Déglaçage de la Ristigouche par aéroglisseur : « On n’est pas des machines à miracles »


La mairesse de Matapédia, Nicole Lagacé, a expliqué que l’administration municipale travaille de concert avec la Sécurité civile et la Garde-côtière canadienne à des fins de préparation et de prévention bien avant la débâcle printanière.

« J’ai des équipes sur le terrain. Quand on tombe en observation, c’est 24 heures sur 24. »

— Une citation de  Nicole Lagacé, mairesse de Matapédia

La sonnette d’alarme est sonnée par la Municipalité dès que les premiers signes de la débâcle printanière sont rapportés par des observateurs sur le terrain, a-t-elle rappelé. L’aéroglisseur se dirige ensuite vers la baie des Chaleurs.

La mairesse Nicole Lagacé, en conférence de presse.

La mairesse Nicole Lagacé explique que la Municipalité reçoit l’appui de la Sécurité civile et de la Garde-côtière canadienne.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Mme Lagacé souhaite mieux informer les citoyens des tenants et aboutissants du travail colossal effectué par la Garde-côtière canadienne, alors que des citoyens, selon elle, ont toutes sortes d’interprétations de ce travail. C’est fait de façon consciencieuse et pour eux, c’est vraiment important, Matapédia, assure-t-elle.

Selon la mairesse, la conférence de presse organisée jeudi, la première du genre, n’a aucun lien avec le fait qu’un hôtelier de Matapédia s’adresse à la justice afin d’obtenir des dédommagements à la suite des inondations.

Le choix de déployer l’aéroglisseur dans la péninsule acadienne afin de déglacer les ports de pêche a été critiqué par des sinistrés, notamment en 2019. Les citoyens auraient souhaité que la rivière Ristigouche soit la priorité.

« Les gens passent toujours avant le crabe des neiges, je peux vous l’assurer. »

— Une citation de  Isabelle Pelchat, surintendante aux opérations de déglaçage pour la Garde-côtière canadienne

La Garde-côtière canadienne défend que cette décision avait été prise en raison d’un manque d’eau pour circuler sur la rivière Ristigouche. Lorsqu’il y a eu un coup d’eau, on est revenus tout de suite en urgence, se souvient Isabelle Pelchat, surintendante aux opérations de déglaçage.

Un aéroglisseur pèse de 70 à 75 tonnes et navigue à une vitesse variant de 35 à 40 nœuds. Deux appareils sont utilisés pour le déglaçage de 13 rivières du Québec, le NGCC Sipu Muin et le NGCC Mamilossa.

De nombreux éléments à considérer

Le capitaine de la Garde-côtière canadienne Marty Robitaille, qui participe aux opérations depuis 2009, mentionne que l’aéroglisseur crée des vagues afin de casser la glace et ainsi libérer le cours d’eau. L’efficacité et la manœuvrabilité de l’appareil sont soumises à plusieurs contraintes.

On n’est pas des machines à miracles, lance-t-il, précisant lui aussi que le véhicule à coussin d’air ne peut opérer sans une quantité d’eau suffisante.

« Dame Nature, c’est elle qui contrôle tout. On pourrait arriver ici au mois de février et commencer à casser la glace, on ne serait pas plus efficaces. À la limite, on causerait plus de problèmes. »

— Une citation de  Marty Robitaille, capitaine pour la Garde-côtière canadienne

Deux secteurs sont particulièrement problématiques sur la rivière Ristigouche. Selon lui, le cours d’eau constitue d’ailleurs un défi particulier, notamment en raison du fait qu’il comporte de nombreux détours et de bancs de sable.

Le capitaine rappelle que le Sipu Muin, qui part de Trois-Rivières chaque printemps pour venir déglacer la rivière Ristigouche en Gaspésie, peut mettre de deux à trois jours à se rendre à destination.

Marty Robitaille, en uniforme.

Selon Marty Robitaille, les opérations de déglaçage des rivières sont plus complexes qu’il n’y paraît.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

L’appareil ne peut être utilisé qu’entre le lever et le coucher du soleil et les ports où il peut s’arrêter pour la nuit sont limités. Le plus proche est situé à Gaspé.

De plus, il rappelle que l’aval de la rivière doit être déglacé en priorité afin de favoriser un écoulement des eaux, et ce, avant le secteur situé entre l’infrastructure du Canadien National (CN) et le pont interprovincial avec le Nouveau-Brunswick. Cette portion de la rivière Ristigouche est considérée comme névralgique par de nombreux citoyens qui la connaissent bien.

Plusieurs autres éléments peuvent avoir un impact sur la capacité d’intervention de l’aéroglisseur

• Les températures froides peuvent engendrer des bris sur l’appareil en raison, notamment, de l’accumulation de glace sur les hélices;

• Le vent influe sur la manœuvrabilité de l’aéroglisseur;

• L’état de la glace et la présence de frasil peuvent limiter l’impact des opérations;

• Les marées ont un effet sur la qualité de la vague créée par l’aéroglisseur;

• L’efficacité de l’appareil est affectée par le niveau de carburant. Un ravitaillement doit donc avoir lieu quotidiennement.

De l’espoir pour 2022

S’il est trop tôt pour se prononcer formellement sur ce à quoi les citoyens de Matapédia peuvent s’attendre en 2022, Marty Robitaille indique que les signes précurseurs sont positifs. Il demeure néanmoins prudent dans ses prédictions.

L'eau de la rivière Ristigouche inonde le chemin Riverside, à Matapédia.

En 2021, huit résidences du chemin Riverside ont été isolées en raison des inondations.

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Cette année, le couvert de neige semble très lisse, ce qui est encourageant, mais on est à une période de l’année où les conditions changent rapidement. On verra lors de notre arrivée, note-t-il.

« Je peux dire que cette année, le fait qu’il n’y a pas eu de débâcle en décembre, ça me sécurise en partie. C’est un hiver plus normal. […] J’ai bon espoir que ça se passe bien. »

— Une citation de  Nicole Lagacé, mairesse de Matapédia

Selon les observations faites par M. Robitaille, le moment critique pour la rivière Ristigouche s’étale généralement sur les cinq jours précédant le premier avril ainsi que sur les cinq jours suivants.

Le Sipu Muin.

Le Sipu Muin (archives).

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

Par ailleurs, son équipe utilisera des drones pour la première fois lors de ses prochaines opérations sur la rivière gaspésienne, ce qui permettra notamment d’avoir une meilleure idée du relief des glaces.



Reference-ici.radio-canada.ca

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