Encore de l’eau dans le gaz pour la SÉMER


Les gestionnaires de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup espèrent ainsi réduire les dépenses, alors que l’usine ne peut toujours pas vendre le gaz naturel produit sur place. Le paiement du capital sera suspendu pour les trois prochains versements, soit jusqu’en octobre 2023. Seuls les intérêts relatifs à ce prêt, octroyé par la Fédération canadienne des municipalités (FCM), seront versés.

On met de l’oxygène en ce qui a trait aux finances de l’entreprise, affirme le président de la SÉMER, Michel Lagacé. Il estime que si l’usine n’avait pas été viable, la Fédération canadienne des municipalités n’aurait pas accepté de reporter le paiement du capital.

Portrait de M. Lagacé.

Le président de la SÉMER et préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé (archives)

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Or, on ignore l’ampleur du déficit de l’usine, qui a été construite en 2015 et a coûté près de 30 millions de dollars. En 2019, ses gestionnaires affirmaient qu’il s’élevait à 5,2 millions de dollars, soit à environ 100 000 $ mensuellement. Ce déficit vient principalement du fait que le gaz naturel produit par la décomposition des matières organiques est brûlé sur place au lieu d’être vendu et ce, depuis sept ans.

On n’a pas le luxe d’envoyer le gaz produit dans les canalisations d’Énergir. Ailleurs, c’est ce qu’ils font, c’est certainement la façon la plus rapide d’avoir accès à l’aspect économique d’un projet de biométhanisation. Pour nous, c’est pas le cas, la canalisation la plus proche est à Montmagny, déplore M. Lagacé.

En attente d’une subvention de 3 millions de dollars

Pour pouvoir vendre son gaz naturel, la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup doit pouvoir le liquéfier. C’était le projet de départ de la société, qui a annoncé en 2019 qu’elle produirait plutôt du gaz naturel comprimé, avant de revenir au projet initial avec du gaz liquéfié. L’usine de Rivière-du-Loup attend avec impatience une subvention de près de 3 millions de dollars de Québec pour acheter les équipements nécessaires. Cependant, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a récemment déclaré que son gouvernement veut d’abord s’assurer que le projet est viable avant d’y investir.

Des silos et des tuyaux, l'hiver

L’usine de biométhanisation de Cacouna (archives)

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

En attendant, c’est important de prendre une entendre avec notre créancier, affirme le maire de Rivière-du-Loup, Mario Bastille. La Ville possède 40 % des parts de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup et a récemment réinjecté 180 000 $ afin d’assurer le fonds de roulement de la société, à l’instar de la Municipalité régionale de comté de Rivière-du-Loup – qui est également actionnaire à 40 %.

« On est en mode solution malgré qu’on a un peu le couteau en dessous de la gorge.  »

— Une citation de  Mario Bastille, maire de Rivière-du-Loup

La Fédération canadienne des municipalités était d’accord, la Ville est d’accord, la Municipalité régionale de comté a passé une résolution dans le même sens que nous lors du dernier conseil des maires donc on s’en va dans ce sens-là, poursuit-il.

Vers une autre hausse des coûts pour les municipalités

Le maire Bastille estime qu’avec cette entente, la SÉMER pourra poursuivre ses activités, mais précise qu’il pourrait tout de même être nécessaire de hausser à nouveau la contribution financière des municipalités qui acheminent leurs déchets organiques à l’usine.

Au début, on ne chargeait pas de compensations aux municipalités, les gens amenaient leurs matières là et ça ne coûtait rien, un moment donné on est tombé à 10 $, […] là on est à 15 $, mais c’est sur qu’il va falloir voir un horizon de 20 $ parce que c’est ça que ça coûte. Si t’as des frais de fonctionnement de 2 millions par année, tu desserts 100 000 de population, le calcul n’est pas dur à faire. Si tu ne charges pas ce que ça coûte, à toutes les années, à tous les mois tu creuses ton déficit et avec le temps c’est ce qui est arrivé, dit-il.

De nombreux élus ont d’ailleurs dénoncé à maintes reprises la hausse des coûts pour la gestion des matières organiques. La MRC de La Mitis et de La Matapédia, qui dont partie des utilisateurs de l’usine de biométhanisation, planchent actuellement sur un projet pour gérer elles-mêmes leurs matières résiduelles.

Avec la collaboration de Patrick Bergeron



Reference-ici.radio-canada.ca

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