Avis | C’est maintenant ou jamais pour le parti conservateur

L’éviction du chef Erin O’Toole cette semaine n’était pas un référendum sur sa performance, mais plutôt symptomatique de fractures plus importantes au sein du parti conservateur.

Une coalition qui a été fondée pour fonctionner malgré — ou même à cause de — tensions régionales et idéologiques semble maintenant incapable de s’entendre sur un ensemble cohérent de principes pour les partisans conservateurs, sans parler des Canadiens en général.

O’Toole, la dernière victime de ces tensions, a eu raison d’essayer de moderniser le parti, avec des politiques caractérisées par une politique sociale inclusive, une position sérieuse sur le changement climatique et une vision conservatrice de principe pour les travailleurs canadiens. Cependant, ses efforts hésitants pour apaiser les factions concurrentes ont créé de la confusion chez les membres, de la déception chez les électeurs et de l’incohérence chez les candidats conservateurs.

Aussi démodé que cela puisse être dans certains cercles, je continue d’être un fier conservateur progressiste et, par conséquent, je ne suis que bouleversé par le positionnement actuel du parti. Bien qu’il y ait eu des défauts flagrants dans l’exécution d’O’Toole, sa sortie doit être considérée pour ce qu’elle est – un signe que le parti a du travail à faire pour engager ses membres et offrir une approche de gouvernance qui pourrait plaire à la grande majorité des Canadiens — plutôt que ce qu’elle n’est pas : une affirmation providentielle d’un vague conservatisme social.

La tâche qui attend le parti conservateur n’est pas d’ignorer son histoire dans une tentative malavisée de se transformer en l’équivalent politique d’un bretzel. Loin de là. En tant que conservateurs, nous devons embrasser notre histoire, réfléchir sérieusement à ce que signifie le conservatisme progressiste canadien aujourd’hui et trouver notre colonne vertébrale dans le processus.

Bien sûr, nous pouvons nous attendre à ce que le processus soit compliqué.

Une minorité vocale au sein du parti a généré une fascination intense des médias, gagné une influence excessive et étouffé les efforts louables pour reconsidérer la position du parti sur des questions importantes.

La dynamique de va-et-vient entre les populistes et les institutionnalistes, les Canadiens de l’Ouest et du Centre, et les conservateurs et progressistes sociaux n’est pas nouvelle. Cependant, le changement rapide du centre politique canadien, accéléré par la pandémie, a mis à nu ces tensions.

L’incapacité ou la réticence du parti conservateur à réagir adéquatement peut être largement attribuée à son succès relatif à éviter une catastrophe électorale.

Les libéraux, d’autre part, ont été choqués par le changement après une série de défaites électorales embarrassantes face aux conservateurs de Harper. Leur pire résultat jamais enregistré en 2011 – y compris la relégation au statut de tiers – a permis à Justin Trudeau de mener le parti à une renaissance remarquable en embrassant sans vergogne le libéralisme social, en exilant les membres de la vieille garde et en jetant son dévolu sur une coalition d’électeurs plus jeune et plus progressiste. Le résultat? Il a été propulsé vers la victoire en 2015.

Il s’avère qu’un contact avec l’annihilation est une puissante source de courage. Si seulement notre fête pouvait avoir autant de chance.

Les maigres pertes n’ont pas réussi à nous donner ce mandat écrasant de réforme. Franchement, beaucoup se sont contentés d’être le premier finaliste – vraiment le premier perdant – et de prendre des analgésiques pour masquer des affections qui nécessitent en fait une intervention chirurgicale plus compliquée. Au contraire, les tentatives continues de maintenir une base existante mais en déclin ont signifié que le parti a échoué à plusieurs reprises à prendre les mesures audacieuses nécessaires pour établir une base plus large qui peut réellement gagner une élection.

Le Canada a besoin de voix fortes qui peuvent s’attaquer à sa crise croissante de l’abordabilité et articuler une politique étrangère cohérente. Des voix qui peuvent promouvoir le dynamisme économique qui propulse les jeunes Canadiens à profiter des mêmes opportunités que leurs parents, ou (imaginez) même mieux.

J’espère que la course à la chefferie qui sera bientôt annoncée sera définie par des conversations honnêtes sur la coalition conservatrice et une reconnaissance du fait que les voix les plus fortes dans la salle ou sur les réseaux sociaux ne sont parfois que cela.

Peut-être, si nous avons de la chance, aurons-nous un nouveau chef qui défiera enfin les conservateurs de poursuivre une véritable étoile du nord – celle d’un conservatisme canadien authentique, admirable et inclusif.

Jaime Watt est le président exécutif de Navigator Ltd. et un stratège conservateur. Il est chroniqueur indépendant pour le Star. Suivez-le sur Twitter : @jaimewatt



Reference-www.thestar.com

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