Des parents dénoncent un concours anti-avortement dans une école ontarienne


J’ai tout de suite su que le projet était inapproprié, lance Kaydence Lee Dixon, 13 ans.

Mercredi, l’élève de 8e année et ses camarades de classe de l’école St. Patrick’s Catholic Elementary School, à Woodstock, ont appris qu’ils allaient devoir créer des affiches concernant le caractère sacré de la vie.

Les pancartes doivent entre autres contenir la phrase: Les bébés qui ne sont pas encore nés comptent ainsi que des images faisant référence à ce thème.

Le projet s’inscrit dans le cadre des cours d’arts plastiques et de religion. Les pancartes seront soumises à un concours organisé par l’organisme pro-vie Oxford County Right to Life.

Les élèves courent la chance de gagner des prix en argent.

L’éducation doit être complète et on doit donner les deux côtés. […] La vie des femmes aussi est précieuse et on doit respecter leur choix. […] Elles doivent connaître leurs options, affirme la mère de Kaydence, Rachelle Dixon.

La mère de famille, qui est elle-même catholique, déplore qu’un projet mené par un groupe aux positions extrêmes soit proposé aux élèves. Elle déplore par ailleurs que le groupe ne soit pas affilié à l’école ni à l’Église catholique.

Rachel Dixon et trois autres femmes manifestent pour le droit à l'avortement.

Rachelle Dixon (gauche) et son mari retireront leurs enfants du système d’écoles catholiques en septembre.

Photo : Radio-Canada / Kate Dubinksi

On sait quel genre d’image apparaît lorsqu’on écrit ces mots-clés dans des moteurs de recherche et c’est inapproprié pour des enfants de 13 ans, dit-elle.

Vendredi, quatre personnes, dont Rachelle Dixon et sa mère, se sont réunies devant l’école St. Patrick’s Catholic Elementary School pour manifester leur mécontentement.

Je comprends les opinions de certains, mais il est important d’enseigner à nos enfants l’importance du dialogue. Je ne veux pas qu’une femme ait honte d’avoir un avortement, affirme Katrina McLennan, venue manifester devant l’école.

Le conseil scolaire s’explique

Rachelle Dixon affirme avoir fait part de son mécontentement à l’enseignant de sa fille par courriel. Elle a également décidé de changer ses enfants d’école pour les envoyer dans le secteur public en septembre.

Ils m’ont dit que si je n’étais pas d’accord, que je pouvais retirer mes enfants de l’école, déplore-t-elle.

L’école St. Patrick’s Catholic Elementary School n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, mais le porte-parole du London District Catholic School Board, Mark Adkinson, indique que l’école a contacté les parents après avoir pris connaissance de leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux.

Avec le programme scolaire de 8e année, les enfants apprennent le point de vue de l’Église catholique concernant le caractère sacré de la vie et doivent créer une affiche concernant ce sujet. Les élèves peuvent également choisir de créer une affiche qui répond à la fois aux exigences de ce projet et du concours organisé par un tiers et qui est optionnel, explique-t-il dans un courriel.

Kaydence Lee Dixon affirme pour sa part qu’elle créera une affiche sur un thème humanitaire.

Kaydence Lee Dixon tient une pancarte qui dit: mon corps mon choix.

Kaydence Lee Dixon,13 ans, pense que le thème abordé par le concours proposé par son enseignant ne respecte pas les droits de la personne.

Photo : Fournie par Rachelle Dixon

Dans une entrevue accordée à CBC, la directrice générale d’Oxford County Right to Life, Mary VanVeen, explique quant à elle que le concours existe depuis de 20 ans, mais que c’est la première fois qu’un enseignant l’utilise comme projet pour ses élèves. Elle précise également que son organisation n’est pas affiliée à l’Église catholique.

En ce moment, il existe une culture de l’annulation qui permet aux gens de se débarrasser de ceux qui ont des valeurs. Nous espérons que les élèves de 7e et 8e années réfléchissent à la vie humaine, qu’ils s’expriment à travers l’art et qu’ils aient une discussion à ce sujet à la maison et à l’école, dit-elle.

Des groupes religieux s’invitent dans les écoles canadiennes

Selon la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada, des organisations religieuses sont parfois invitées dans les écoles canadiennes pour donner des cours d’éducation sexuelle ou pour promouvoir leurs opinions anti-avortement.

Sa directrice générale, Joyce Arthur, explique toutefois qu’il est difficile de connaître l’étendue du phénomène puisque ces groupes sont généralement invités par des enseignants ou des écoles sur la base d’initiatives individuelles.

On n’est mis au courant que lorsqu’un parent se plaint et ce n’est pas la norme pour un parent ou un enseignant de dénoncer quelque chose comme ça, déplore-t-elle.

Selon elle, l’exemple de l’école St. Patrick’s Catholic Elementary School ne représente que la pointe de l’iceberg.

C’est inacceptable à de nombreux égards. Premièrement ils font affaire avec un organisme politique externe anti-avortement qui fait la promotion d’idées qui violent les droits des femmes et des personnes qui peuvent devenir enceintes et ensuite ils offrent un prix en argent aux élèves, c’est très manipulateur. […] Je considère qu’il s’agit d’une violation du droit de conscience des élèves, dit-elle.

Avec les informations de Kate Dubinski



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment