Hockey sur glace : refouler la violence en dehors de l’aréna


En tant que joueuse, des fois je ne suis pas d’accord avec ce que font les arbitres, mais c’est leur game, relativise Éloïse Lavoie. La jeune femme participait dimanche à un tournoi provincial.

Depuis cinq ans, il lui arrive aussi de monter sur la glace avec le chandail d’arbitre. Nous, on offre de notre temps pour les jeunes comme les plus vieux pour arbitrer. Ça ne m’est jamais arrivé [de me faire malmener] mais à chaque fois que j’arbitre, je me dis que ça pourrait m’arriver, redoute-t-elle.

Les deux jeunes joueuses de hockey portent le maillot de leur équipe des Pionnières du Cégep de Rimouski.

Pour les deux joueuses des Pionnières de Rimouski, Marylou Boilard et Éloise Lavoie, certains comportements n’ont pas leur place sur la glace.

Photo : Radio-Canada / Simon Rail-Laplante

Pour elle, la démonstration de violence des dernières semaines est inacceptable.

Pour rappel, le 27 mars dernier, un annonceur a physiquement agressé l’un des arbitres lors d’un match à l’aréna de Sainte-Anne-des-Monts. Un geste qui a été fermement condamné par le président de Hockey Bas-Saint-Laurent.

Plus tôt, lors d’un autre match en Estrie le 13 mars, un joueur a assené un coup de poing à un juge de ligne de 15 ans.

Une tradition dans le hockey?

À titre de capitaine de l’équipe des Pionniers, Marylou Boilard, ne tolère pas un écart au code de conduite de la part de ces joueuses.

D’après elle, il est important de se rappeler que l’arbitre est au centre du jeu. Pour autant, il n’est pas infaillible. L’arbitre, c’est un humain, en arrière de tout ça. Parfois même, il le sait qu’il n’a pas fait le bon call, mais c’est fait, on passe à autre chose, propose-t-elle.

Pour le professeur en psychologie à l’Université Laval, Simon Grondin, c’est la bonne attitude à adopter. Peut-être que la première chose à faire, ce serait d’expliquer aux entraîneurs qui, eux-mêmes, expliqueraient aux joueurs que les arbitres ne sont pas parfaits, suggère-t-il.

« Comprendre que l’arbitre a le droit à l’erreur, comme tous les joueurs de la patinoire, ça permettrait de diminuer la pression qu’il y a dans les arénas. »

— Une citation de  Simon Grondin, professeur en psychologie à l’Université Laval
Simon Grondin répond aux questions par visioconférence.

Simon Grondin, professeur en psychologie à l’Université Laval, s’est penché sur la question de la violence au hockey dans un livre, Le hockey vu du divan.

Photo : Radio-Canada

Le psychologue est l’auteur de Le hockey vu du divan dans lequel il se penche sur la tolérance plus grande du public face à la violence qui persiste dans l’aréna.

Il y a comme une tradition de violence au hockey sur glace. Ça envoie le message où c’est permis d’avoir des écarts de conduite, contextualise le spécialiste.

D’après lui, cette tolérance ne se voit nulle part ailleurs. À l’aréna il y a comme une espèce de consensus où on dirait que les gens sont prêts à tolérer quelque chose qu’ils ne toléreraient pas s’il voyait ça dans la rue ou au centre d’achat, note-t-il.

Des changements au sein des équipes

Si le phénomène s’explique en partie par la reproduction d’un comportement exacerbé au sein des arénas, le changement des pratiques est de mise dans certaines organisations. Des équipes ont pris l’initiative d’instaurer un code de conduite, à l’instar des Pionnières du Cégep de Rimouski.

Au début de saison, les filles signent un engagement par lequel elles sont tenues de respecter le groupe d’entraîneurs et les gens au Cégep, même chose pour les arbitres, détaille Hugues Lebel, l’entraineur-chef des Pionnières du Cégep de Rimouski.

Hugues Lebel répond aux questions dans les couloirs de l'aréna de Rimouski.

L’entraineur chef des Pionnières du Cégep de Rimouski en hockey, Hugues Lebel.

Photo : Radio-Canada / Simon Rail-Laplante

Pour l’entraîneur, le bon comportement se démontre avant même de monter sur la glace.Le contrôle commence derrière le banc. Parce que si les entraîneurs ont tendance à vouloir crier, c’est sûr que les athlètes vont embarquer dans ce mood-là, conclut-il.

Mercredi, Hockey Québec réagissait aux allégations de racisme révélé par un joueur au sein de l’équipe de hockey mineur en Outaouais. La fédération rappelait, par le biais d’un communiqué, qu’elle ne tolérait aucune forme d’abus, de harcèlement, de négligence ou de violence, physique, psychologique ou sexuelle, et ce, dans tous les programmes et activités dispensés par elle-même et par l’ensemble de ses membres.

Du côté de Hockey Canada aussi, la politique entourant les formes de maltraitance perpétrées par les joueurs et les officiels d’équipe a été resserrée depuis cet été.

Un système de signalement a été mis en place et les nouvelles règles prévoient, pour certaines infractions, des suspensions indéfinies jusqu’à la tenue d’une audience et des audiences obligatoires pour les récidivistes.

D’après les informations de Jean-François Deschênes



Reference-ici.radio-canada.ca

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