Guerre en Ukraine : aux arts, citoyens! | Guerre en Ukraine


La mélodie vient nous hanter. Mélancolie et tristesse dans l’air. Improvisation en do mineur sur le vieux piano à l’entrée du théâtre Les Kurbas construit en 1908 à Lviv.

Des enfants jouent tout près de là, sur un matelas posé sur ce qui était autrefois la scène. Une grande table est installée au centre de la salle. Sur la table, des fruits frais et de l’eau. Dix-neuf évacués, dont 10 enfants peuvent vivre dans le théâtre transformé en refuge.

L’acteur Andrei les accueille. Il aurait dû être sur scène dans une nouvelle pièce cette semaine.

« Les réfugiés ont des tragédies à raconter. Il faut les écouter attentivement. C’est la pièce la plus magistrale jamais présentée dans ce théâtre. »

— Une citation de  Andrei, acteur
Des lits installés dans un théâtre.

À Lviv, le théâtre Les Kurbas transformé en refuge.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

Ailleurs en ville, on trouve ce qu’on surnomme le Zabod Shelter. L’ancienne usine soviétique en brique a été transformée en espace culturel ces dernières années. Les locataires, tous des artistes, viennent aujourd’hui en aide à 200 réfugiés.

Je me demande chaque jour ce que je ressens et je n’arrive jamais à trouver une bonne réponse, avoue Victoria.

Cette propriétaire d’une école d’improvisation dans le centre culturel ne prend plus le temps de penser à elle. Elle donne toute son énergie aux évacués ukrainiens et, en ce moment, elle est incapable d’imaginer reprendre les cours d’impro.

Moment émouvant pour tous cette semaine au Zabod Shelter : Victoria a organisé une soirée de chansons traditionnelles ukrainiennes. Ces musiques censurées à l’époque soviétique sont une partie de l’âme de son pays.

« Ce sont les chansons de notre jeunesse, celles qu’on chantait autour du feu de camp. Mais les mots prennent une tout autre signification aujourd’hui. Ces chansons sont venues nous chercher comme jamais auparavant. »

— Une citation de  Victoria, professeure d’improvisation
L'artiste Victoria

L’artiste Victoria

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

Le devoir de créer, inspirer et rassurer

Devant un des édifices municipaux de Lviv où les hommes peuvent s’enrôler, le rocker Svyatoslav Vakarchuk, le Bono ukrainien, récite un poème patriotique qu’il a écrit peu après l’invasion.

Nous devons continuer à créer et inspirer notre peuple, dit-il, c’est notre devoir. Inspirer peut prendre plusieurs formes. Des fois, serrer dans ses bras une admiratrice qui le croise à la station-service suffit.

Pas de photo, pas d’autographe. Que la chaleur humaine pour apaiser. Un geste si important. Cette admiratrice croisée la semaine dernière était simplement heureuse de croiser un visage connu et d’être rassurée. C’est aussi ça, mon rôle.

Oleg Skripka, légende vivante de la musique ukrainienne et tête d’affiche de la résistance, lui, reste dans son sous-sol à Kiev pour inspirer ses compatriotes. Il a aidé à dresser des barricades dans son quartier.

Je suis allé à l’hôpital qui a été bombardé il n’y a pas longtemps. C’est l’hôpital pour enfants à Kiev. J’ai joué de la musique pour le 8 mars, pour les femmes, pour leur donner un peu de chaleur.

Oleg Skripka s’est toujours décrit comme un patriote. Il partage ses vieilles chansons et offre de l’aide psychologique sur les réseaux sociaux.

« Je suis un artiste. Je travaille avec les émotions. C’est ce que je fais de mieux. Si vraiment la situation devient très difficile, je prendrais un fusil, une kalachnikov. Mais je ne suis pas le meilleur tireur. »

— Une citation de  Oleg Skripka
Façade de briques d'une ancienne usine.

Une ancienne usine de l’ère soviétique à Lviv

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

Au centre culturel municipal de Lviv, accueil de réfugiés et aide aux artistes évacués.

Des affiches d’art, contre la guerre et les soldats russes, ornent les murs. L’inspiration artistique reprend. Des artistes y trouvent des locaux pour recommencer à créer.

Quand l’art demeure vivant, l’espoir le reste aussi.



Reference-ici.radio-canada.ca

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