Le patrimoine ukrainien protégé dans un nuage informatique


Après avoir mûrement réfléchi à la meilleure façon d’aider ses collègues universitaires face à l’invasion russe, la directrice du Institut canadien d’études ukrainiennesNatalia Khanenko-Friesen et son équipe ont décidé de mettre en place une équipe de secours des archives ukrainiennes.

Nous sommes vraiment inquiets pour nos collègues et les travaux qu’ils poursuivent dans la partie orientale de l’Ukraine, là où l’avancée des forces armées russes est la plus importante.

La directrice raconte d’ailleurs avoir entendu parler d’archives et de musées détruits ou vandalisés.

De la culture à la désinformation

Malgré un accès ouvert à toutes les universités et institutions, toutes disciplines confondues, cet espace d’archives en ligne a avant tout une dimension culturelle, souligne Mme Khanenko-Friesen.

Portrait à la taille de Natalia Khanenko-Friesen souriante.

Natalia Khanenko-Friesen s’inquiète pour ses collègues de l’autre côté de l’Atlantique et espère pouvoir leur apporter du soutien.

Photo : Fournie par Natalia Khanenko-Friesen

« Notre initiative est poussée par la peur de voir non seulement les collections perdues, mais aussi l’extermination de l’héritage et du patrimoine culturel. »

— Une citation de  Natalia Khanenko-Friesen, directrice de l’Institut canadien d’études ukrainiennes

En effet, à l’approche de l’invasion, le président russe Vladimir Poutine a réaffirmé que l’Ukraine n’était pas une véritable nation, mais une création artificielle détachée de la Russie par ses ennemies. 

Une déclaration erronée qui inquiète les universitaires.

Ainsi, pour faire face à la désinformation, l’institut a aussi mis en place une série de vidéos (Nouvelle fenêtre) Le saviez-vous (en anglais) afin de répondre aux questions qui entourent le conflit. Par la suite, l’institut souhaite lancer une initiative basée sur l’analyse des médias, selon sa directrice. 

Une leçon tirée du passé

Frank Sysyn est professeur d’histoire et directeur de l’Institut canadien d’études ukrainiennes au bureau de Toronto. Selon lui, la numérisation et le partage des données sont cruciaux pour les futurs universitaires et permettraient une meilleure compréhension de l’Ukraine, mais aussi de sa région en général. 

Il se rappelle qu’au début de sa carrière dans les années 1970, l’Union soviétique limitait l’accès à ses archives. C’est l’émergence d’états postsoviétiques plus ouverts qui a permis aux universitaires la possibilité de se plonger dans des informations qui leur étaient alors inaccessibles.

Ça a été extrêmement important afin de développer autrement nos connaissances historiques et culturelles, dit-il.

En effet selon lui, ceux qui allaient auparavant en Russie afin d’étudier l’Union soviétique, dont des fichiers secrets de la police, se sont par la suite arrêtés en Ukraine ou dans les Pays baltes pour consulter les archives.

Une source d’informations que le professeur d’histoire craint de voir tomber sous le contrôle du régime de Vladimir Poutine. Des documents importants qui pourraient alors redevenir inaccessibles ou même être détruits.

« On doit regarder de l’avant et être sûr qu’ils seront préservés quoiqu’il arrive. »

— Une citation de  Frank Sysyn, professeur d’histoire et directeur de l’Institut canadien d’études ukrainiennes au bureau de Toronto

Nous pensons tous à Sarajevo, à la destruction de la merveilleuse bibliothèque de Bosnie, et à la nécessité plus tard d’essayer de recréer cette bibliothèque avec ce qu’il en restait.

Le groupe de travail inclut l’Institut canadien d’études ukrainiennes ainsi que le Kule Folklore Centre de l’Université de l’Alberta et d’autres organismes de recherche canadiens.

Avec des informations de Stephen David Cook



Reference-ici.radio-canada.ca

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