Étudiants internationaux : « défis systémiques » pour étudier en français hors Québec


C’est l’un des constats présentés jeudi par le directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, Martin Normand, au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration.

« On a su que, parfois, des agents peuvent avoir considéré le fait de choisir d’étudier en français dans une institution de la minorité comme n’étant pas un parcours crédible pour un étudiant international. »

— Une citation de  Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne

La crédibilité du parcours proposé par le candidat est l’un des nombreux facteurs étudiés par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, selon M. Normand.

Un homme sourit devant un micro de radio.

Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne.

Photo : Radio-Canada / André-Philippe Sauriol

Il a précisé qu’il s’agit de témoignages anecdotiques, et que l’Association compte creuser davantage la question. Je ne peux pas vous dire à quel point c’est systématisé.

Le gros enjeu, c’est que les établissements n’ont pas accès aux raisons des refus de permis d’études, ajoute-t-il. Si l’étudiant ne partage pas les raisons du refus, l’établissement ne le sait pas.

M. Normand soutient que le gouvernement manque de cohérence en matière d’immigration, surtout pour les étudiants africains francophones, qui font face à des défis systémiques.

À l’étranger, notre association et nos membres sont encouragés [par le gouvernement] à faire la promotion aux candidats potentiels de la possibilité de faire une demande de résidence permanente à la fin de leurs études , explique-t-il.

« Mais cette raison-là, la volonté de rester au Canada après leurs études, peut être utilisée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour refuser des permis d’étude.  »

— Une citation de  Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne

Donc, il y avait un doute sur la véracité du parcours proposé par l’étudiant , déplore Martin Normand. Il s’agit là d’un désavantage substantiel pour nous qui peut avoir des conséquences importantes pour nos établissements.

L’Association des collègues et universités de la francophonie canadienne demande au gouvernement une approche cohérente et systémique pour favoriser l’immigration francophone.

Le ministre interpellé

Le député du Bloc québécois Alexis Brunelle-Duceppe a été choqué d’entendre ce que M. Normand avait à dire jeudi. Je pense que je vais coller ma chaise au plancher et essayer de ne pas tomber.

C’est majeur, si Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada nous dit que d’étudier en français à l’extérieur du Québec, ce n’est pas un parcours valable , a-t-il déclaré.

Le député de Lac-Saint-Jean aux Communes, Alexis Brunelle-Duceppe, alors qu'il prend la parole en Chambre.

Alexis Brunelle-Duceppe est à l’origine des consultations menées par le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration sur le refus massif d’étudiants de l’Afrique francophone.

Photo : Courtoisie

Ça reste à vérifier, a souligné M. Brunelle-Duceppe en entrevue. Il faut absolument que le ministre Sean Fraser, ministre de l’Immigration, demande des comptes à son propre ministère et fasse une enquête là-dessus.

« [Si c’est vrai], il y a un manque de respect pour les francophones, pour les étudiants qui veulent étudier en français et pour nos institutions postsecondaires francophones hors Québec. »

— Une citation de  Alexis Brunelle-Duceppe, député fédéral de la circonscription de Lac-Saint-Jean

Des obstacles

Bululu Kabatakaka, du Collège Boréal, raconte que le système collégial est parfois mal compris, même si ses programmes sont très pratiques et plus proches du milieu du travail.

Des gens ne conçoivent pas que quelqu’un qui a un diplôme universitaire dans son pays d’origine puisse venir au Canada pour faire des études collégiales, observe-t-il.

 Bululu Kabatakaka, directeur de Boréal International.

Bululu Kabatakaka, directeur de Boréal International

Photo : Radio-Canada / capture d’écran

Historiquement, le taux d’obtention du visa pour nous est très bas, constate-t-il, et cela, en dépit d’efforts considérables.

« On gagnerait un peu plus si on avait un peu d’aide, en tout cas une meilleure compréhension de nos programmes par les services d’immigration. »

— Une citation de  Bululu Kabatakaka, directeur de Boréal International

Les mêmes critères pour tous

Un agent ne refuserait pas une demande parce qu’un individu a fait une demande pour étudier en français à l’extérieur du Québec, assure un porte-parole d’ Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, dans un courriel à Radio-Canada. Ce n’est pas une raison pour refuser une demande de permis d’études.

Les demandes de visa sont évaluées au cas par cas, poursuit-il, en appliquant des critères uniformes.

Les gens qui veulent venir étudier au Canada doivent prouver notamment qu’ils ont les ressources financières nécessaires, qu’ils sont en santé et qu’ils ont des liens solides avec le pays d’origine et y retourneront quand le statut accordé ne sera plus en vigueur.

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a pris des mesures importantes pour soutenir les étudiants francophones et l’immigration francophone de manière plus générale, assure-t-il.



Reference-ici.radio-canada.ca

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