Josh Anderson, sans l’ombre d’un doute


Un train sur patins – duquel Martin St-Louis aimerait bien raffiner la carrosserie, nous y reviendrons – une terreur pour les défenseurs adverses, une carrure de joueur de football, une tête d’acteur; certains se sont exclamés Quel homme! pour moins que ça.

Mais ce n’est pas pour jaser de la générosité de la nature à son égard que Radio-Canada Sports rencontre l’ailier du CH en ce petit mardi matin près du vestiaire de l’équipe, quelques minutes avant le départ pour Columbus, son alma mater dans la LNH.

Anderson a été au centre de bien des discussions dans les dernières heures en raison des projets de son nouvel entraîneur. St-Louis veut le voir peaufiner son jeu. Il lui demande d’étudier la game un peu plus, de ralentir le rythme lorsque la situation le commande. Il le fait avec d’autres aussi, comme Brendan Gallagher, des demandes qui viennent jouer directement dans l’ADN d’un joueur qu’on pourrait décrire comme un ailier de puissance. Un athlète qui avance à l’instinct plutôt qu’à la réflexion.

Mais le numéro 17 du Tricolore le voit plutôt comme une occasion. Il ne doute pas des bénéfices à long terme. Il ne doute pas de cela, pas plus que de grand-chose. Josh Anderson doute peu. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne se remet pas en question pour autant.

Confiance ne rime pas avec arrogance (en fait, oui, mais vous comprenez) et encore moins avec esprit obtus.

Dès l’enfance, Anderson ne doutait pas qu’il serait un jour dans la LNH. Une fois les sceptiques confondus, pourquoi s’arrêter en si bon chemin?

La bonne direction

À 12 ans, le buteur de Burlington a eu à choisir : ce serait le hockey ou le baseball, lui disait son père, Gary. Dès ce moment, affirme aujourd’hui le colosse de 1,91 m (6 pi 3 po) et 103 kg (227 lb), il s’est promis de jouer un jour dans la Ligue nationale.

« C’est devenu un style de vie. C’est la seule chose dont tu rêves et tu fais tout pour l’atteindre. J’étais certain très jeune que j’y arriverais et que ce serait ma vie »

— Une citation de  Josh Anderson

Les écueils ont été nombreux et largement documentés. Boudé deux fois au repêchage de la Ligue junior de l’Ontario, Anderson est finalement tombé dans l’œil de l’agent Darren Ferris venu espionner un autre joueur dans le midget. Il a atterri avec les Knights de London et les choses se sont précipitées par la suite.

Il y a toujours quelqu’un qui te regarde, lui assurait le paternel, à juste titre.

Son parcours est le fruit d’une inébranlable confiance en ses moyens et de travail acharné. Ce dont Anderson aurait pu douter, par contre, c’est de l’avenir de son équipe actuelle.

Marc Bergevin n’a pas dû lui vanter la promesse et les mérites d’une reconstruction à court terme quand il lui a offert un contrat de sept ans en octobre 2020. Le CH venait de prolonger son association avec Gallagher, alors un marqueur de 30 buts, avec Jeff Petry, alors un des bons défenseurs offensifs du circuit. Bergevin avait aussi convaincu Joel Edmundson et Tyler Toffoli d’embarquer dans son projet et Anderson s’ajoutait à tout ce beau monde, comme la pièce manquante d’un casse-tête bien entamé.

Les deux joueurs de hockey, en rouge, se saluent après un but de leur équipe.

Josh Anderson et Cole Caufield ont animé l’attaque du Canadien contre les Maple Leafs.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

S’en est suivie une finale de la Coupe Stanley dans un contexte chaotique… puis une implosion. Des joueurs importants ont disparu (Shea Weber, Carey Price), d’autres ont quitté Montréal à la date limite des échanges. Si certaines transactions étaient prévisibles, celle de Toffoli, par exemple, qui jouissait de deux autres années à son entente, avait de quoi doucher l’enthousiasme de ses coéquipiers. La philosophie de la nouvelle direction devenait limpide.

Toffoli avait affirmé vouloir faire partie de la solution. Quelques jours plus tard, il faisait ses valises. Qui sait si Anderson aurait pu aussi y passer.

« Je veux faire partie de la solution. Je n’ai pas signé un contrat de sept ans pour être échangé dans les deux premières. Je ne pense pas que ce sera une reconstruction honnêtement. On a beaucoup de bons joueurs ici. La ligue est de plus en plus jeune, le jeu, de plus en plus rapide. Je suis enthousiaste pour la prochaine saison. »

— Une citation de  Josh Anderson

J’ai eu de bonnes discussions avec Jeff (Gorton), Kent (Hughes) et Marty (St-Louis). Il y a eu des changements déjà et il y en aura probablement d’autres cet été. Des joueurs autonomes et des échanges. Mais j’aime la direction qu’ils prennent et j’y crois […] On essaie de bâtir une chimie pour le début de la saison prochaine. On aura une excellente culture ici et je veux en faire partie, insiste Anderson.

En apparence imperméable à la pression, l’attaquant de 27 ans semble taillé dans le roc, oui, mais sur mesure pour le marché montréalais. Fils d’un partisan du CH, la famille Anderson a habité à Montréal au début de sa vie avant de déménager à Burlington, en Ontario.

Quand on lui a demandé où il voulait assister à un match de la LNH, à 16 ans, le jeune Josh a choisi les séries à Montréal entre le Canadien et les Penguins en 2010. Une expérience dont il a parlé quelques fois et qui l’a profondément marqué.

Anderson a vécu la chose de l’intérieur en séries l’an dernier, même s’il n’y avait que quelques milliers de partisans.

À l’extérieur de l’aréna, c’était fou. Particulièrement pendant la série contre Vegas et la finale. On voyait des milliers et des milliers de gens, les équipes d’intervention (SWAT team, a-t-il dit en anglais) et les feux d’artifice qui volent partout. C’est ça être dans un marché canadien et faire partie d’une si grande organisation.

La refonte

Les joueurs de hockey sont généralement attachés à leurs habitudes. Superstitieux souvent même.

Convaincre un joueur d’ajuster son jeu alors que ses attributs lui ont permis d’atteindre la LNH et d’y devenir un marqueur de 27 buts est certainement un défi. Le fait que ça vienne d’un jeune entraîneur récemment retraité et membre du Temple de la renommée, idole de certains de ses joueurs, aide certainement à faire passer la pilule.

On le disait plus haut, St-Louis veut saupoudrer un peu de subtilité et de finesse dans le jeu du costaud. Qu’il réfléchisse avant d’agir en somme. Un couteau à double tranchant, mais Anderson n’a aucun doute. Il épouse la vision de son patron.

Je lui demande de contrôler sa vitesse, d’étudier la game un peu plus. C’est une progression pour un joueur. Quand tu demandes à un gars de penser un peu plus sur glace, des fois, il y a des hésitations. Avec Josh, je crois que peut-être il a pris un petit pas de recul, mais je pense que ça va l’aider à prendre un grand pas vers l’avant, disait St-Louis lundi matin.

L'entraîneur discute avec un joueur.

L’entraîneur Martin St-Louis donne des explications à Josh Anderson.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Son pas de recul n’est pas si évident sur la feuille de pointage. Anderson roule au rythme d’un marqueur de 25 buts environ depuis son arrivée à Montréal.

Il a inscrit 9 buts en 34 matchs cette saison sous les ordres de Dominique Ducharme et il en a enfilé 9 en 26 rencontres avec St-Louis, pour un total de 18 en 60. L’an dernier, il avait touché la cible 17 fois en 52 matchs.

Il y a de l’inconstance dans son jeu, et de longs passages à vide, mais quand on fait les comptes à la fin, l’équilibre y est.

Des enseignements de St-Louis, Anderson veut en tirer de nouveaux atouts, évoluer et, de son propre aveu, prolonger sa carrière.

Je n’avais jamais vraiment réfléchi au jeu de cette façon-là. J’ai toujours patiné à fond de train d’un bout à l’autre de la glace en tirant profit de ma force physique. Tu ne peux jamais arrêter d’apprendre. Il a été un joueur tellement habile avec une vision incroyable. Quand tu essaies d’incorporer ça à mon jeu, je ne fais pas juste patiner comme le vent, ça me fait réfléchir beaucoup plus sur la glace que jamais auparavant, explique Anderson.

Et c’est une bonne chose, risque-t-on?

Je pense que c’est une excellente chose, assure-t-il.

Alors Anderson écoute. On lui envoie des extraits vidéo après les matchs. L’ailier prend ses aises dans l’avion ou dans le sofa à la maison et étudie, fait ses devoirs, abat la besogne, comme il l’a toujours fait. Il en regarde plus que jamais, ajoute-t-il, et comprend de plus en plus où son entraîneur veut en venir.

Je dois changer mon jeu un peu en fonction de l’adversaire, du moment dans le match, du score. Quand être physique, quand ne pas l’être, comment faire mes lectures, etc., fait valoir Anderson.

Tout cela n’est encore qu’embryonnaire, mais l’assurance avec laquelle il prononce toutes ses phrases ne nous inciterait pas à parier contre lui.

Que ce soit pour la ville, l’équipe, grâce à ses coéquipiers ou à son entraîneur, l’ailier donne vraiment l’impression de se plaire au Québec.

Et on n’ose pas trop le contredire quand il soutient que gagner est mon unique but.

Depuis que je suis arrivé ici, tout est à propos de gagner une Coupe Stanley et à quel point ce serait incroyable de le faire ici à Montréal dans l’une des meilleures villes de la LNH.

De cela, il ne doute pas non plus.



Reference-ici.radio-canada.ca

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