Chronique | Kotkaniemi, le baptême de Kent Hughes et la bataille de la Floride


Les Hurricanes ont annoncé que Jesperi Kotkaniemi avait accepté un contrat de huit ans d’une valeur totale de 38,56 millions de dollars. À compter de la saison prochaine, le jeune centre finlandais touchera donc un salaire annuel de 4,82 M$ jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 29 ans, en 2030. 

Rappelons que l’offre hostile formulée par les Hurricanes l’été dernier pour sortir Kotkaniemi de Montréal s’élevait à 6 100 035 $ pour la présente saison. Au bout du compte, les Hurricanes ont donc trouvé une façon efficace, et financièrement responsable, de subtiliser un joueur au sein d’une équipe rivale. 

Par ailleurs, d’un point de vue affaires, le contrat à long terme signé par Kotkaniemi est fort instructif parce qu’il donne une idée du niveau de confiance – assez modeste – qui anime le Finlandais et son agent par rapport à ses performances futures dans la LNH. 

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À la fin de son contrat, Kotkaniemi aura encaissé quelque 25 M$ de moins qu’Andrei Svechnikov et Brady Tkachuk, les deux joueurs qui ont été sélectionnés immédiatement avant et après lui (aux 2e et 4e rangs) au repêchage de 2018. 

Les statistiques offensives de Svechnivov et de Tkachuk sont nettement supérieures à celles de Kotkaniemi, c’est indéniable. Il est toutefois remarquable qu’à seulement 21 ans, KK n’ait pas cru bon de parier sur un développement normal de sa part en négociant un contrat plus court. Après tout, il est assez courant que les joueurs offensifs de la LNH sortent de leur coquille vers l’âge de 23 ou 24 ans.

En ces années de plafond salarial gelé autour de 81,5 M$, un salaire de 4,82 millions place un joueur quelque part entre le 6e et le 9e rang dans l’échelle salariale d’une bonne équipe. Quand Kotkaniemi terminera son contrat, la masse salariale des équipes se situera autour de 100 millions par saison et son salaire le placera probablement près du dernier tiers de son équipe. 

Du point de vue des Hurricanes, ce contrat s’avère donc un pari intéressant. D’autant plus que les centres commandent généralement des salaires plus élevés que les ailiers. 

Cette saison, Kotkaniemi a récolté 11 buts et 12 passes en 59 matchs. Âgé de 21 ans, il en est déjà à sa quatrième saison dans la LNH. Compte tenu de la qualité de la formation des Hurricanes, il est la plupart du temps confiné au quatrième trio.

Il est clair que les dirigeants des Hurricanes ont l’intention d’accroître ses responsabilités et son temps d’utilisation s’ils lui consentent un contrat aussi long. Ils misent donc sur sa progression. 

Jusqu’à maintenant, toutefois, Kotkaniemi ne produit pas comme un troisième choix (au total) au repêchage de la LNH. 

Depuis la saison 2005-2006, que plusieurs identifient comme le début de l’ère de la nouvelle Ligue nationale, 96 attaquants ont disputé 150 matchs ou plus entre l’âge de 18 et 21 ans. Dans cette cohorte, KK se situe au 84e rang avec sa moyenne de 0,38 point par match, tout juste devant Sam Bennett et Brandon Sutter.

Kotkaniemi deviendra-t-il un marqueur de 30 buts comme Bennett, qui est en train d’éclore en Floride? Ou restera-t-il limité en attaque comme l’a été Sutter durant presque toute sa carrière? Telle est la question. 

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Un autre Finlandais a quitté le Canadien lundi. Kent Hughes a décidé de céder Artturi Lehkonen à l’Avalanche du Colorado contre le jeune défenseur Justin Barron et un choix de deuxième tour au repêchage de 2024.

Même si l’on s’est souvent (gentiment) moqués des habiletés offensives de Lehkonen, il ne sera facile de trouver un joueur aussi constant et polyvalent que lui pour le remplacer.

Cela dit, l’acquisition de Barron, un défenseur droitier âgé de 20 ans qui a fait ses classes chez les Mooseheads de Halifax, s’annonce comme un excellent coup de la part de Hughes. 

Sélectionné au premier tour (25e au total) en 2020, Barron a depuis connu une fulgurante progression, notamment en ce qui a trait au dynamisme de son jeu. Il est costaud à 6 pi 2 po (1,88 m) et 195 lb (88,5 kg), mobile et, sans être un défenseur offensif, il correspond au type de joueur que la nouvelle direction du CH cherche à greffer à sa formation.

Barron est un peu une version droitière de Kaiden Guhle, qui était d’ailleurs son partenaire de jeu en 2021 au sein d’Équipe Canada Junior.

Il ne serait pas étonnant de les voir tous deux percer la formation du CH la saison prochaine. Sur le plan de l’apprentissage, Barron a toutefois une longueur d’avance sur Guhle puisqu’il évolue dans la Ligue américaine cette saison. 

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Le CH a également cédé Brett Kulak aux Oilers contre le défenseur Wiliam Lagesson et un choix de deuxième tour au prochain repêchage. 

Il s’agit d’un excellent échange si l’on tient compte du fait que Kulak n’a pas de facette dominante dans son jeu et qu’il ne figurait pas dans les plans de la direction. 

Alors que tout le monde a les yeux rivés sur l’énième sélection de repêchage que vient d’acquérir le CH, le défenseur québécois Vincent Desharnais estime que Kent Hughes vient aussi de mettre la main sur un joueur qui gagne à être connu. Desharnais évolue à Bakersfield au sein du club-école des Oilers.

Lagesson est Suédois, mais il s’est développé au sein du système universitaire américain. Il a 26 ans et compte 57 matchs d’expérience dans la LNH.

William et moi, on se connaît depuis les rangs universitaires, et c’est une très bonne personne. Je lis à gauche et à droite que les nouveaux dirigeants du CH tentent d’implanter une nouvelle et une meilleure culture au sein de l’organisation, et je crois que Lagesson pourrait s’inscrire là-dedans.

Ce n’est pas Bobby Orr, mais son jeu est tellement stable que les gars de l’équipe l’ont surnommé Steady Eddie. Son jeu est simple. Tu sais toujours ce que tu obtiendras avec lui. Il est aussi prêt à se battre et à bloquer des tirs. Honnêtement, je trouve que pour le prix payé, le CH n’a pas fait une mauvaise transaction du tout, de commenter Desharnais.

À la fin de la saison, les dirigeants du CH auront à décider s’ils souhaitent ou non garder Lagesson au sein de l’organisation puisque son contrat viendra à échéance.

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Les spectaculaires échanges complétés ces derniers jours par le Lightning de Tampa Bay et les Panthers de la Floride nous ont par ailleurs rappelé que la vraie finale de la Coupe Stanley sera probablement disputée un mois avant le temps, au mois de mai, entre ces deux équipes.

Le DG du Lightning, Julien BriseBois, a été fidèle à ses habitudes en concluant des marchés audacieux et astucieux. 

Vendredi dernier, BriseBois a sacrifié deux choix de premier tour et deux jeunes joueurs (Boris Katchouk et Taylor Raddish) pour mettre la main sur le jeune attaquant Brandon Hagel, des Blackhawks de Chicago. Il a ainsi obtenu une licorne : un marqueur de 25 buts qui ne touchera que 1,5 M$ au cours des deux prochaines saisons.

Puis, dimanche, le Lightning a cédé l’attaquant Mathieu Joseph et un choix de quatrième tour à Ottawa contre le coriace attaquant Nick Paul.

Paul et Hagel patrouilleront les ailes d’une ligne d’attaque pivotée par Ross Colton. En un claquement de doigts, Julien BriseBois s’est donc recréé un troisième trio extrêmement compétitif, lui qui avait été obligé de se départir de Blake Coleman, Yanni Gourde et Barclay Goodrow après la conquête de l’été dernier.

Ces trois joueurs avaient été extrêmement importants lors des deux conquêtes du Lightning.

Cette saison, le troisième trio rapiécé du Lightning était extrêmement efficace, mais il était âgé de 106 ans. Il était composé de Patrick Maroon (33 ans), Pierre-Édouard Bellemare (37 ans) et Corey Perry (36 ans). Ces trois compères forment désormais un excellent quatrième trio. 

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Chez les Panthers, le directeur général Bill Zito sait qu’il a une occasion de remporter la Coupe Stanley. Mais il est aussi conscient que pour émerger de leur division, ses hommes devront d’abord vaincre les doubles champions en titre.

Zito n’avait pas hésité la semaine dernière à verser un choix de premier tour au Canadien pour obtenir le défenseur Ben Chiarot. Et il a donné un grand coup vendredi dernier en sacrifiant le jeune attaquant Owen Tippett, ainsi que des choix de premier et troisième tours pour mettre la main sur le capitaine des Flyers, Claude Giroux.

Le DG des Panthers a ainsi ajouté un attaquant élite droitier à ses deux premiers trios, au sein desquels on ne retrouvait que des gauchers.

Est-ce que ces ajouts seront suffisants pour écarter le Lightning du chemin? 

Si la logique est respectée, ces deux équipes s’affronteront dans un peu plus d’un mois au premier ou au deuxième tour du tournoi éliminatoire. Si cette série se matérialise, elle sera féroce et l’on en parlera très longtemps.

Peu importe l’identité des perdants, leur DG pourra se consoler à l’idée d’avoir tout fait pour améliorer les chances de son équipe.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey



Reference-ici.radio-canada.ca

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