Des scénarios de Québec pour protéger le caribou jugés inadmissibles


Les deux scénarios encore hypothétiques proposés par le gouvernement Legault seront présentés lors d’une tournée ce printemps par la Commission indépendante.

La Commission a jusqu’à la fin de l’année pour se prononcer sur l’option qu’elle juge la plus souhaitable.

Cet exercice vise à élaborer la Stratégie de protection de l’habitat du caribou du Québec.

Le premier scénario proposerait d’accroître la superficie en restauration de la zone d’habitat. Ce scénario aurait une incidence sur les activités forestières actuelles et pourrait menacer un peu plus de 800 emplois à l’échelle du Québec.

Le second scénario comporterait une plus petite zone en restauration de l’habitat du caribou et n’aurait aucun impact additionnel sur les activités forestières. Il ne menacerait donc pas d’emplois.

Des options plutôt impopulaires parmi des groupes environnementaux.

C’est notamment le cas du Comité de protection des Monts Chic-Chocs, qui estime que l’issue des consultations relatives à la protection du caribou est fort prévisible.

Le porte-parole du Comité, Louis Fredette, affirme que le caribou ne sortira pas vainqueur des consultations.

Depuis 2013, il existe un plan de rétablissement du caribou et rien n’a été fait jusqu’à maintenant. La Commission ne fait que retarder ce processus de rétablissement, alors qu’il y a urgence de la situation, croit M. Fradette.

Louis Fredette.

Louis Fredette, porte-parole du Comité de protection des Monts Chic-Chocs (archives)

Photo : Radio-Canada

Selon M. Fredette, il resterait entre 35 et 40 spécimens sur le territoire de la Gaspésie.

Le premier scénario, qui prévoit d’accorder une zone de protection pour le caribou plus restreinte, suscite particulièrement la grogne de plusieurs acteurs concernés, puisque trois troupeaux de caribous devraient être sacrifiés.

Un des trois troupeaux est celui du Pipmuacan. Ce troupeau comprend une centaine de caribous forestiers que les Innus de Pessamit s’affairent à protéger depuis des années.

Le vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge, indique que ce scénario est déraisonnable. Il considère que la vitalité économique est aussi importante que la vitalité culturelle.

Il s’agit de trouver un équilibre et d’y aller avec une saine gestion forestière sans sacrifier quoi que ce soit de la faune et de l’environnement. C’est ce qu’on soulève depuis des mois, peut-être même des années, dit M. Bacon St-Onge.

L'homme pose dans son bureau

Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit

Photo : Gracieuseté : Jérôme Bacon St-Onge

Il rappelle que le Conseil des Innus de Pessamit pourrait se tourner vers les tribunaux dans ce dossier si le gouvernement ne leur tend pas assez rapidement la main pour garantir la protection de l’espèce vulnérable.

En Haute-Gaspésie, le préfet de la Municipalité régionale de comté, Guy Bernatchez, espère voir des solutions mitoyennes être proposées par Québec pour la protection du caribou.

Il rappelle que la foresterie est une industrie importante pour la Municipalité régionale de comté, mais que la population tient à la survie de l’espèce emblématique qu’est le caribou.

Il va falloir que le gouvernement trouve des moyens, des solutions, qui vont être gagnant-gagnant. Que ce soit au niveau de l’industrie forestière ou récréotouristique, je crois qu’il y a un assez grand territoire en Haute-Gaspésie et autour de la Haute-Gaspésie pour pouvoir pratiquer ces activités-là en s’éloignant du cheptel de caribous, affirme le préfet.

Guy Bernatchez

Guy Bernatchez, préfet de la MRC Haute-Gaspésie (archives)

Photo : Radio-Canada

M. Bernatchez est optimiste que d’autres options soient trouvées.

Au cours des prochains mois, des groupes environnementaux menacent par ailleurs de boycotter les travaux de la Commission indépendante.

Avec les informations de Roxanne Langlois et de Lambert Gagné-Coulombe



Reference-ici.radio-canada.ca

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