Chronique | Pris dans un étau, est-ce que Julien BriseBois pourra marquer l’histoire?


Les directeurs généraux de la LNH ont jusqu’à 15 h le lundi 21 mars prochain pour conclure leurs dernières transactions de la saison.

D’un côté, comme d’habitude, on retrouve les directeurs généraux d’équipes éliminées. Ces derniers cherchent à bazarder leurs joueurs dont le contrat tire à sa fin. Et de l’autre côté de la table, il y a les dirigeants dont le club aspire aux grands honneurs. Ceux-là veulent maximiser leurs chances en donnant plus de punch ou de profondeur à leur formation avant d’entamer le dernier droit du calendrier.

Cette année, les enjeux deviennent nettement plus grands et plus intéressants si l’on s’attarde à la situation du Lightning de Tampa Bay et de leur directeur général Julien BriseBois.


Au cours des deux dernières saisons, BriseBois a réalisé des transactions audacieuses et coûteuses qui ont aidé son équipe à remporter la Coupe Stanley.

À chaque occasion, il a senti que son équipe avait une chance de remporter le saladier et il n’a pas fait de compromis.

En février 2020, le DG du Lightning n’avait pas hésité à sacrifier deux choix de premier tour pour mettre la main sur les attaquants Blake Coleman et Barclay Goodrow. Ces deux joueurs de caractère avaient ensuite joué des rôles déterminants dans la conquête de la coupe.

Puis le printemps dernier, BriseBois a choisi de débourser un autre choix de premier tour ainsi qu’un choix de troisième tour pour obtenir le défenseur David Savard, qui était l’un des joueurs les plus convoités sur le marché.

David Savard soulève la coupe Stanley.

David Savard a aidé le Lightning de Tampa Bay à vaincre le Canadien de Montréal et remporter une deuxième coupe Stanley d’affilée (archives).

Photo : Getty Images

Le Lightning s’est ainsi offert le luxe de placer un défenseur de top 4 et l’un des meilleurs bloqueurs de tirs de la LNH au sein de sa troisième paire d’arrières.

Sans compter le fait que le retour au jeu de Nikita Kucherov en séries, après une convalescence qui lui avait fait rater tout le calendrier régulier, permettait au Lightning d’ajouter un joueur étoile à son attaque sans avoir à se soucier du plafond salarial.

En finale l’été dernier, le Canadien ne faisait tout simplement pas le poids contre le rouleau compresseur de Tampa.


Clairement, au cours des deux dernières années, Julien BriseBois et le Lightning ont fait preuve d’audace et d’ingéniosité à l’approche de la date limite des transactions. Parce qu’ils croyaient avoir une réelle chance de remporter la coupe, ils n’ont pas hésité à payer des prix élevés pour parvenir à leurs fins.

Si le passé est garant de l’avenir, les officines du Lightning doivent donc être incroyablement effervescentes par le temps qui court.

Parce que cette fois, BriseBois se retrouve en face d’une occasion qui ne se représentera probablement jamais au cours de sa vie. Il pourrait marquer l’histoire du sport en remportant un troisième championnat d’affilée.

Si décrocher trois titres de suite dans une ligue majeure est un exploit immense, le faire dans un contexte de plafond salarial qui vous oblige constamment à remanier votre formation relève presque de la magie.

Dans la LNH, il faut remonter à la dynastie des Islanders de New York, au début des années 1980, pour retrouver une équipe ayant été capable de coller plus de deux championnats consécutifs.

Dans la MLB, il faut remonter aux Yankees de 1998 à 2000 pour retrouver une équipe ayant remporté trois Séries mondiales d’affilée. Mais disons les choses franchement, même si une taxe de luxe avait été adoptée par le baseball majeur en 1997, les Bombardiers du Bronx disposaient de moyens financiers supérieurs à la quasi-totalité des autres organisations.

Dans la NFL, jamais une équipe n’est parvenue à remporter trois Super Bowls de suite. Dans cette ligue, le plafond salarial existe depuis 1994.

Enfin, dans la NBA, où le plafond salarial a été instauré en 1984, trois équipes sont depuis parvenues à remporter trois titres consécutifs. Les Bulls de Michael Jordan l’ont fait deux fois. Les derniers à accomplir l’exploit ont toutefois été les Lakers de Los Angeles de 2000 à 2002. Là aussi, ça fait un bail.

En somme, les quatre grands championnats nord-américains ont maintenant disputé un total combiné de 107 saisons sous un régime ou un autre de contrôle des dépenses. Et au cours de ces 107 saisons, seulement quatre dirigeants d’équipes ont été suffisamment rusés et chanceux pour coller trois championnats consécutifs.


Les directeurs généraux de la LNH sont aux prises avec le plafond salarial le plus restrictif des quatre grands championnats nord-américains. Et en plus, en raison de la pandémie, ledit plafond est gelé depuis trois ans.

Déjà, le Lightning a été obligé de se départir de son incroyable troisième trio au grand complet l’été dernier. Blake Coleman a opté pour le marché de l’autonomie. Barclay Goodrow a été échangé et l’efficace centre Yanni Gourde a été perdu au repêchage de l’expansion. Le vétéran centre Tyler Johnson a aussi dû être échangé.

Il sera donc extrêmement intéressant de voir si BriseBois sera capable d’extraire un autre lapin de son chapeau au cours des prochains jours. Et si oui, beaucoup de gens sont curieux de voir comment il parviendra à financer cette ou ces acquisitions.

Sachant comment BriseBois s’y est pris au cours des deux dernières saisons, personne ne serait surpris s’il échangeait son choix de premier tour ou plusieurs choix pour rehausser sa formation.

Mais comme il ne dispose d’aucune marge de manœuvre financière (aucune comme dans zéro et une barre) pour payer un ou des salaires supplémentaires, on se dit que même Houdini aurait de la difficulté à s’extirper de ce carcan.

Ce n’est pas facile de marquer l’histoire quand on est pris entre l’Arabe et le Corse, comme dirait Jean Perron. La prochaine semaine de travail de Julien BriseBois sera certainement palpitante.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey



Reference-ici.radio-canada.ca

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