Les deux partis d’opposition disent qu’il est devenu inabordable
d’aller voir son artiste préféré en spectacle ou d’assister à un match de hockey ou de basketball professionnels en Ontario.
Des billets offerts à 60 $, 100 $ ou 150 $ peuvent souvent coûter 40 %, 50 %, voire même 100 % plus, en revente.
L’ancien gouvernement libéral avait promis de limiter à 50 % la majoration que les revendeurs peuvent demander par rapport à la valeur nominale d’un billet, mais après avoir pris le pouvoir, le gouvernement Ford a éliminé cette disposition de la loi, avant qu’elle n’entre en vigueur, la jugeant impossible à faire respecter
.
Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, accuse les progressistes-conservateurs d’avoir pris le parti des revendeurs.
« C’était une erreur de lever ce plafond et de permettre à des sites web d’accumuler des profits énormes sur le dos des amateurs de sport et de musique. »
Même son de cloche de la part du porte-parole du NPD en matière de protection des consommateurs, Terrence Kernaghan, selon qui Doug Ford prononce de beaux discours
contre les prix abusifs, mais sans passer à l’action.
« Les familles me disent qu’elles sont fâchées de voir que les billets sont revendus à des prix exorbitants. »
Le bureau du ministre ontarien des Services aux consommateurs, Ross Romano, répond ceci : Depuis que nous avons pris le pouvoir, notre gouvernement a renforcé les protections pour les consommateurs ontariens tout en appuyant la croissance économique dans nos industries de la culture et du divertissement. Nous allons continuer à tenir compte de ces facteurs concernant tout changement potentiel à la Loi de 2017 sur la vente de billets.
Les libéraux affirment, eux, qu’ils n’ont aucun commentaire sur la question pour l’instant.
Des amateurs en faveur d’une limite
Le Torontois Florian François est d’accord avec l’idée de limiter les prix en revente.
L’amateur de basketball raconte que le coût des places les moins chères qu’il peut trouver pour les Raptors est passé de 15 $ à 20 $, lorsqu’il est arrivé à Toronto il y a huit ans, à 70 $ à 80 $. C’est une dépense que bien des familles ne peuvent pas se permettre, note-t-il.
« Je pense à des familles qui ont des enfants qui vont voir les Raptors jouer pour la première fois de leur vie. C’est vraiment dommage qu’il y ait des gens qui soient privés de ça [à cause du prix trop élevé des billets]. »
Il ne pense pas aller voir les Raptors en séries éliminatoires si les billets coûtent plus de 150 $.
L’amateur de sports Adrien Polselli assistait par le passé à tous les matchs à domicile des Raptors avec sa femme, parce qu’il arrivait à dénicher des billets en revente à 20 $, quelques heures avant la joute. Mais ce n’est plus le cas, raconte-t-il.
Il ajoute qu’il n’est jamais allé à un match des Maple Leafs à cause du coût. Même en début de saison, je trouve que les prix sont vraiment très chers, un minimum de 150 $ par place
, dit-il.
« Moi j’habitais proche de Lyon [avant] et j’allais souvent voir des matchs de soccer. J’arrivais toujours à m’en sortir pour 15 $ à 20 $ pour aller à des matchs, même des matchs de la Ligue des champions. »
Il est en faveur lui aussi d’une loi en Ontario pour limiter les prix en revente, disant qu’il a l’impression que c’est un peu sans limites ici
à l’heure actuelle. Quand je regarde Justin Bieber ici, j’ai l’impression que les premiers prix sont environ 250 $ à 300 $
, déplore-t-il.
Est-ce que ça marcherait?
Lorsqu’il a aboli en 2019 le plafond qui avait été promis par les libéraux, le gouvernement Ford a soutenu que c’était parce qu’un tel mécanisme ne fonctionnait pas.
Les portails de revente comme Ticketmaster et StubHub affirmaient qu’une telle politique inciterait les revendeurs à se tourner vers des sites de petites annonces où les consommateurs ne seraient pas protégés.
Par ailleurs, selon le plan des libéraux, il incombait aux consommateurs de porter plainte auprès du gouvernement contre les revendeurs qui demandaient plus de 50 % de la valeur nominale des billets.
Le professeur de marketing David Soberman de l’Université de Toronto ne pense pas qu’un plafond soit la solution.
« À mon avis, la chose importante dans ce marché, c’est de limiter le nombre de billets qu’un revendeur peut acheter. C’est là où il y a un problème. Par exemple, on a quelqu’un qui achète 500 billets. Lui, il peut contrôler le prix dans un sens. »
En d’autres mots, il faut favoriser la concurrence entre revendeurs, selon le professeur Soberman, pour freiner la croissance des prix, et non pas tenter de miner la loi de l’offre et de la demande.
Cette stratégie soulève toutefois une question importante : comment contrôler le nombre de billets que les revendeurs professionnels, qui disposent souvent de systèmes informatiques sophistiqués, peuvent se procurer?
De son côté, le député Terrence Kernaghan n’est pas en mesure pour l’instant d’expliquer comment fonctionnerait exactement, sous un gouvernement néo-démocrate, un plafond sur le prix des billets en revente. Il dit que le parti nommerait un protecteur des consommateurs, comme le vérificateur général de la province
qui peut enquêter, en plus de discuter de la question avec les grands sites de revente.
Les verts n’ont pas fourni de détails sur leur plan.
Ticketmaster et StubHub n’ont pas répondu à nos demandes de commentaire.
Reference-ici.radio-canada.ca