Vers un changement de culture au Musée royal de la C.-B.


Alicia Dubois a pris les rênes du Musée royal de la Colombie-Britannique en février après que des allégations de racisme au sein de l’équipe du musée et des démissions successives de commissaires responsables des collections autochtones ont forcé le départ de l’ancien président-directeur général Jack Lohman.  

La nouvelle pdg a pour mandat de changer la culture interne de ce musée d’histoire naturelle et des civilisations de la Colombie-Britannique et de repenser la façon de faire, dont revoir l’approche de présentation des collections autochtones qui était considérée comme étant coloniale .

Alicia Dubois a répondu à quelques-unes de nos questions.

Après avoir travaillé dans le milieu bancaire et au sein du conseil d’administration du Royal Ontario Museum, comment abordez-vous ce nouveau mandat?

Lors de ma participation au Royal Ontario Museum et dans les banques, j’ai toujours eu la même motivation de créer un environnement inclusif et une société accueillante. La perspective de la banque était financière et une relation d’affaires. Mon rôle était de développer des partenariats avec les communautés et les entrepreneurs autochtones.

Le défi avec les banques était de faire tomber les barrières pour que les services des banques soient accessibles aux groupes marginalisés. […] C’est la même chose ici, il faut créer une expérience diverse et accueillante au musée qui reflète une multitude de vécus.

C’est la tâche que nous avons en ce moment, de s’assurer de participer activement à la vie des communautés à travers la province et d’être capable d’établir des relations pertinentes avec elles pour qu’elles puissent s’exprimer et contrôler la trame narrative de leurs histoires sur nos plateformes.

Extérieur du batiment du musée royal de la Colombie-Britannique à Victoria

Le musée royal de la Colombie-Britannique à Victoria

Photo : Radio-Canada / Mike McArthur/CBC

Comme d’autres musées au Canada, le Royal BC possède des artéfacts appartenant aux communautés autochtones qui font l’objet de demandes de rapatriement. Quelle sera la meilleure façon d’approcher la restitution de ces objets aux communautés d’origine?

Le rapatriement est un sujet délicat. C’est une expérience très personnelle et intime pour les communautés [autochtones]. C’est important que notre personnel soit conscient, respecte et honore le processus que vivent ces communautés lorsque des artéfacts ou des restes humains leur sont retournés.

Ce sont des circonstances difficiles, mais les histoires derrière ces gestes sont importantes. On a tendance à les voir comme des transactions, mais elles n’en sont pas. […] C’est vraiment une question de comprendre ce qui motive ces communautés, ce qu’elles attendent de nous, ne pas se prendre pour des sauveurs, mais de leur laisser la chance de nous montrer la voie.

Au sein du Musée, des rapports ont fait état de comportements discriminatoires à l’encontre d’employés issus de minorités. Que doit-on faire pour changer les façons de faire dans l’institution?

Il doit y avoir un changement de culture à l’interne pour pouvoir travailler efficacement avec nos partenaires partout en province. C’est complexe parce qu’on travaille avec des gens qui font les choses d’une certaine manière depuis des années dans une structure très hiérarchisée.

Mon travail, c’est de les valoriser et de m’assurer qu’ils savent qu’ils peuvent faire valoir leur point de vue sans en être pénalisés.[…] On ne peut avoir une culture interne qui détonne avec celle des communautés avec lesquelles on veut bâtir des ponts.

Le travail qui est à faire à l’interne est particulièrement important et doit aller plus loin qu’un simple atelier de sensibilisation à la diversité et à l’inclusion.

Musée royal de la Colombie-Britannique.

L’exposition « Becoming BC » fait la promotion de l’histoire coloniale de la province, indique le Musée royal de la Colombie-Britannique.

Photo : Shane Lighter/Musée royal de la Colombie-Britannique

Le Musée a décidé, avant votre arrivée, de « décoloniser » et démanteler ses expositions permanentes en réponse aux doléances de chefs autochtones. Comment entrevoyez-vous de cet engagement?

Je peux dire que l’objectif ultime est de ne pas exclure aucune expérience vécue. […] La réconciliation est un concept moderne. Mes racines autochtones me viennent de mon père. Il aurait tout donné pour pouvoir participer à ces conversations que nous avons.

C’est ce qui m’inspire, le momentum créé par ce désir collectif d’améliorer les choses. Certaines voix pensent autrement, mais c’est très important de réagir rapidement. Le démantèlement au troisième étage n’est pas pour éliminer l’histoire, mais plutôt de créer une vision plus holistique et inclusive qui va au-delà des communautés autochtones. Ça inclut les sacrifices des communautés chinoise, noire, du Sud-est asiatique et de la communauté juive.

Ce qui importe, c’est que lorsque quelqu’un vient au musée qu’il sente qu’il y a sa place.


Alicia Dubois dit s’être penchée sur la question de la culture interne dès son arrivée en poste en posant des premiers gestes concrets. Dans une entrevue accordée récemment à CBC, elle a précisé avoir déménagé son bureau du 10e étage au rez-de-chaussée pour rapprocher la direction des employés.

Elle a également donné un coup de main au vestiaire du musée et à l’accueil du public aux côtés des équipes responsables.

Des gestes qui ne sont pas passés inaperçus et qui permettent, selon elle, d’amorcer un réel changement dans la culture interne du Musée royal de Colombie-Britannique.



Reference-ici.radio-canada.ca

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