Élus et organismes de l’Est souhaitent accélérer l’octroi de résidences permanentes


Normalement, les délais pour le traitement des demandes de résidences permanentes en provenance du Québec sont de 11 mois. Aujourd’hui, le délai moyen est de 26 à 30 mois, évalue Maxime Blanchette-Joncas, député de Rimouski-Neigette–Temiscouata–Les Basques.

À la tête du Service d’accueil des nouveaux arrivants de La Matanie (SANAM), Fanny Allaire-Poliquin dresse le même constat avec consternation.

Deux ans, deux ans et demi, c’est incroyable! Ce sont des délais qui ont vraiment un impact réel dans la vie des gens qui doivent, en attendant, renouveler leur permis de travail, explique la directrice générale du SANAM.

Fanny Allaire-Poliquin est directrice générale au SANAM, le Service d'accueil des nouveaux arrivants de La Matanie.

Fanny Allaire-Poliquin accompagne les travailleurs temporaires dans leurs multiples démarches (archives).

Photo : Radio-Canada / Perrine Bullant

Elle rappelle que c’est une charge qui pèse aussi sur les employeurs. On fait tout pour convaincre l’employeur de renouveler le permis encore une fois, assure-t-elle.

Un travailleur temporaire doit, en effet, être attaché à un employeur par un permis de travail fermé pour demeurer au Québec.

À Rimouski, Tyana Rolle n’aura pas le choix de trouver un nouvel employeur d’ici le mois de mai, date d’échéance de son troisième permis de travail. La Française, installée au Bas-Saint-Laurent depuis quatre ans et demi, a envoyé sa demande de résidence permanente en août dernier.

Je n’ai toujours pas reçu d’accusé de réception, précise-t-elle. Avec ce dernier, il lui serait pourtant possible de suivre la progression de son dossier et de faire une demande pour obtenir un permis de travail ouvert.

Tyana Rolle vit à Rimouski depuis quatre ans et demi.

Tyana Rolle devra renouveler pour la troisième fois son permis de travail, en attendant sa résidence permanente.

Photo : Gracieuseté de Tyana Rolle

Des explications aux retards de traitement

Selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), environ 40 000 travailleurs qualifiés qui ont déjà reçu leur Certificat de sélection du Québec sont en voie d’obtenir leur résidence permanente au niveau fédéral. Mais les délais ne cessent de s’allonger.

Selon un rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration sur les enjeux de la COVID-19, seul 38 % du personnel de Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pouvait travailler au début de la pandémie; 90 % lorsque les employés ont pu travailler à distance ou au bureau. Ces absences ont contribué en partie à l’allongement des délais de traitement des dossiers.

Au manque de personnel s’ajoute un système de traitement archaïque, tient à souligner le député Maxime Blanchette-Joncas. On fait encore le traitement avec de bons vieux dossiers papier, déplore-t-il.

Enfin, l’élu reconnaît que les relations sont compliquées entre les instances d’immigration québécoise et fédérale. Il y a une séparation spécifique des pouvoirs et ce manque de communication est problématique, conclut-il.

Maxime Blanchette-Joncas répond aux questions d'un journaliste dans son bureau.

Maxime Blanchette-Joncas reconnaît que la communication est difficile entre Québec et Ottawa sur la question de l’immigration (archives).

Photo : Radio-Canada

Du côté des demandeurs, c’est l’incompréhension qui domine.

On arrive ici, on s’installe, on commence une vie et, ensuite, on nous dit que ça va être long d’obtenir nos papiers. Or, pour les autres provinces, on parle en mois, pas en année d’attente, s’impatiente Tyana Rolle.

Dans le reste du pays, les délais de traitement sont d’environ six mois.

L’association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI) a d’ailleurs décidé d’adresser une mise en demeure au ministre fédéral de l’Immigration contre les délais déraisonnables dans le traitement de ces demandes.

Manque de transparence dans les étapes de traitement

L’incertitude donne parfois envie d’abandonner, reconnaît Nora Burlet, originaire de la Belgique.

Depuis deux ans, elle a choisi de poser ses valises à Rimouski et a présenté une demande de résidence permanente en juin dernier. Elle n’a plus de nouvelles depuis.

Sa seule source d’informations, ce sont les forums et les groupes Facebook où d’autres expatriés se partagent les dates de leur dossier. Ça permet de se comparer et ça me laisse une date à laquelle je peux attendre, relativise la jeune femme. Elle reconnaît toutefois que cette situation administrative est pesante.

Nora Burlet est originaire de la Belgique.

Nora Burlet, travailleuse culturelle à Rimouski, a déposé sa demande de résidence permanente en juin 2021 et attend toujours un accusé de réception.

Photo : Gracieuseté de Nora Burlet

Quand on est expatrié, on est toujours tiré entre le pays d’accueil et le pays d’où on vient, il y a des périodes de doutes et, dans ces phases-là, le fait d’être précaire et en statut temporaire, ça renforce les doutes, concède-t-elle.

« Il n’y a pas une semaine qui passe sans que des gens nous appellent, mon équipe et moi, pour obtenir une mise à jour de leur dossier d’immigration. »

— Une citation de  Maxime Blanchette-Joncas, député de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ne répond même plus et on se fait raccrocher au nez directement. Le seul recours qu’on a, c’est de cogner à la porte des députés, rapporte Fanny Allaire-Poliquin, directrice générale au Service d’accueil des nouveaux arrivants de La Matanie qui sollicite régulièrement la collaboration de Kristina Michaud, qui représente la circonscription d’Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia.

Mme Allaire-Poliquin est consciente que les programmes d’immigration sont un frein pour les immigrants comme pour les entreprises du territoire. Dans un contexte de pénurie et de rareté de main-d’œuvre, c’est aussi des travailleurs que l’on perd, assure Fanny Allaire-Poliquin.

À la suite de la nomination du ministre de l’Immigration, Sean Fraser, près de 85 millions $ ont été investis pour permettre l’accélération du traitement des demandes.



Reference-ici.radio-canada.ca

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