Pêches et Océans suspend la pêche au hareng de printemps et au maquereau


Ces deux espèces sont classées en « zone critique » selon les dernières évaluations du ministère et une action urgente est nécessaire afin de régénérer les stocks.

La ministre Joyce Murray a annoncé mercredi n’y aurait pas de pêche commerciale dirigée ou à l’appât pour le hareng de printemps du sud du golfe, et a annoncé la fermeture des pêches commerciales et à l’appât du maquereau de l’Atlantique au Canada atlantique et au Québec.

Il faut noter que cette suspension ne touche pas la pêche au hareng d’automne, qui représente la majorité des débarquements de cette espèce dans les provinces atlantiques.

Joyce Murray regarde fixement devant elle d'un air sérieux.

Joyce Murray, ministre des Pêches, des Océans dit vouloir travailler avec l’industrie de la pêche pour assurer le rétablissement des stocks de hareng et de maquereau (archives).

Photo : Radio-Canada / CBC

Pour cette raison, la ministre refuse de parler d’un moratoire.

« Non, ce n’est pas un moratoire. Ce que nous faisons c’est réduire la pression sur le maquereau et le hareng de printemps. »

— Une citation de  Joyce Murray, ministre des Pêches et des Océans

La raison pour cela est que les stocks de ces poissons sont dans une situation très vulnérable. Mon objectif est de faire croître l’industrie des poissons et des fruits de mer et pour cela, nous avons besoin de stocks durables, ajoute la ministre.

Cette décision sera revue après la prochaine évaluation des stocks.

Lorsque nous verrons les stocks revenir à un meilleur niveau, la pêche pourra recommencer, assure Mme Murray.

La pêche à des fins alimentaires, sociales et rituelles restera permise aux communautés autochtones pour le hareng et le maquereau. De plus, la pêche récréative au maquereau est aussi allouée et permet encore de capturer 20 spécimens quotidiennement.

Des espèces vitales pour les écosystèmes

Selon Pêches et Océans, les deux espèces jouent un rôle crucial pour l’écosystème et pour l’industrie de la pêche. Le hareng et le maquereau sont des sources de nourriture importantes pour d’autres espèces, dont le thon et la morue.

Des maquereaux

Les maquereaux sont classés en zone critique par le MPO depuis 10 ans (archives).

Photo : Radio-Canada

De plus, les deux poissons visés sont grandement utilisés comme appât dans la pêche au crabe des neiges et au homard.

Le hareng de printemps du sud du Golfe du Saint-Laurent a été classé en zone critique il y a 20 ans. Selon le ministère des Pêches et des Océans du Canada, les mesures de gestion de pêche, comme la diminution des prises, n’ont pas été suffisantes.

En 1995, on atteignait un sommet de 93 471 tonnes de hareng débarquées en Atlantique (pêche de printemps et d’automne combinée), alors qu’en 2019 les débarquements étaient seulement de 16 591 tonnes.

En 2020, en raison du déclin de l’espèce, le ministère a fixé à 500 tonnes le total admissible des captures, alors qu’il était de 1250 tonnes auparavant.

Plusieurs facteurs contribuent au déclin de l’espèce selon le ministère des Pêches et des Océans du Canada, dont les changements environnementaux, la prédation par d’autres espèces comme le phoque gris, le faible taux de développement et de survie des larves et la pêche commerciale.

Pour ce qui est du maquereau, le ministère constate que des poissons de plus en plus jeunes sont capturés, alors que cette espèce a besoin de plus de temps pour maturer et assurer sa régénérescence. Le maquereau a été classé en « zone critique » il y a 10 ans.

Déjà l’an dernier, le ministère des Pêches et des Océans du Canada avait réduit de 50 % les captures autorisées pour la pêche commerciale de cette espèce et avait imposé pour la première fois une limite au nombre de poissons pêchés de façon récréative.

Un impact économique limité selon la ministre

La ministre Murray a également tenu à mettre en perspective l’importance de la pêche au hareng de printemps.

Elle souligne que pour la pêche au hareng d’appât, la valeur économique a été évaluée aux environs de 500 000 $ l’an dernier, alors que la valeur de la pêche au homard est de 1 milliard de dollars.

Des prises de hareng dans la Péninsule acadienne

Des prises de hareng dans la Péninsule acadienne

Photo : Nicolas Steinbach, Radio-Canada Acadie

Elle se dit toutefois sensible à la situation des pêcheurs qui seront touchés, mais pour le moment aucune compensation financière n’est envisagée.

Mais je comprends que le changement touche quelques pêcheurs qui se concentrent sur la pêche d’appâts par opposition à d’autres espèces beaucoup plus lucratives et abondantes, dit-elle.

La valeur des débarquements de maquereau en Atlantique était évaluée à 6,7 millions de dollars en 2019.

Une « bombe atomique », répond l’UPM

Du côté de l’Union des pêcheurs des maritimes, on qualifie de bombe atomique dans l’industrie de la pêche de la côte est.

Le directeur général Martin Mallet n’a appris la nouvelle que mercredi matin.

Martin Mallet devant sa webcam.

Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes.

Photo : Radio-Canada

À quelques semaines du début des pêches, ça va créer de sérieux problèmes au niveau de l’approvisionnement d’appâts, au niveau du coût de l’appât qui risque de monter à des niveaux jamais vu, explique-t-il.

M. Mallet estime que les coûts supplémentaires pour les pêcheurs pourraient s’élever à plus de 10 millions de dollars.

Et s’il y a une pénurie d’appât, et que du homard n’est pas pêché, on peut penser à un impact économique encore plus important, ajoute-t-il.

Trouver d’autres sources d’appâts

Le gouvernement fédéral souligne que plusieurs pêcheurs se tournent déjà vers des solutions de rechange pour ce qui est des appâts. Le ministère des Pêches et des Océans du Canada promet d’investir pour développer des solutions en la matière.

De plus, un plan de rétablissement sera établi pour le hareng de printemps du sud du Golfe et le plan actuel de rétablissement pour le maquereau (Nouvelle fenêtre) sera mis à jour.

Revoyez un reportage de Sophie Desautels sur le développements de nouveaux appâts dans l’industrie de la pêche.

Avec des informations de Nicolas Steinbach



Reference-ici.radio-canada.ca

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