré dans la Loi sur la Santé » | Dossier – Joyce Echaquan



C’est comme si on mettait encore les Autochtones de côté, se désole Sipi Flamand. Le vice-chef du Conseil des Atikamekw de Manawan raconte le choc de sa communauté en découvrant dans les colonnes du quotidien Le Devoir le revirement du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière.

Pourquoi le gouvernement du Québec veut-il faire une réforme sur la santé sans prendre en considération nos réalités autochtones? demande M. Flamand, abasourdi.

Sur un ton plus désabusé, le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, a choisi Twitter pour exprimer sa lassitude. Est-ce que la nouvelle surprend? Absolument pas…, écrit-il.

Il y a un an, le ministre Lafrenière avait promis d’intégrer très bientôt la notion de sécurisation culturelle dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux.

Théorisée dans le Principe de Joyce, cette notion définit les lignes directrices qui garantiront aux Autochtones le respect de leurs droits en matière de santé et de services sociaux.

« Pour l’instant, la sécurisation culturelle, c’est juste un concept, des mots, mais rien de concret. »

— Une citation de  Sipi Flamand, vice-chef du Conseil des Atikamekw de Manawan

Il s’agissait aussi de l’une des recommandations du rapport Viens, remis au terme de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP) en 2019.

Appel à l’action no74, extrait du rapport Viens

Modifier la Loi sur les services de santé et les services sociaux et la Loi sur les services de santé et de services sociaux pour les autochtones cris pour y enchâsser la notion de sécurisation culturelle, et ce, en collaboration avec les autorités autochtones.

Les autorités Atikamekw ont publié un communiqué conjoint mercredi pour dénoncer la prise de position préjudiciable du gouvernement du Québec.

La mémoire nous fait-elle à ce point défaut au Québec? Avons-nous collectivement oublié la tragédie qui a mené au décès de Joyce Echaquan le 28 septembre 2020?, écrivent-ils dans leur déclaration en exhortant une fois de plus les gouvernements, dont celui du Québec, à adopter le Principe de Joyce.

Pour Constant Awashish, grand chef de la Nation Atikamekw, le gouvernement du Québec rate encore une opportunité de faire preuve de courage et de démontrer une prise de conscience réelle des enjeux auxquels font face les Autochtones.

Collaboration

Autre reproche formulé, celui de l’absence de représentants autochtones pour plancher sur la réforme de la Loi sur la Santé.

Ce que le gouvernement devrait faire, c’est de créer une table, un colloque, ou un sommet sur la sécurisation culturelle avec des médecins, des leaders politiques autochtones et d’autres intervenants autochtones qui ont une expertise dans le domaine, défend Sipi Flamand.

C’est aussi ce que préconisait le rapport Viens, il y a trois ans. Il ne s’agit pas de mettre de l’avant des solutions pour les peuples autochtones, mais plutôt de collaborer avec eux à la mise en place de façons de faire respectueuses à la fois des droits individuels et ancestraux, peut-on y lire.

Dans sa réponse écrite à Espaces autochtones, le ministre Ian Lafrenière rappelle les mesures et financements annoncés en 2020 : 15 millions de dollars destinés à la formation du personnel du réseau de la santé, ainsi qu’à l’embauche de navigateurs de services et d’agents de liaison.

On ne reste pas les bras croisés, se défend-il. Ce n’est peut-être pas inscrit dans la loi présentement, mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas important, au contraire et ça ne nous empêche pas d’agir.

Au moment de publier, le ministre n’a pas répondu au sujet de l’inclusion d’Autochtones dans la préparation de la réforme de la Loi sur la Santé.



Reference-ici.radio-canada.ca

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