Le Canada pas prêt à la transition énergétique, selon le commissaire à l’environnement


Depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 2015, le gouvernement Trudeau a multiplié les annonces, les engagements et les objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre (GES) avec pour ambition de faire du Canada un chef de file mondial de la transition vers la carboneutralité.

Or, lors d’une série d’audits à Ressources naturelles Canada, Emploi et Développement social Canada et d’autres partenaires qui agissent au nom du gouvernement fédéral, le commissaire DeMarco a constaté que l’appareil gouvernemental est loin d’être prêt à gérer une transition énergétique équitable et efficace.

« L’audit a constaté qu’il n’y avait en place aucun plan de mise en œuvre fédéral, aucune structure de gouvernance officielle, ni aucun système de suivi et de rapport visant à appuyer une transition équitable. »

— Une citation de  Jerry V. DeMarco, commissaire à l’environnement et au développement durable

Nous avons constaté qu’à mesure que le Canada se tourne vers de nouvelles solutions à faibles émissions de carbone, le gouvernement n’est pas prêt à offrir une aide suffisante à plus de 50 collectivités et de 170 000 travailleuses et travailleurs dans le secteur des combustibles fossiles, écrit le commissaire DeMarco dans l’un de ses rapports.

Des pompes extraient du pétrole du sol près d'Olds, en Alberta.

Le Canada est l’un des plus importants producteurs de pétrole du monde, des dizaines de milliers de travailleurs dépendent de cette industrie à travers le pays.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Lorsqu’il parle d’une aide suffisante, le commissaire fait référence en premier lieu à du soutien financier, des programmes de recyclage professionnel et des possibilités de travail dans d’autres domaines pour tous ces citoyens dont le gagne-pain et les perspectives d’emploi seront littéralement bousculés par l’abandon des combustibles fossiles.

Car en dépit de son discours résolument vert, le Canada demeure le quatrième producteur de pétrole au monde.

Selon l’Institut climatique du Canada, “environ 70 % de nos exportations de biens et 60 % de nos investissements directs étrangers proviennent de secteurs vulnérables dont le marché sera perturbé par la transition mondiale vers la sobriété en carbone”, rappelle Jerry V. Demarco.

Dans un tel contexte de dépendance économique aux combustibles fossiles, le gouvernement fédéral doit comprendre et communiquer les répercussions d’une transition d’une telle ampleur à la population, souligne le commissaire et appliquer les leçons tirées de l’élimination progressive du charbon aux politiques et aux programmes dont il se servira pendant les prochaines étapes du passage vers la carboneutralité.

Pas de loi ni de plan de mise en œuvre

Une voiture branchée à une borne de recharge.

La demande pour les véhicules électriques explose littéralement au Canada.

Photo : CBC/Lukas Wall

Or, lors de l’audit, nous avons constaté que Ressources naturelles Canada n’avait pas encore élaboré de loi pour soutenir les travailleuses et travailleurs touchés ainsi que leurs collectivités, souligne le commissaire.

« Il [le gouvernement] ne disposait d’aucun plan, n’avait établi aucun mécanisme officiel de gouvernance, n’avait pas consulté la population canadienne et n’avait aucun système de suivi des résultats. »

— Une citation de  Jerry V. DeMarco, commissaire à l’environnement et au développement durable

Selon Ressources naturelles Canada, un texte de loi sur une transition énergétique équitable devait être présenté à l’automne 2021, mais la pandémie et le choc pétrolier de mars 2020 ont retardé son élaboration.

Le gouvernement zéro émission pas pour demain

Dans un deuxième rapport, le commissaire à l’environnement constate par ailleurs que les efforts du gouvernement fédéral pour donner lui-même l’exemple en matière de transition énergétique ne sont guère mieux avancés.

Cinq ans après le lancement de la Stratégie pour un gouvernement vert, les efforts déployés par le gouvernement fédéral pour écologiser les activités du gouvernement sont insuffisants dans plusieurs secteurs, notamment la planification, la production de rapports et la gestion des risques, peut-on lire dans le deuxième rapport présenté aux Communes.

Lors des audits qu’il a effectués, le commissaire DeMarco a constaté que seulement 8 des 27 ministères s’étaient dotés de plans de réduction qui doivent éliminer 81 % des émissions de GES des ministères fédéraux.

Des tubes en acier utilisés pour la construction d'un oléoduc dans le cadre du projet d'expansion Trans Mountain.

Ottawa s’est porté acquéreur de l’oléoduc Trans Mountain en 2019. Une décision décriée par les environnementalistes et jugée contraire à la transition énergétique.

Photo : Reuters / Dennis Owen

Le commissaire souligne par ailleurs qu’il a eu de la difficulté à obtenir certaines informations importantes sur l’écologisation des activités du gouvernement et que celles qu’il a pu avoir étaient peu claires ou incomplètes.

Ce point est important, souligne M. DeMarco, car le Canada s’est engagé publiquement à atteindre la carboneutralité d’ici à 2050 et de devenir un chef de file mondial en ce qui concerne le passage à des activités gouvernementales neutres en carbone, rappelle-t-il.

Il cite notamment l’exemple de la Défense nationale, qui est le plus gros émetteur de GES au gouvernement, et où il n’y avait aucune information sur les façons dont le ministère comptait contribuer à la réduction de ses GES.

« Il reste du travail à faire pour que la Stratégie pour un gouvernement vert produise les résultats attendus et pour mettre en place des méthodes et des plans exhaustifs qui permettront de suivre la progression des réductions d’émissions et d’en rendre compte. »

— Une citation de  Jerry V. DeMarco, commissaire à l’environnement et au développement durable

Plus de détails à venir.



Reference-ici.radio-canada.ca

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