Des édifices conçus pour éviter les collisions des oiseaux


La tendance du télétravail a sans doute contribué à éveiller les consciences sur cette problématique, croit Jean-Sébastien Guénette, directeur général de l’organisme Québec Oiseaux. Les gens s’en sont plus rendu compte, dit-il. On est en télétravail, on entend un Poc! dans la fenêtre et on constate qu’un oiseau est au sol.

Selon une étude américaine réalisée en 2014, entre 100 millions et un milliard d’oiseaux meurent chaque année aux États-Unis, après s’être cognés dans des fenêtres. Au Canada, jusqu’à 42 millions de volatiles périraient de cette façon.

Il y a une dizaine d’années, à Toronto, la société Cadillac Fairview a été traînée devant les tribunaux parce que des centaines d’oiseaux migrateurs étaient morts après s’être heurtés sur les surfaces vitrées d’un de ses édifices. L’entreprise a finalement pu s’en tirer en recouvrant ses vitres d’une pellicule pour alerter les oiseaux.

À la suite de cette cause, la Ville de Toronto a modifié sa réglementation pour tous les nouveaux bâtiments de plus de quatre logements construits sur son territoire. Les vitres des édifices en hauteur, par exemple, doivent être faiblement réfléchissantes et opaques, ou alors comporter des marqueurs espacés d’un maximum de 5 cm pour alerter les oiseaux de leur présence. Cette norme s’applique aux 16 premiers mètres au-dessus du sol.

Peu d’intérêt au Québec

Aucune réglementation similaire ne semble exister au Québec. Certains édifices récents ont toutefois été réalisés de façon à éviter les collisions d’oiseaux. C’est le cas de deux haltes routières, construites à Villeroy et à Lavaltrie, dont les vitres présentent des lignes horizontales. Ces motifs brouillent la réflexion des fenêtres, ce qui permet aux oiseaux de comprendre qu’ils ne peuvent pas passer au travers.

On avait des coins vitrés des deux côtés, des parois que les oiseaux peuvent ne pas percevoir, explique l’architecte Pierre-André Lévesque, de la firme BGLA. Mais l’intérêt des clients pour de telles surfaces anticollision est encore marginal, estime-t-il.

Il faut dire que le phénomène des collisions d’oiseaux semble nettement moins fréquent au centre-ville de Montréal qu’au cœur de Toronto. C’est ce qu’avait conclu une étude réalisée il y a plus de dix ans. Ils ont suivi le même protocole, se sont promenés et ont ramassé les carcasses, raconte Jean-Sébastien Guénette. Heureusement, ils n’en ont vraiment pas trouvé autant qu’on aurait pensé, en se comparant à Toronto.

Échantillons de vitres anticollisions

Échantillons de vitres anticollisions

Photo : Radio-Canada

Selon M. Guénette, la géographie montréalaise expliquerait cet écart. Une hypothèse, c’est que le centre-ville de Montréal serait protégé par le Mont-Royal, qui force les oiseaux migrateurs venant du Nord à prendre de l’altitude, dit-il. Une autre hypothèse, c’est que le fleuve Saint-Laurent, n’étant pas aussi large que le lac Ontario, ne crée pas de front de migration aussi intense qu’à Toronto.

Des vitres anticollision d’oiseaux sont pourtant fabriquées à Montréal depuis près d’une décennie. La Vitrerie Walker, dans l’arrondissement Anjou, a mis au point des verres incrustés de motifs (lignes, cercles, points, etc.) qui captent l’attention des oiseaux. Les oiseaux sont sensibles aux contrastes, ils vont donc être plus susceptibles de voler dans une autre direction, explique Danik Dancause, directeur des opérations marketing.

L’entreprise montréalaise fournit des vitres pour la sécurité des oiseaux aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Beaucoup d’universités, indique M. Dancause. Le centre d’entraînement des Raptors de Toronto, c’est notre verre.

Sensibiliser les municipalités québécoises

Les organismes d’ornithologie font des démarches auprès de certaines municipalités pour les inciter à mettre en place des règlements sur les surfaces vitrées, dans le cadre du programme Villes amies des oiseaux.

On espère qu’en approchant les municipalités avec le programme de reconnaissance, ça va peut-être en inciter quelques-unes à adopter certaines mesures en ce sens-là, explique Jean-Sébastien Guénette de l’organisme Québec Oiseaux.

Pour le moment, seules quatre villes canadiennes font partie de ce programme, mais aucune au Québec.



Reference-ici.radio-canada.ca

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