Vivre au motel, faute de logements abordables


Jacqueline Smith habite dans une petite chambre d’un motel à Petit-Rocher, dans le nord du Nouveau-Brunswick.

C’est un séjour qui n’a rien de touristique. Ce n’est pas grand, mais c’est chez nous, dit-elle.

Lorsque son loyer a augmenté de 350 dollars pour atteindre le 1300 $ par mois, elle et son compagnon n’ont eu d’autre choix que de déménager.

Le prix était trop élevé pour leurs moyens.

Une femme est assise sur un divan dans une chambre de motel et regarde la télévision.

Jacqueline Smith est contente d’avoir une télévision dans sa chambre de motel.

Photo : Radio-Canada

La recherche d’un nouvel appartement a commencé, mais une mauvaise surprise attendait Jacqueline Smith et son compagnon : les prix des logements à louer dans la région étaient encore plus dispendieux que l’appartement qu’ils venaient de quitter.

Impossible pour eux de payer un loyer qui se situe entre 1400 $ et 1800 $. C’est alors que l’option de la chambre de motel s’est présentée. Une solution imparfaite, mais la seule abordable. Vivre à l’hôtel lui coute environ la moitié du prix des appartements qui lui étaient proposés.

« Je peux dire que j’en ai un chez nous. C’est mieux qu’être dehors comme beaucoup de monde qui se trouve homeless. »

— Une citation de  Jacqueline Smith

En plus d’avoir une télévision et un petit garde-robe pour ses effets personnels, la chambre de Jacqueline Smith a également une télévision, un congélateur et un petit appareil électrique pour cuisiner.

Le couple a également apporté un second congélateur lorsqu’ils ont déménagé au motel.

La petite cuisine de Jacqueline Smith, dans sa chambre d'hôtel.

Jacqueline Smith vit dans sa chambre d’hôtel comme en camping.

Photo : Radio-Canada

J’ai deux congélateurs pour ma survie, lance Jacqueline Smith.

Ce n’est pas normal pour personne d’être obligé de se réduire, puis de ne pas être capable de vivre pleinement dans un appartement parce que le coût de la vie est trop cher. Il n’y a pas que moi qui vais tomber dans des motels, dit Jacqueline Smith.

Jacqueline Smith affirme avoir l’impression de faire du camping. Elle espère que l’heure du départ va bientôt sonner.

Des locataires d’hôtels partout dans la province

L'entrée du motel Lincoln Inn à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Une personne s'y dirige.

L’entrée du motel Lincoln Inn à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

Des échos similaires se font également entendre dans le sud du Nouveau-Brunswick.

La gérante du Lincoln Inn à Fredericton, Rajdeep Kaur, a vu la demande pour des locations à long terme exploser dans son établissement depuis le début de la pandémie.

« Je reçois entre 10 et 25 appels chaque jour de gens qui me demandent si des locations mensuelles sont disponibles. Je dois malheureusement leur dire que toutes les chambres sont prises. »

— Une citation de  Rajdeep Kaur, gérante d’un hôtel à Fredericton

Pour le porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires du Nouveau-Brunswick, Matthew Hayes, il n’y a nul doute qu’il y a une crise du logement dans la province.

Ce militant affirme que la recrudescence de motels comme solution provisoire de logement d’urgence dans la province est une preuve de plus que le gouvernement de Blaine Higgs doit mieux encadrer ce qu’il décrit comme un Far-West immobilier.

Ici au Nouveau-Brunswick [vous pouvez] augmenter le loyer comme vous voulez, vous pouvez non-renouveler le bail, vous pouvez faire des rénovictions avec impunité, explique-t-il.

Peu de logements disponibles dans les Maritimes

Une autre source de la crise du logement est la rareté de l’offre dans la province.

En 2021, le taux d’inoccupation au Nouveau-Brunswick était de 1,7 %, selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement. C’est bien en deçà de la moyenne canadienne.

L’Île-du-Prince-Édouard, dans le même bateau, enregistre un taux de 1,5 % de logements inoccupés. C’est néanmoins la Nouvelle-Écosse qui a le pire taux, avec 1,2 % des logements inoccupés.

Là aussi, des chambres d’hôtel ou de motel servent d’hébergement temporaire. Dans plus de 280 cas l’an passé, c’est le gouvernement néo-écossais qui a payé la facture.

Des dépenses totalisant près de 1,5 million de dollars.

Le recours aux chambres d’hôtel peut être la meilleure chose à faire dans certaines circonstances, avait lancé la ministre des Services communautaires de la Nouvelle-Écosse et responsable du programme de location de motel, Karla MacFarlane.

Cette dernière avait toutefois admis que la solution n’est pas viable à long terme.

D’après le reportage de Mathieu Papillon



Reference-ici.radio-canada.ca

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