Des enseignants sensibilisés à la crise d’Oka du point de vue mohawk


Cette commission scolaire dessert entre autres les Laurentides, où se situe la communauté mohawk de Kanesatake, au coeur de la crise d’Oka de 1990.

Le groupe a visionné le film Beans de la cinéaste Tracey Deer, qui s’inspire de l’expérience qu’elle a vécue lorsqu’elle avait 12 ans, pendant les 78 jours d’affrontement à Kanesatake et dans sa communauté natale de Kahnawake, située au sud de l’île de Montréal. Les enseignants ont ensuite participé à une discussion avec la réalisatrice.

L’événement s’inscrivait dans le cadre des efforts déployés par la commission scolaire depuis cinq ans pour intégrer davantage les questions, l’histoire et la culture autochtones dans l’enseignement prodigué dans ses écoles.

Invisible et sans importance dans sa propre école

Deux jeunes femmes dans les bois.

Le film Beans de la réalisatrice Tracey Deer raconte la crise d’Oka.

Photo : Courtoisie du TIFF

Cela signifie beaucoup pour moi, car lorsque j’étais au secondaire, j’étais entourée d’enfants blancs, et le peu de choses que nous disions sur les peuples autochtones, c’était l’équivalent de deux pages d’un livre d’histoire, a déclaré Tracey Deer à la quarantaine d’enseignants désignés comme agents de liaison pour la vérité et la réconciliation dans les écoles où ils travaillent.

Ainsi, même dans ma propre école, je me sentais invisible et sans importance, a ajouté Mme Deer.

Les enseignants ont été invités à poser des questions afin de partager ce qu’ils ont appris avec leurs élèves et leurs collègues.

Les efforts de la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier interviennent alors que le gouvernement du Québec s’efforce de mettre en œuvre les recommandations formulées par Jacques Viens, juge à la retraite de la Cour supérieure, dans son rapport accablant de 2019 sur la façon dont les Autochtones sont traités par la province. 

M. Viens a constaté une discrimination systémique à l’égard des peuples autochtones dans l’ensemble des services publics au Québec, et il a recommandé que le programme scolaire soit remanié pour refléter correctement l’histoire et les contributions des Premières Nations et des Inuit.

Selon le rapport Viens, le Québec devrait s’excuser pour la discrimination systémique dont sont victimes les Autochtones.

Les initiatives de la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, y compris l’atelier de mardi, sont financées par une subvention de 51 000 $ du ministère de l’Éducation du Québec, qui vise à sensibiliser et à former les éducateurs aux réalités autochtones dans les écoles de la province.

Dans son film, Tracey Deer a repris un événement qu’elle a vécu en 1990, pendant la crise d’Oka, alors qu’elle et sa sœur étaient conduites sur l’île de Montréal dans un convoi de femmes, d’enfants et d’aînés qui quittaient Kahnawake. 

Alors qu’ils entraient dans la ville, une foule en colère a lancé des pierres sur leurs véhicules, tandis que la police restait les bras croisés.

Dans le film, Beans se cache sur le plancher de la voiture de sa mère alors que la vitre arrière du véhicule se brise.

Tracey Deer a raconté que cet événement et d’autres qui se sont produits cet été-là ont été les plus traumatisants de sa vie.

C’est mon travail d’apprendre

Vicki Fraser, enseignante à l’école primaire McCaig de Rosemère, a déclaré que le film avait changé sa perception de la crise d’Oka. 

En regardant le film aujourd’hui, cela a vraiment fait mouche, a déclaré Mme Fraser, qui était également une enfant à l’époque de la crise. Nous avons besoin d’une image claire de l’histoire afin que nous puissions faire des choses pour améliorer l’avenir.

Mme Fraser a déclaré que le film lui a donné un sentiment d’urgence pour agir. Elle a dit qu’elle avait d’abord hésité à assumer le rôle de liaison, de peur de ne pas connaître suffisamment les questions autochtones. Mais vous savez, après aujourd’hui, je me suis dit que c’était aussi mon travail d’apprendre, a-t-elle poursuivi.

La réalisatrice Tracey Deer a remercié les enseignants avec émotion. 

Lorsqu’il y a des événements comme celui-ci, je suis si heureuse de recevoir l’appel, si heureuse de dire oui. Des événements comme celui-ci m’apportent la guérison. Je suis tellement heureuse de vous voir tous ici et de voir que vous faites tous cet effort, et que vous vous souciez tous de moi, a-t-elle dit. 

Michael Quinn, directeur adjoint des services pédagogiques de la commission scolaire, a dit souhaiter étendre la portée du programme afin de sensibiliser le public. 

Nous voulons vraiment que ces questions imprègnent toute la vie de l’école. Ce que nous essayons d’éviter, ce sont les actions symboliques. C’est très facile pour nos écoles et pour nous tous de tomber dans le piège de porter un t-shirt orange lors de la journée du t-shirt orange, peut-être de faire un événement de charité, et puis c’est tout. C’est terminé, a déclaré M. Quinn. 

Nous voulons quelque chose qui soit durable.

D’après un article de Verity Stevenson, de CBC



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment