Des Torontois se mobilisent pour fournir de l’aide aux Ukrainiens


Ces initiatives prennent différentes formes : fourniture de matériel de première nécessité, collectes de fonds, ou encore ressources en ligne pour les réfugiés et les Ukrainiens restés au pays.

Les véhicules se succèdent pour accéder à la cour arrière du local de l’entreprise que Jason Van Bruggen et sa femme ont mis à disposition pour cette campagne de dons qu’ils organisent. Ils estiment qu’en six jours, plus de 500 personnes sont venues apporter du matériel, des habits, de la nourriture, des médicaments, des tentes, des couvertures isothermiques.

Un homme porte un carton de couches à l'arrière d'un camion.

Un des bénévoles aide à entreposer les dons dans un carton.

Photo : Radio-Canada / Thilelli Chouikrat

Le couple ne fait pas partie de la communauté ukrainienne, mais certains de leurs proches sont originaires du pays. M. Van Bruggen explique que ses parents ont fui l’Europe durant la Deuxième Guerre mondiale. Peut-être est-ce présent en moi et cela m’a-t-il poussé à réagir, explique-t-il.

« J’ai été tellement touché par les reportages diffusés sur l’Ukraine, je me sentais impuissant. J’ai pensé me rendre sur place, puis ma femme et moi avons décidé (…) de mobiliser notre communauté ici à Toronto et de rassembler autant de fournitures que possible pour les envoyer tout de suite en Ukraine. »

— Une citation de  Jason Van Bruggen

.

Six jours et quelques courriels plus tard, le local de son entreprise ne désemplit pas.

La réponse a été incroyable, bien au-delà de ce à quoi on s’attendait, explique-t-il. Jusqu’à présent, sept camions chargés de matériel ont quitté les locaux. Le tout est envoyé à la frontière polono-ukrainienne, par une société de fret qui fournit ce service gratuitement.

Une dizaine de paires de chaussures qui sont triées.

Quelques-uns des dons qui seront acheminés jusqu’à la frontière ukrainienne.

Photo : Radio-Canada / Thilelli Chouikrat

J’ai contacté l’ambassade juste une fois pour vérifier que toutes les choses que j’ai demandées sont importantes à ce moment ici. Parce que la situation sur les lignes de front change beaucoup et la liste des choses qui sont nécessaires change aussi tous les jours, ajoute M. Van Bruggen.

Aujourd’hui, des véhicules sont venus récupérer des tentes, des sacs de couchage, des couvertures isothermes, mais aussi du matériel militaire : des vestes chaudes, des casques, des rations alimentaires notamment.

Maria Burgos vient d’arriver, et dépose trois grands sacs. Jason Van Bruggen en sort un gilet pare-balles.

Mon époux est un réfugié venu d’un autre pays, explique Maria. Alors nous nous identifions avec la situation en Ukraine, nous aidons ces personnes-là, et ceux qui restent en Ukraine pour se battre, ajoute-t-elle.

À l’intérieur de l’entreprise familiale, une dizaine de bénévoles s’affairent à trier les dons apportés, entre la nourriture et le matériel de première nécessité. Au total, 63 personnes sont venues prêter main-forte pour tout déballer, organiser, empaqueter. Les bénévoles réservent aussi des habits pour les futurs réfugiés qui arriveront au Canada.

Je suis en train d’organiser toutes les choses, explique Amalie Brune, qui enchaîne son troisième jour de bénévolat. Elle trie des pansements, des bandages, des médicaments, et des ustensiles médicaux avant de les emballer dans des cartons.

Amalie Brune, l'une des bénévoles, trie du matériel médical.

Amalie Brune, l’une des bénévoles, trie du matériel médical.

Photo : Radio-Canada / Thilelli Chouikrat

Je crois que c’est important. Le Canada est si loin de l’Ukraine, on doit faire quelque chose. Alors c’est un petit chose mais j’espère ça va aider des gens là-bas, affirme-t-elle.

Ce n’est pas la première fois qu’elle se mobilise pour une cause humanitaire. Mais habituellement, c’est au Sri Lanka qu’elle effectue des missions.

À quelques kilomètres de là, la Torontoise Alina Kuzma, d’origine ukrainienne, multiplie les initiatives pour aider sa communauté.

Elle a intégré des groupes qui organisent sur l’application Slack le convoi de familles restées en Ukraine vers la frontière.

Elle consulte aussi régulièrement un site Internet qui regroupe de nombreuses ressources. Les services proposés s’adressent à ceux qui souhaitent loger des réfugiés, aider des étudiants noirs bloqués en Ukraine à quitter le pays, soutenir des membres de la communauté LGBTQ.

Le site fournit également des liens vers les sites de médias indépendants ukrainiens, les contacts de journalistes correspondants en Ukraine, ou encore des liens vers plusieurs pétitions.

Mme Kuzma fait également partie des organisateurs d’une campagne de collecte de fonds à travers un concert qui se tiendra à Toronto le 11 mars. Elle comptera parmi les artistes qui monteront sur scène, avec son groupe de chants Korinya Ukrainan Folk Band.

Cette guerre est perpétrée par quelqu’un qui prétend que l’Ukraine n’existe pas, que sa culture n’existe pas. Donc nous nous servons de cette culture et de ces chants pour que les gens comprennent que les motivations derrière cette guerre sont fausses, et que nous n’abandonnerons pas, affirme-t-elle.

Elle s’attendait à ce que la diaspora se mobilise, mais se dit surprise par le niveau d’implication des membres extérieurs à la communauté.



Reference-ici.radio-canada.ca

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