Coco Belliveau : aimer les femmes et pouvoir le dire sur scène


Je préfère aller dans des espaces où je n’ai pas à me battre pour en parler, dit-elle. Il y a des soirées d’humour où je n’irais pas, dit-elle, en précisant que ces endroits sont tout de même moins nombreux qu’avant.

L’humour de Coco Belliveau aborde notamment son attirance pour les femmes, mais aussi le sexisme et la grossophobie. Il lui est déjà arrivé qu’on lui demande de modifier ses sketchs.

Le milieu de l’humour, c’est beaucoup des hommes hétérosexuels blancs, explique-t-elle. Je me suis fait dire par des producteurs : “ça ne me parle pas, ce n’est pas pour tout le monde”. Mais si, c’est pour tout le monde!

Il y a des soirées où je n’ai pas l’opportunité de me produire alors que je suis sûre que plein de monde y accepterait ce que j’ai à dire, poursuit-elle. Et c’est important que tout le monde consomme de l’art fait par des personnes de la communauté LGBTQ+.

Faire rire tout le monde

Coco Belliveau, qui se considère pansexuelle, tient à démonter l’idée selon laquelle un numéro qui traite de son orientation sexuelle ne pourrait faire rire que des personnes de la communauté LGBTQ+.

Il y a toujours des gens ouverts à entendre des histoires différentes de leur réalité. Si les gens peuvent connecter avec ce que je dis, même s’ils ne le vivent pas, je pense qu’on est en train d’avancer.

Même si cela fait du bien, tu ne veux pas toujours nécessairement ne parler qu’aux gens qui sont d’accord avec toi, ajoute-t-elle. Le vrai progrès est d’avoir une conversation ouverte avec des gens qui ne vivent pas la même réalité.

Je viens de loin.

Si Coco Belliveau a accepté d’être la porte-parole de la 40e Journée de visibilité lesbienne, c’est notamment pour contribuer à proposer des exemples positifs aux filles et jeunes femmes et à leur permettre de se sentir validées dans leur attirance pour les personnes de même sexe.

Quand j’étais plus jeune, je n’avais pas de modèle autour de moi, car j’ai vraiment baigné dans un milieu hétérocentré, raconte celle qui a aujourd’hui 30 ans. Cela m’a pris longtemps pour être en contact avec ma sexualité, car être attirée par les filles était vu comme quelque chose de bizarre.

Par la suite, elle a été jugée par les autres quand elle est sortie avec des filles lorsqu’elle était à l’université.

Je viens de loin. Avec tout le chemin que j’ai fait, je veux désormais poser les gestes dont j’aurais eu besoin quand j’étais plus jeune.

L'humoriste acadienne Coco Belliveau sur scène lors de sa participation à l'émission <I>Le prochain stand-up</I> sur Noovo.

L’humoriste acadienne Coco Belliveau sur scène lors de sa participation à l’émission «Le prochain stand-up» sur Noovo.

Photo :  Facebook / Eric Myre Photographe

Le fait de ne pas se sentir validée dans son identité sexuelle, mais aussi les préjugés et l’homophobie ont freiné Coco Belliveau dans son évolution personnelle et artistique.

Plus jeune, j’ai entendu une personne de mon entourage dire : “moi, les personnes gais, c’est bien correct, mais je ne veux pas voir ça”, se rappelle-t-elle. Aujourd’hui, je trouve ça ridicule de dire ça, mais ça m’a marquée. Sur le coup, j’ai assimilé ça à une règle, celle de ne pas se montrer.

Toutefois, faire de l’humour s’est révélé thérapeutique pour la jeune femme, qui a tout de même eu besoin d’aide psychologique pour effacer le sentiment de honte que son attirance pour les femmes a autrefois suscité chez elle.

J’ai eu plus de facilité à m’exprimer à ce sujet sur scène, car c’est moins difficile que dans la vraie vie. Personne ne t’interrompt jusqu’à ce que tu aies fini ton numéro.

En 2017, Coco Belliveau a fait son coming-out sur scène. Au début, je voulais que cela reste privé, mais ton identité étant tellement liée à l’humour que tu fais, il fallait que je le dise à un moment donné, explique-t-elle.

Un prix pour Sarahmée

Coco Belliveau participera donc à la 40e Journée de visibilité lesbienne, dont le thème est Invisibiliser, c’est discriminer.

Trois balados, animés par la chroniqueuse culturelle Eugénie Lépine-Blondeau, seront enregistrés devant public. Ils porteront respectivement sur l’implication des organismes communautaires pour la visibilité lesbienne, sur la visibilité lesbienne d’hier à aujourd’hui et sur la visibilité lesbienne dans la sphère publique.

Sarahmée sur scène.

Sarahmée a récemment lancé son album «Poupée russe».

Photo : Francos de Montréal / Benoit Rousseau

Des récompenses seront également remises à la rappeuse Sarahmée (prix Visibilité), à l’écrivaine et poète Nicole Brossard (prix Hommage) et à la défunte militante Johanne Coulombe (prix Militantisme).

Les trois balados seront mis en ligne (Nouvelle fenêtre) le 26 avril, date de la journée de la visibilité lesbienne à l’international.



Reference-ici.radio-canada.ca

Leave a Comment