Henri Thériault a marqué la musique traditionnelle en Acadie avec Cabestran


Philip Lucy fouille dans ses souvenirs. En fait, il n’a pas besoin de chercher bien loin puisqu’ils remontent à la surface.

Ce saxophoniste réputé contribue aux hommages qui seront rendus à son vieux complice, son ami d’enfance.

Philip Lucy

Philip Lucy

Photo : Jocelyne Vautour

« On a fait danser beaucoup de monde »

Cabestran, c’est l’histoire de trois jeunes amis de Shippagan, Henri Thériault, Philip Lucy et Maurice Robichaud, qui se sont mis à faire danser les foules en jouant du violon, de la guitare, de la mandoline, de la musique à bouche, de l’accordéon, tout en chantant et en tapant du pied.

Si le nom du groupe n’évoque pas de souvenirs pour les plus jeunes générations, il en évoque plusieurs pour les plus âgés. Le groupe n’a pas fait de disque vinyle, ce qui pouvait représenter toute une aventure à l’époque.

Le trio du groupe Cabestran. Henri Thériault, Maurice Robichaud et, à l'avant-plan, Philip Lucy.

Le trio du groupe Cabestran. Henri Thériault, Maurice Robichaud et, à l’avant-plan, Philip Lucy.

Photo : MARTIAL_COMEAU

On a fait danser beaucoup de monde; on a en a fait des partys, se remémore Philip Lucy. On a joué au Coqueron, à Shippagan, dans les frolics acadiens. On allait d’un festival à l’autre pendant l’été.

Le trio a été marqué par le groupe québécois de musique traditionnelle Le Rêve du diable.

Ils étaient venus jouer au Kacho à Moncton, raconte Philip Lucy. Le folklore faisait un boom. Henri nous avait rappelé qu’on avait du folklore acadien ici. On a trouvé des chansons et des pièces de violon.

Cabestran et Le Rêve du diable.

Cabestran et Le Rêve du diable ont partagé la scène, à Shippagan. Henri Thériault est le troisième à partir de la gauche, avec le chapeau.

Photo : Gracieuseté

Au départ, le groupe s’appelait « Cabestan ». Jusqu’à ce que Philip Lucy tombe sur un disque d’un groupe breton dans un magasin de musique qui avait exactement le même nom.

Henri a proposé de changer de nom. On s’appellerait Cabestran, avec un r, dit-il. Il s’agit d’un treuil pour monter des bateaux sur la côte et plusieurs appelaient ça un cabestran.

« On avait une fourgonnette blanche avec deux drapeaux acadiens sur les portières à l’arrière. »

— Une citation de  Philipe Lucy, musicien et ami d’Henri Thériault

Il se souvient aussi d’un voyage marquant à Petit-de-Grat, au Cap-Breton.

On était allés jouer là. Ils nous avaient dit que c’était la première fois qu’ils avaient un groupe qui jouait de la musique française dans leur festival. On était pas mal fiers de ça.

Henri Thériault, un homme talentueux

Philip Lucy fait le portrait d’un homme aux multiples talents.

Je me rappelle qu’Henri faisait tout, depuis la jeunesse : le patinage artistique, la musique, les études, le hockey.

C’était un fonceur qui mordait dans la vie, répète-t-il. Il était tellement talentueux dans tellement de variétés de choses. Les peintures qu’il faisait, c’était impressionnant. Il allait à fond dans tout ce qu’il touchait.

Cabestran

Maurice Robichaud, Philip Lucy et Henri Thériault

Photo : Martial_Comeau

Henri Thériault s’est même mis à jouer de la cornemuse irlandaise, avec un succès qu’ont noté ses proches et amis, qui n’étaient peut-être pas si étonnés.

Il s’était acheté des uilleann pipes, raconte Philip Lucy avec un sourire dans la voix. C’est un instrument qui peut nécessiter dix ans d’apprentissage. Lui, il l’a appris assez bien pour le jouer convenablement en seulement deux ans. C’était vraiment impressionnant.

Le regard d’Henri

Henri Thériault n’a commencé à jouer du violon que vers l’âge de 19 ans avec un instrument que lui avait donné son beau-père.

Il n’a jamais arrêté de jouer du violon. Il en a joué jusqu’en septembre dernier. Bref, il a joué jusqu’à ce que la maladie l’en empêche.

Henri Thériault

Henri Thériault, à Saint-Aubin-sur-Mer, en France, en 2013. Cabestran prenait part à La Semaine Acadienne.

Photo : Philip Lucy

Philip Lucy semble intarissable quand il parle de son ami Henri.

Les souvenirs continuent d’arriver par vagues. Quand ils ne lui apparaissent pas soudainement par les réseaux sociaux.

Les photos qu’on voit apparaître sur Facebook, ça me rappelle beaucoup de choses. Je vois la complicité dans les yeux d’Henri. Il adorait ça. Il était fier d’avoir lancé ce groupe-là et de tout ce qu’on a fait.



Reference-ici.radio-canada.ca

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